"Une reine catholique revient gouverner un pays qui s'est converti au protestantisme l'année dernière..."
Il sourit, songeant que lorsqu’elle haïssait, ce devait être de toute son âme. Et quand elle aimait, c’était sans doute avec une fougue et un abandon passionnés.
"Etait-ce un sourire sur ses lèvres ? Le raillait-il, au moment où elle mourait ? Alors même que sa vision se troublait, Gwenyth chercha une réponse dans ses yeux et y vit de l'angoisse, mais aussi une flemme secrète, comme s'il essayait de lui dire quelque chose que les autres ne devaient pas entendre."
Une ombre enveloppée d'une longue cape, le visage dissimulé par une capuche, s'avançait vers lui sur la pointe des pieds. Elle marqua une brève hésitation, puis continua à avancer. Un soldat ennemi venu l'assassiner pendant qu'il prenait son bain ? Un fidèle de Huntly, habitué des lieux, qui était prêt à se sacrifier pour le tuer ?
Sa main se détendit comme un ressort et jaillit de l'eau. Il entendit un cri étouffé tandis que ses doigts se refermaient autour d'un poignet féminin et il se redressa dans son bain, prêt à défendre chèrement sa vie.
- Arrêtez, c'est moi !
La capuche glissa en arrière. La cape coula le long de ses épaules et tomba sur le sol tandis qu'elle se débattait pour essayer de se libérer.
"Par-delà sa terreur de mourir dans de terribles souffrances, elle était minée par le désespoir. Elle n'avait pas mesuré ce qu'elle sacrifiait pour défendre ses idéaux. Les regrets avaient ouvert dans son coeur une plaie béante qui saignait et brûlait comme si on y répandait du sel."
Elle fit volter brusquement son cheval. Elle était une cavalière expérimentée et ne fut pas mécontente d'avoir l'occasion de le lui montrer tandis qu'elle effaçait la distance qu'elle avait mise entre eux, puis faisait de nouveau pivoter sa monture afin de chevaucher à ses côtés.
- Vous ne savez rien, déclara-t-elle d'une vois basse et passionnée. Vous ne connaissez pas Marie. Elle était encore une enfant quand on l'a envoyée en France rejoindre son futur époux. Le pauvre Roi François n'a jamais été bien portant, mais Marie s'est comportée de manière admirable avec lui.
Elle n'avait pas bronché lorsqu'elle avait été jugée et condamnée, résolue qu'elle était à rester fière et digne jusqu'au bout. Mais face à l'imminence de sa mort, son courage l'abandonnait. Elle était terrifiée.
Elle ferma les yeux, cherchant à puiser des forces au plus profond d'elle-même. Au moins, elle pouvait marcher. On ne serait pas obligé de la traîner jusqu'au bûcher comme tant de malheureux qu'on soumettait à la torture pour obtenir leur « confession ». Les mebres broyés, les ongles de pieds et des mains arrachés, ils étaient bien incapables de se rendre compte par eux-même sur le lieu de leur supplice.