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Critique de YANCOU


Quelle idée saugrenue de sortir un livre avec un bandeau pareil ?! le client aura du mal à passer en caisse. Dommage, car l'auteur de ce livre qui se place dans la zone grise entre le roman et l'essai, Clovis Goux donc, a la dextérité est la l'originalité, un peu comme le font, à leur façon et sur d'autres thématiques Eric Vuillard et plus encore Thierry Forgier, d'amener le lecteur a se poser des questions sur cette tendance dans les années 1970 (mais pas seulement) à érotiser le fascisme, à sexualiser le mal et la violence - le plus souvent au cinéma, des Damnées jusqu'au nanars de nazisploitation de la pire espèce, tel que Ilsa la louve des SS. À travers plusieurs portraits, l'auteur nous livre une histoire aux possibilités multiples. On trouve avant tout Yehiel Feiner, alias Ka-Tzetenik 135633, auteur du roman semi-autobiographique à succès La maison des poupées (1956), ce même livre où Ian Curtis ira chercher le nom de son groupe, Joy Division. On trouve aussi Visconti, dans un portrait mélancolique lorsqu'il réalise les Damnés et dans sa relation difficile avec son jeune concurrent, Pasolini. Il y a aussi Leni Riefenstahl, gentiment humiliée dans ce livre alors qu'elle photographie sans vergogne les tribus Nuba de Kau, l'auteur rapportant aussi cette visite improbable que lui fit Jodie Foster peu avant que la cinéaste décède, dans le but d'avoir l'autorisation de tourner un film sur sa vie - ce que Leni Riefenstahl refusa entre autre sous le prétexte que Jodie Foster n'était ni assez belle ni assez grande pour incarner la flamboyance qu'elle représentait (sic). Parallèlement, on a droit à la vie et la mort de Bob Cresse, un cinéaste et acteur américain frustré et sulfureux qui a voulu faire de l'argent avec son navet Love Camp 7, sorte de porno-SM en uniforme nazi, découvrant dégouté à la fin des années 70 des jeunes punks arborant un brassard à croix gammée alors que lui-même collectionnait les uniformes SS chez lui... Alors oui, je vous vois lever un sourcil circonspect, mais non, mais non : Les poupées n'est d'aucune manière une apologie du fascisme mais bien au contraire - d'autant que c'est un livre très réussi - une dénonciation des dérives de l'art et non seulement les limites de la fiction mais, plus encore, de sa trahison. Un livre (d)étonnant.
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