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Critique de Kickou


Page 9 de sa préface David Graeber écrit : « le mythe de Libertalia, utopie pirate en actes, est resté une source inépuisable d'inspiration parmi la gauche libertaire. On y a toujours eu le sentiment que, même si elle n'avait jamais existé, elle aurait dû exister ».
Ce « mythe » apparaît dans les écrits d'un certain Capitaine Charles Johnson (qui serait un nom d'emprunt de Daniel Defoe, par ailleurs auteur de Robinson Crusoé). Et serait le résultat d'une société « proto-démocratique » et même libertaire*, créée par des pirates sédentarisés sur les côtes de Madagascar à la toute fin du 17ème siècle.
Graeber est anthropologue, il va donc étudier sur le terrain les populations, leurs coutumes, croyances, histoires … Il étudie aussi les ouvrages anciens sur ce sujet, notamment ceux d'un certain Nicolas Mayeur (1747-1813). Les témoignages ne sont pas toujours extrêmement fiables. Mais on peut penser, sur la base de certains faits avérés, qu'il exista pendant quelques décennies, l'ébauche d'une telle société.
L'assimilation et le métissage de diverses populations a toujours été le lot dans l'histoire de Madagascar. Les pirates fuyant la répression des empires coloniaux de l'époque ou cherchant d'autres sources de richesses, ne font pas exception à cette règle. Dans les sociétés malgaches, les femmes avaient une grande influence sur le commerce, les sortilèges et elles avaient une liberté sexuelle qui n'existait pas dans d'autres cultures. Sur leurs bateaux, les pirates quant à eux pratiquaient une forme de démocratie, puisque les équipages élisaient leurs capitaines, que les décisions étaient prises en commun et que les butins étaient partagés à parts égales. Dans la société clanique, de petits royaumes guerriers, l'assimilation et les influences mêlées de ces particularités firent sans doute croire à la possibilité d'une société plus égalitaire … Mais hélas, utopique (il faudra certainement d'autres « ingrédients » pour s'en approcher, dont la responsabilité individuelle, le respect … et sûrement plein d'autres choses pour y parvenir … Mais à petit pas … il y a toujours l'espoir ;-).
Reste la question : Qui influença qui ? les pirates libertaires ou les philosophes des Lumières ?
Ce texte est un peu complexe dans ses aspects les plus anthropologiques, mais il reste inspirant sur le sujet de cette expérience unique et de cette aventure humaine.
Allez, salut.
P.S. : *Puisque, hélas, le mot Anarchie évoque chez certains le chaos.
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