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Citations sur Adèle, l'autre fille de Victor Hugo (1830-1915) (10)

Chacune avait son spectre ; Adèle avait en outre celui de Léopoldine. Car la famille reportait sur la cadette, seule fille survivante de la tribu, le devoir de maternité dont la mort exemptait l'aînée. Au poids de ce double fardeau s'ajoutait, pour Adèle, la volonté formidable de son père ; une volonté caressante, habillée de beaux mots, enveloppée de tendresse... et non moins formidable. Car Hugo avait du mythe de la rédemption une vision particulière: pour lui, le destin de la femme était de racheter les fautes d'Ève, de gagner son Ciel et un peu celui de son époux dans les douleurs de l'enfantement et les embarras de la maternité. Entre le père, apôtre du mariage bourgeois, et l'enfant, éblouie de sa propre beauté, la tension montait. La farce du refus des prétendants menaçait de tourner au drame.
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« Vois-tu, chère fille, on s’en va, parce qu’on a besoin de distraction et l’on revient, parce qu’on a besoin de bonheur".
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La femme est dévouée d’instinct, affirmait Jean-Jacques Rousseau ; si elle ne l’est pas par nature, elle le sera par devoir, ajoutaient les disciples ; ou pour mériter le Ciel, complétaient les prêtres.
Hugo se chauffait de ce bois-là ; il trouvait naturel que sa femme se consacre corps et âme à ses enfants, les suive en vacances, s’isole avec eux à la campagne jusqu’à six mois de suite, tandis que lui-même effeuillait la marguerite, à Paris ou ailleurs, avec des vénus et parfois de simples Manon.
« Pair de France, père de famille, paire de couilles », dira Jean Genet pour résumer Victor Hugo ; de ces trois atouts, le second, dans les années 1840, était un peu de trop.
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pour elle Léopoldine n'était pas morte, ce n'était pas possible. une voiture allait surgir, une main s'agiter, et elle serait là, souriante, empressée,affectueuse. comme toujours. Quand enfin, elle comprit que sa sœur n'était plus, elle entra dans une profonde prostration. Que ferait-elle désormais sans Didine?..........Pourquoi est-ce elle que Dieu rappelle, se demandait-elle, elle notre soleil à tous, au lieu de moi qui ne suis utile à rien ni à personne?
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En ce temps de libre expression du sentiment et de respect de l’individu, de lettres quotidiennes et de billets quatre fois par jour, aucune des centaines de missives que le poète reçoit à Guernesey ne se préoccupe d’Adèle Hugo ni même ne la mentionne. Qui en effet, qui de Georges Sand, de Balzac, d’Alphonse Karr…. Qui des éditeurs Hetzel ou Lacroix…. Qui des Bertin, des Girardin, des Meurice… qui de tous ceux qui l’ont connue et fréquentée se soucie de savoir où est Adèle, si seulement elle est toujours en vie ? Qui de Juliette Drouet, d’Alice Ozy, de Léonie Biard ? Qui de Clésinger et des Vacquerie ? Personne.
Les prêtres du romantisme campaient l’amour et le sentiment sous toutes leurs formes. Ils les chantaient sur leurs toiles, dans leurs livres, sur leurs partitions. Ils ne pensaient pas à les mettre en pratique pour la fille de leur ami Hugo. Cette réserve s’expliquait : Léopoldine s’était noyée dans l’estuaire de la Seine, Adèle avait sombré dans la folie, Hugo choisissait de souffrir en silence de ces deux disparitions, c’était son droit, c’était son privilège. Personne n’eût osé, n’eût pensé même à le lui contester. C’était aussi une condition de son inspiration, on commençait à le comprendre. Que pesait le bonheur d’une jeune femme, fût-elle la fille du génie, face à l’éternité des « Travailleurs et la mer », par exemple ?
… Le romantisme se targuait de bousculer la vieille morale, il prônait le culte de l’individu, mais les romantiques, devinant qu’une des leurs, humble et sans véritable génie certes, mais une des leurs tout de même, croupissait au loin, avaient un geste d’impuissance et passaient au sujet suivant.
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Les moindres déplacements d'Adèle, à partir du 15 février 1872, sont surveillés et contrôlés, à la fois par la dame de compagnie qui lui est attachée et par le personnel médical. En réalité, elle quitte rarement sa chambre ou le parc de l'établissement. Son infirmière l'emmène parfois en promenade ou au théâtre, toujours en matinée, et les bulletins de santé rapportent fidèlement ces petites sorties en décrivant l'état du ciel et l'humeur de la promeneuse. Mais ne cherchez pas un rapport médical un peu détaillé, une analyse des comportements de la pensionnaire ou de son évolution, l'un des quatre certificats exigés par la loi de 1838. Où que vous alliez, on vous répondra que tout a disparu.
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... c’était le moment délicat où commence l’indécence de l’innocence. La fille trop grande fait la jupe trop courte.
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L’attention aux enfants paraît toute naturelle, à deux siècles de distance ; dans les années 1830, elle sortait de l’ordinaire. Les enseignements de Jean-Jacques Rousseau cheminaient dans les esprits ; on voyait des parents s’intéresser ici et là aux progrès de leurs bambins, mais ces comportements restaient exceptionnels. Adèle et Victor Hugo sont les seuls, ou à peu près, à emmener les leurs au théâtre ou à la promenade, à leur fabriquer des
jouets, à leur confier la réponse au courrier. Dans l’historique des tableaux de famille dressés par la littérature française depuis son émergence, quelque part du côté du XIIe siècle, celui de la tribu Hugo est un des tout premiers dont l’enfant ne soit pas banni.
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[...] Le rêve du héros
C’est d’être grand partout et petit chez son père.
Le père c’est le toit béni, l’abri prospère,
Une lumière d’astre à travers les cyprès,

C’est l’honneur, c’est l’orgueil, c’est Dieu qu’on sent tout près,
Hélas ! le père absent, c’est le fils misérable.

(La Légende des siècles, La paternité)
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Il ne semble pas que Hugo ait jamais nourri de doutes sur sa paternité. Il souffrait trop des froideurs de sa femme pour imaginer qu’un autre pût jamais l’échauffer, et il savait compter jusqu’à neuf, même à rebours. Il regrettait toutefois le temps de l’amitié avec Sainte-Beuve et des enthousiasmes du Globe pour la cause romantique. En 1835, à propos des Chants du crépuscule, on sera à deux doigts du duel. En 1843, la publication du Livre d’Amour – qui est le récit, très détaillé, des amours de Sainte-Beuve et d’Adèle Foucher – coupera les derniers ponts.
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