Alice dans les livres

« - Qui parle ? - Moi. - Moi, c’est qui ? - Moi, c’est moi, bien sûr ! Tu ne savais pas ? »

Dans tout l’hôpital c’est le silence. Les couloirs en sont remplis comme d’une eau. La douleur vit bien dans ces silences. Le vide la met en valeur. L’aiguise. La rend plus perforante encore qu’elle ne l’est le jour. Le silence plaque sa main sur les bouches. Le silence des drogue entretient le silence des douleurs

Quelle drôle d’idée, Alice, de vouloir quitter le pays des Merveilles pour aider une petite fille à l’hôpital ! Croyez-vous qu’il soit possible à un livre de sauver une fillette de la souffrance et de la mort ?

Et moi, je suis une petite fille de six ans sous morphine. Je me prénomme Alice. Je suis à l’hôpital. Et je vais guérir(…) Tous les jours papa vient me voir et il me lit un livre, un seul, qui s’appelle "Alice au pays des Merveilles". Papa dit que je ressemble à Alice (…) je n’ai plus mes boucles couleurs de l’or.

Et si moi, papa, je veux mourir à la maison avec toi. Non. Les petites filles ne meurent pas. Il joint les mains. Il se balance. Il prie.

"Et si moi, papa, je veux mourir à la maison avec toi. Non. Les petites filles ne meurent pas. Il joint les mains. Il se balance. Il prie."

« Alice au pays des Souffrances dort ! crie la rien, et la loi, c'est la loi ! Alice au pays des Merveilles saute de joie ! Voyager ! Vivre ! Mourir ! s'exclame-t-elle ; tout le monde rêve de Vivre et Mourir ! Nous verrons, lance le Lapin blanc qui revoit s'approcher la frontière du pays des Merveilles. Après un bref discours du Roi, blabli, blabla, par application de la loi, les Gardes poussent Alice et le Lapin blanc à travers la couverture du livre. Bon voyage ! crie la Reine à travers le pepier, Bon voyage ! crie le Roi, Et maintenant, ordonne la Reine, rentrons au palais, elle touche le bout de son nez qui n'a pas changé de place et lance : C'est encore par là ! »

« Samuel a quitté l'hôpital. Il est rentré à la maison se laver. Manger. Se reposer un peu, avant de se changer et retourner au chevet de sa petite. Il s'est installé dans un gros fauteuil déglingué du salon et sauce l'huile à même une boîte de sardines. Les flammes de la cheminée font briller le bout de ses doigts, le morceau de pain qu'il trempe. La pièce est haute. Sombre. Le plancher couvert de tapis épais. Des journaux jonchent le sol. Des livres couvrent tout un pan de mur. C'est ici, devant le feu, allongée sur la laine, qu'Alice passait ses soirées à écouter son père lire pour elle. »

Parce que moi, j'ai toi pour t'occuper de moi, et toi, t'as moi pour m'occuper de toi, et c'est pour çà !

Tu gagnes toujours, soupire Alice, mais pour toi c'est facile, mon coeur, tu es mon coeur, si moi j'étais mon coeur je connaîtrais toutes les chansons par coeur, mon coeur.