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Critique de Julian_Morrow


La dimension politique du théâtre shakespearien est bien connue. Cet aspect a été remis en lumière ces dernières années à la suite du succès de la série Game of Thrones, dont l'intrigue est en partie inspirée par la rivalité entre les York et les Lancaster qui constitue le coeur de la première tétralogie de Shakespeare : Henry VI 1, 2 et 3, et Richard III.

L'idée d'éclairer le présent - les manifestations historiques, politiques ou diplomatiques - à l'aune des pièces de Shakespeare n'est pas nouvelle, et Stephen Greenblatt marche ici sur les traces de Jan Kott. Son ouvrage "Shakespeare, notre contemporain", qui inspira à Peter Brook nombre de ses mises en scène, fut ainsi rédigé en 1965.

Quelque 50 ans après Jan Kott, Stephen Greenblatt propose donc avec cette étude un prolongement singulier à l'ouvrage qu'il avait déjà consacré à Shakespeare, en 2014.

Il s'agit ici d'un travail plus bref, 180 pages, et plus synthétique. le sous-titre annonce la thèse de façon explicite : "Shakespeare raconte le XXIè siècle".

La structure est d'une belle efficacité intellectuelle.

-Un premier chapitre est consacré au contexte historique et politique, il éclaire assez bien la période durant laquelle le dramaturge élisabéthain a écrit ses pièces. Cette contextualisation est indispensable pour qui prétend analyser sérieusement les pièces historiques, qui réécrivent l'histoire récente de l'Angleterre à la fin du Moyen-Age mais sont aussi parcourues d'allusions à la période renaissante, au règne de la reine Elisabeth.
-Trois chapitres sont ensuite consacrés à l'analyse et à l'interprétation de la première trilogie, la mise en scène de la Guerre des Deux Roses, la rivalité violente entre les York et les Lancaster, puis entre les York eux-mêmes.
-Viennent ensuite deux chapitres qui approfondissent l'étude des mécanismes de la tyrannie, de sa mise en place. Ils s'intéressent au personnage de Richard comme au rôle de ses complices.
-Les deux chapitres suivants élargissent le propos et étudient les parallèles entre Richard III et Macbeth, pièce écrite près de 15 ans après la première trilogie. Cette partie se penche sur la question de la folie et du pouvoir.
Les deux derniers chapitres se penchent sur la réflexion politique telle que Shakespeare la développe dans les pièces romaines : Jules César et Coriolan. Tout naturellement, elle conduit le critique à interroger le rôle du peuple dans le consentement à la tyrannie.

C'est un beau travail que Stephen Greenblatt offre ici au lecteur, précis, souvent pertinent, toujours abordable même pour le non spécialiste.

Preuve s'il était besoin du génie intemporel de Shakespeare.
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