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EAN : 9782290339138
88 pages
J'ai lu (24/05/2006)
4.06/5   1732 notes
Résumé :
A la suite d’une bataille victorieuse, le valeureux Macbeth, sujet du roi Duncan d’Ecosse, rencontre trois sorcières qui le désignent comme le duc de Glamis (ce qu’il est ) le duc de Cawdor, et le futur roi. Peu de temps après, Macbeth est informé que le roi, en récompense de son courage et de sa dévotion, le fait duc de Cawdor.
Macbeth fait part de la singulière entrevue à son épouse qui va le pousser à assassiner le roi pour prendre sa place, réalisant ains... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (120) Voir plus Ajouter une critique
4,06

sur 1732 notes
La Tragédie de Macbeth synthétise beaucoup des thèmes chers à William Shakespeare : la trahison comme dans Othello, l'usurpation et la vengeance comme dans Hamlet, la prophétie et la destinée comme dans La Tempête, la folie et le changement dynastique comme dans Richard II, pour ne citer que celles-là car l'on pourrait encore allonger de la sorte démesurément la liste sans que cela n'apporte beaucoup au propos.

On aura compris qu'il y a différents thèmes dans cette pièce en cinq actes. Celui qui m'apparaît ressortir plus que tout autre est celui de la morale et de l'acte vertueux. Restons dans le droit chemin, semble nous dire en substance Shakespeare, car chaque pas en dehors du tracé du bien en appelle un suivant de sorte que, de vilenie en vilenie, le retour à la vertu est impossible et l'on s'embourbe toujours plus profondément dans les fétides marécages du mal jusqu'à n'en plus trouver d'issue, sauf l'ultime.

Au départ, Macbeth a des valeurs, des scrupules, des freins, des remords puis, peu à peu, à chaque nouvelle action pendable, ses verrous intérieurs sautent les uns après les autres jusqu'à lui accorder toute licence dans l'atrocité ou dans la barbarie.

Il convient de signaler également dans cette fonction facilitatrice, le rôle prépondérant de Lady Macbeth, totalement dénuée de scrupules alors que son mari tergiversait. Comment interpréter cette nouvelle mouture de la consommation du fruit défendu par Adam sous la houlette d'Ève et de l'exclusion à jamais qui s'ensuit du Jardin d'Éden ?

Macbeth, de courageux et noble au départ, à mesure qu'il sombre dans les travers du mal mu par sa soif de pouvoir, devient pleutre et vil. Lady Macbeth, de forte et inflexible qu'elle nous apparaît au commencement, se métamorphose progressivement jusqu'à devenir fragile, malingre et instable.

On perçoit, je pense, le sens qu'a voulu donner l'auteur à l'aliénation du couple principal : en déviant de l'axe vertueux, on érode, on corrode, on débrode le joli fil de soie de la morale humaine, livrant au regard la trame brute et laide du textile sans fard, l'animalité crue de l'Homme, dépouillée des règles sociales et morales.

Ce qui fait l'humain, c'est qu'il ne s'abandonne pas à ses instincts primaires, c'est le respect des lois et de la morale. À mesure donc que Macbeth enfreint les règles élémentaires (hospitalité, allégeance, amitié, fidélité, loyauté, etc.), il se déshumanise graduellement jusqu'à devenir un rat acculé au coin d'une pièce, prêt à sauter au visage de n'importe qui simplement pour rester en vie.

Je ne peux m'empêcher de voir dans Macbeth un double inversé de Hamlet. Ou, plus précisément, la même pièce mais focalisée sur un point de vue différent. Dans Hamlet, le roi légitime, le vieil Hamlet, avait été trahi et assassiné par son frère Claudius avec la connivence de la reine, propre mère de Hamlet. le point de vue était donc centralisé sur le fils du roi déchu.

Ici, au lieu d'avoir le point focal sur Hamlet, on l'a sur Claudius, et Claudius se nomme alors Macbeth. Mais c'est la même formule de base ; convertissez Hamlet en Malcolm et le vieil Hamlet en Duncan ; acceptez qu'il puisse y avoir un dédoublement du vieil Hamlet qui en plus d'être Duncan serait aussi Banquo et vous retrouvez le spectre dont le rôle est si prégnant dans Hamlet.

Pour que l'analogie soit totale, il nous faut encore un messager symbolique : c'était le jeu de la pièce de théâtre dans Hamlet, ce sont les trois sorcières dans Macbeth et, comme par magie, l'on retombe sur nos pieds. le thème phare de Hamlet — la mort et l'inutilité de la vie ( le fameux « to be or not to be ») — s'avère être une part cruciale de Macbeth, prétexte à l'une des plus belles tirades de tout le théâtre shakespearien à la scène 5 de l'acte V où Macbeth s'écrie :

« La vie n'est qu'une ombre en marche, un pauvre acteur,
Qui se pavane et se démène son heure durant sur la scène,
Et puis qu'on n'entend plus. C'est un récit
Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien. »
Formule magistrale à laquelle un autre William (Faulkner), donnera une descendance au XXème siècle.

On pourrait poursuivre encore longtemps le parallèle entre Hamlet et Macbeth. Par exemple, Hamlet se faisait passer pour fou afin de sonder l'entourage du roi Claudius, et ici, Malcolm se fait passer pour vil afin de tester Macduff. Les deux veulent venger la mort de leur père, un roi qu'on a assassiné.

La folie et le suicide de Lady Macbeth répondent comme un écho à la mère de Hamlet et à la fin d'Ophélie. de même que le maléfique Claudius n'avait pas d'enfant, le couple Macbeth, empreint du mal, disparaît sans descendance.

Comment ne pas voir un clin d'oeil ou un appel du pied au règne d'Elisabeth Ière, reine sans enfant, dont on sait qu'elle était probablement impliquée dans des morts louches, notamment celle de la femme de son amant ? le souverain doit donc savoir être réceptif aux avertissements qui lui sont transmis par les esprits éclairés. Dans la vraie vie du XVIIème siècle, c'est le théâtre et notamment Shakespeare qui donne ces signaux d'alarme, dans Macbeth, ce sont les trois sorcières.

Selon Shakespeare, le pouvoir oublieux de la morale, qui ne parvient pas à décoder comme il convient les prophéties et les avertissements délivrés par le théâtre est appelé à disparaître. Macbeth reproche d'ailleurs, à la scène 7 de l'acte V, le double entente qu'on peut faire du langage et accuse les sorcières d'être des tricheuses, alors même qu'elles lui ont fidèlement tout annoncé, tout prédit, mais que lui a mal interprété leur discours.

Le lien avec les messages délivrés par le théâtre à l'adresse du pouvoir me semble évident. le théâtre utilise le symbole, la métaphore, les analogies historiques ou les contrées lointaines, mais ce dont il parle vraiment, pour qui sait lire entre les lignes et briser les encodages, c'est du brûlant présent, de l'ici et du maintenant.

J'en terminerai, car même s'il resterait encore beaucoup de choses à dire de cette tragédie j'ai conscience que ma critique atteint déjà une longueur critique, en signalant dans le registre du cinéma qu'il y a probablement un peu (ou même beaucoup) de Macbeth dans le personnage ô combien fameux de Dark Vador dans l'épopée Star Wars. de même, Akira Kurosawa transposa Macbeth avec des samouraï japonais dans son film le Château de L'Araignée.

En somme, une bien belle tragédie, vaguement et très librement inspirée de l'histoire réelle de l'Écosse peu après l'an Mil et dont William Shakespeare a su tirer matière à beauté et à réflexion, comme souvent. Je me dépêche de préciser, tant que mon ordinateur tient encore le coup (en effet, depuis quelques temps, mon mac baisse) que tout ceci n'est qu'un avis, pas beaucoup plus qu'un spectre de Banquo, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Un conte déchirant qui a le goût et l'odeur du sang ; une épopée fantasmagorique où des forces néfastes s'emparent des âmes pour les souiller ; une aventure humaine, sombre et poignante, où l'ambition fait sauter toutes les digues, toutes les retenues ; où le remord lacère et grignote ; où le réel s'altère ; où les êtres s'égarent aux portes de la folie…
Le fracas des armes, et les chevauchées fantastiques à travers la lande. Dans ce château enveloppé de brumes, les cris d'effroi du roi Macbeth quand le fantôme de Banquo surgit de terre. Lui ! capable de combattre mille hommes, et le grand loup, et l'ours, et le lion, se retrouve impuissant face à cette apparition venue des ténèbres… Les couloirs venteux remplis d'ombres inquiétantes où se perd Lady Macbeth, repoussant vainement de son corps ses belles mains couvertes de sang. Tous ces « poignards dans les sourires ». Les ricanements sadiques des sorcières qui se jouent de la naïveté et de la convoitise des Hommes.
Et la prophétie qui s'accomplit quand la forêt de Birnam vient à celle de Dunsiname pour mettre fin à la course de la vie du roi Macbeth, et de son règne contre-nature…
Respirez un grand coup, serrez les dents, et laissez-vous emporter par le flot tumultueux de ce texte intemporel.
Un texte pour la légende.



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La pièce écossaise... Celle dont le simple fait de prononcer le nom porterait malheur aux acteurs ! On y trouve de fabuleuses images. Les trois sorcières, la forêt en marche, le duel entre Macduff et Macbeth... Kurosawa n'hésita pas à les transposer au Japon avec ‘Le château de l'araignée'.

À ma connaissance, c'est la première foi qu'est posée la question des prophéties auto-réalisatrices. Un sujet loin d'être anodin, en cette époque où Calvin a remis en scène le dogme de la prédestination. Chacun peut-il faire son salut, ou les élus ont-ils été choisis de toute éternité ? C'est l'annonce des sorcières qui pousse Macbeth sur son chemin. Mais c'est lui qui choisit de le prendre.

Le personnage de Lady Macbeth a beaucoup fait parler de lui au cours des siècles. Femme manipulatrice ? Éprise de pouvoir ? Nouvelle Eve provoquant la chute de l'homme ? Certains, et c'est normal tant le personnage est fascinant, ont tenté de la réhabiliter. Mais il n'y a guère de doute sur le rôle que souhaitait lui donner Shakespeare. On pourrait également être tenté d'y voir une allusion à la reine Marie Ière, surnommée « Marie la sanglante », qui tenta de défaire l'oeuvre de son père et de faire revenir l'église anglicane dans le giron de l'église catholique.

Il y a dans cette histoire peuplée d'apparitions, de fantômes et de prophéties une ambiance qui, étonnamment, m'évoque celle qu'on retrouvera deux siècles plus tard dans Ossian. Aurait-il connu ces légendes celtiques qui inspirèrent Macpherson ? C'est possible. La vie de Shakespeare comporte plus de points d'interrogation que de réponses, de toute manière. Il y a là en tout cas un véritable art du fantastique, qu'on retrouve dans ‘la Tempête' ou ‘Le songe d'une nuit d'été'.

De nos jours, les luttes pour le pouvoir sont encore plus nombreuses mais moins sanglantes. D'un côté c'est plus propre, de l'autre il faut bien reconnaître que cela permettait de faire le ménage !
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C'est la deuxième fois que je lis Macbeth. Je l'ai vue au théâtre une fois. Eh bien je suis de plus en plus sous le charme.

Il faut dire que la version que j'ai lue, originellement traduite et publiée par François-Victor Hugo, est agrémentée d'une longue introduction du fiston de Victor. Cette introduction, en laissant la parole au chroniqueur anglais Holinshed dont Shakespeare s'est inspiré pour écrire sa pièce, replace avec brio les événements dans l'histoire de l'Écosse du XIème siècle. D'après ce qui est reproduit ici, Holinshed n'était pas un manche non plus en matière d'écriture. Tout y est, y compris les éléments fantastiques. La chronique, déjà, vaut son pesant de cacahuètes.

Est-ce à dire que Shakespeare s'est contenté de réaliser une banale adaptation ? Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit. le tragédien s'est emparé de la matière première, a ramassé les événements dans une durée restreinte et usé d'exhausteurs d'émotions tragiques dans de superbes dialogues et magnifiques tirades.
Est-il nécessaire de rappeler les faits ? Il s'agit de la perversion d'un vaillant sujet du roi d'Écosse Duncan, qui sauva par trois fois le pays, par une prophétie proférée par trois sorcières : Macbeth est destiné à être roi. Réalisant assez vite qu'il lui faudra auto-réaliser la prophétie, il perpètre sournoisement le meurtre de son suzerain et devient ce qui a été promis. Mais cela ne va pas sans valse-hésitation ni sans torture de l'âme par un inconscient efficace. Son conscient réagit brutalement en se comportant en tyran, conscient soutenu par son épouse qui acte comme un bloc d'infamie à l'état brut.
Mais la prophétie des sorcières n'est pas achevée ; elles y ajoutent un avenant. L'interprétant à sa guise, Macbeth est persuadé à tort de son invulnérabilité. Comment ? Il ne risque rien tant que les arbres de la forêt de Bernane ne se mettront pas en marche ? Quoi ? Il ne pourra être tué par une créature né d'une femme ? Franchement, que craint-il alors ? Mais les prophètes adorent jouer avec la sémantique. Et « la forêt se mettra en marche ». Et « une créature qui n'est pas née d'une femme se trouvera sur son chemin ». (A noter entre parenthèses que ces deux prophéties sont quelque peu reprises dans les Seigneurs des Anneaux, où une forêt se met vraiment en marche et où le chef des Nazguls est occis par une créature qui n'est pas un homme).

Shakespeare traduit à merveille les atermoiements de Macbeth, sa guerre avec sa conscience qu'il finit par gagner, se transformant dès lors en tyran sanguinaire. Il fait adopter le chemin inverse à Lady Macbeth qui ne ressent nul scrupule, nul remord, mais dont l'inconscient travaillé par son immoralité finit littéralement par la rendre folle au point de la pousser au suicide. L'intrigue baigne dans une atmosphère fantastique que l'on ressent presque physiquement : lande écossaise déserte fouettée par la foudre, incantations, bave de crapaud et danses de sorcières. S'amusent-elles, les forces obscures de la Nature, avec le destin des hommes…

Il y aurait encore tellement à dire mais je manque de mots dans ce billet quelque peu improvisé. Je finirai en disant que je comprends que cette pièce soit l'une des plus célèbres et des plus jouées de Shakespeare.

Ah, non ! Je voulais ajouter un truc. Si la prophétie annonce à Macbeth qu'il sera roi, elle annonce à son compagnon Banquo qu'il sera le père d'une dynastie de rois. Tout ce que la pièce nous dit, c'est que Fléance, le fils de Banquo échappe à l'assassinat. François-Victor Hugo nous apporte le fin mot : Fléance épouse la fille du roi du Pays de Galles. Ils ont un enfant, Walter, qui devient sénéchal du roi d'Écosse avec le titre de « lord Stewart », nom qui deviendra « Stuart ». Inutile d'en rajouter.
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C'est mon premier Shakespeare, je ne pouvais pas ne pas commencer par sa pièce écossaise ^_^

J'ai décidé de ne pas mettre d'étoile(s) car j'ai bien peur de ne pas avoir pu l'apprécier à sa juste valeur. Ce n'est pas la faute à Shakespeare. Je m'explique : j'ai acheté l'intégrale numérique aux éditions Arvensa (€1,79). Il n'y a pas de problème avec les classiques français mais ici nous avons droit à une traduction de François Guizot de 1864 qui n'a aucun style (c'est même assez médiocre).

Donc, si quelqu'un à une bonne (voire une excellente) traduction à me recommander… il faut absolument que je relise Macbeth. Entre les lignes, j'ai entraperçu une oeuvre incontournable.

En attendant, comme je viens de terminer l'Histoire de l'Ecosse de Michel Duchein je vais un peu vous parler de la "vraie" histoire...

Duncan était le fils d'une princesse britonne mais aussi le petit-fils du roi des Scots Malcolm II. Quand le roi des britons Owen le chauve est mort, c'est Duncan qui est devenu roi à sa place. Ensuite, à la mort de son grand-père, Duncan est devenu le roi des deux royaumes. Cette succession au trône scot a été contestée (avec raison) par le comte de Moray et Macbeth - qui était un des candidats légitimes du trône - s'est révolté.

« Ducan est battu et tué à Pitgaveny, près d'Eglin (1040) et Macbeth s'assoit sur la pierre de la Destinée à Scone. Telle est l'anecdote – car ce n'est rien de plus avec le recul des siècles – qui, embellie par l'historien écossais Boece au XVIe siècle et reprise par le chroniqueur anglais Holinshed, servira de thème à l'une des plus célèbres tragédies de Shakespeare. » (M. Duchein)

J'ai trouvé (oui, oui :) ) une biographie romancée du véritable Macbeth mais pas de chance… en anglais. «Macbeth The King » a été publié par Nigel Tranter en 1977. Il est l'auteur d'une petite centaine de romans historiques écossais. Il est mort en 2000 à l'âge de 90 ans.

Dans son introduction (le livre était à €0,99 en numérique) il parle de la difficulté d'écrire un roman historique. Cela demande beaucoup de recherches et une bonne dose de sens de la déduction déjà en temps normal alors écrire sur Macbeth un roi de l'Ecosse celtique du 11ème siècle… voilà qui rend l'exercice périlleux!

Il qualifie la tragédie de Shakespeare de pièce formidable, un drame brillant et une parodie de l'histoire.

En attendant vos suggestions… j'espère ne pas vous avoir trop ennuyé avec mon bavardage.
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critiques presse (2)
ActuaBD
26 octobre 2020
"Macbeth" de Shakespeare, le grand classique de la littérature universelle traduit en BD, le challenge est périlleux ! Cependant, sous la bannière de Glénat, Guillaume Sorel et Thomas Day se sont unis pour offrir une adaptation qui s'appuie en partie sur la traduction de Victor Hugo aux accents romantiques qui explorent les profondeurs de l'âme humaine.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Actualitte
26 octobre 2018
Je ne sais pas. Je ne peux pas écrire, en toute honnêteté, que je me suis ennuyé à lire cet énorme pavé de plus de six cents pages mais je n’y ai pas trouvé mon compte et en sors frustré d’un dénouement établi depuis presque quatre cents ans, que la qualité de l’écriture n’est pas parvenu à sauver.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (252) Voir plus Ajouter une citation
Extrait 1 : Macbeth est décidé à tuer le roi Duncan pour être couronné à son tour.
« Si c’était fait, lorsque c’est fait, alors ce serait bien si c’était vite fait ; et si l’assassinat pouvait saisir dans son filet les conséquences, capturer le succès par son tranchement ; mais que ce coup puisse être le tout être et fin de tout… Ici, seulement ici sur ce banc rive du temps, nous risquerions la vie à venir… En tel cas nous avons jugement encore d’ici-bas _ pour n’avoir enseigné que manœuvres sanglantes, lesquelles font retour quand elles sont connues en infestant leur inventeur ; l’égale main de la justice propose l’ingrédient du poisonneux calice à notre lèvre. Il est ici sous double garantie : en premier, je suis son parent et son sujet, deux forces contre l’acte ; et puis je suis son hôte, qui devrais contre ses meurtriers fermer la porte, non prendre le couteau soi-même. Et ce Duncan a montré un pouvoir si doux, il a été si équitable en sa haute fonction, que ses vertus comme des anges, trompettes parlantes, plaideront contre le crime abominable de sa suppression : et la pitié, comme l’enfant nu nouveau-né chevauchant l’ouragan, ou chérubins du Ciel montés sur les courriers invisibles de l’air, proclamera pour tous les yeux l’horrible action, tant que les pleurs noieront le vent ! Nul éperon pour exciter le flanc de mon vouloir, seulement l’ambition voltigeante et dépassant son propre but. »

Extrait 2 : l’Ecosse est en pleine guerre et Ross la décrit :
« La pauvre terre, presque épouvantée à se voir, qui ne pourrait être nommée la mère, mais la tombe ; où rien, où les soupirs, plaintes et cris déchirant l’air sont poussés et non connus ; où semble le violent chagrin une agitation ordinaire : et le glas de l’homme mort. On sait à peine pour qui, et les vies d’hommes de bien plus vite que les fleurs de leurs chapeaux, expirent mourant avant d’être malades. »

Extrait 3 : Ross apprend une bien mauvaise nouvelle à Macduff :
Ross : « Je voudrais pouvoir répondre par réconfort au réconfort ! Mais j’ai des mots qui devraient être hurlés dans l’air désert où nul entendant ne les capterait.
Macduff : Qui concernent quoi ? La cause générale ? Ou un chagrin privé ne touchant qu’un seul cœur ?
Ross : Aucun esprit sincère qui ne partage en quelque part cette douleur, mais la plus haute part vous revient à vous seul.
Macduff : Si c’est à moi, ne me la garde pas et montre-la-moi vite.
Ross : Que vos oreilles pour toujours ne repoussent point ma langue qui va leur faire posséder le son le plus lugubre qu’elles aient jamais entendu.
Macduff : Hum. Je devine.
Ross : Votre château est surpris, votre femme et vos petits sauvagement assassinés ; et vous en dire la manière serait, à l’amas de ces biches massacrées ajouter votre mort à vous.
Malcolm : Miséricorde ! Homme, ne tirez pas le chapeau sur vos yeux, donnez au malheur des mots : le chagrin qui ne parle pas s’insinue au cœur surchargé et fait qu’il se brise.
Macduff : Mes enfants aussi ?
Ross : Femme, enfants, serviteurs, tout ce qu’on a trouvé.
Macduff : Et je devais être loin d’eux ! Ma femme aussi tuée ?
Ross : J’ai dit.
Malcolm : Reprends ton cœur, faisons remède avec notre grande vengeance pour soigner ton chagrin mortel !
Macduff : Et lui n’a pas d’enfants. Tous mes jolis petits ? Et tous, vous avez dit ? O vautour d’enfer ! Tous ? Quoi, tous mes très gentils poussins avec leur dame d’un seul coup ?
Malcolm : Résiste comme un homme.
Macduff : Je le ferai, mais d’abord je dois ressentir comme un homme : je ne peux que me rappeler ces choses qui existaient, les plus précieuses pour moi. Le Ciel a-t-il vu cela – et n’aurait-il pas pris leur défense ? O coupable Macduff, c’est pour toi qu’ils ont été frappés ! Pauvre rien que je suis, ce n’est point pour leur faute, mais c’est pour la mienne que le meurtre est tombé sur leur âme. Ah, que vienne le Ciel les apaiser maintenant !
Malcolm : Que cela soit de pierre aiguisant votre épée, que le chagrin se transforme en colère ; n’émoussez pas le cœur, enragez-le !
Macduff : Oh, pourrais-je jouer la femme avec mes yeux et le brave avec ma langue ! Généreux Ciel, raccourcis-moi tous les délais : que face à face tu places le démon de l’Ecosse et moi-même ; mets-le à la portée de mon épée, et s’il échappe, que lui pardonne aussi le Ciel !
Malcolm : Voilà d’un homme. Viens, allons vers le roi, nos forces sont armées, il ne faut plus que les adieux. Macbeth est bien mû pour la Gaule, les pouvoirs d’en haut montrent leurs instruments. Prends toute aide et secours : longue est la nuit qui ne trouve jamais le jour. »

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MACBETH : Si c'en était fait quand c'est fait, alors ce serait bien,
On l'aurait vite fait. Si l'assassinat
Pouvait prendre au filet ses conséquences, et capturer
Par leur suppression le succès ; si ce seul coup
Pouvait tout accomplir et tout finir ici,
Rien qu'ici, sur ce banc de sable et ce haut-fond du temps,
Nous risquerions la vie à venir. Mais ces actes-là
Trouvent toujours ici-bas leur sentence : en cela, nous ne faisons que donner
Des leçons sanguinaires, qui, une fois apprises, reviennent
Tourmenter leur auteur. Cette justice impartiale
Présente le contenu de notre calice empoisonné
À nos propres lèvres. Il est ici sous double sauvegarde :
D'abord, je suis son parent et son sujet,
Deux puissantes raisons contre l'acte ; et puis, je suis son hôte,
Qui devrait à ses meurtriers fermer la porte,
Et non tenir moi-même le couteau. En outre, ce Duncan
A exercé son pouvoir avec une telle modération, il s'est montré
Si pur dans sa haute fonction que ses vertus
Plaideront comme des anges, d'une voix de trompette,
Contre l'horreur damnée de son assassinat ;
Et alors, la Pitié, pareille à un nouveau-né tout nu
Chevauchant l'ouragan, ou à des chérubins célestes,
Montés sur les coursiers invisibles de l'air,
Soufflera l'atroce forfait dans tous les yeux,
Tant et si bien que les larmes noieront le vent. Je n'ai d'autre éperon,
Pour talonner les flancs de mon projet,
Que l'ambition qui veut bondir en selle, saute trop haut,
Et retombe de l'autre côté.

Acte I, Scène 7.
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MACBETH : Demain, et puis demain, et puis demain,
Se glisse à petits pas de jour en jour,
Jusqu'à l'ultime syllabe du registre du temps,
Et tous nos hier ont éclairé pour des sots
Le chemin de la mort poussiéreuse. Éteins-toi, éteins-toi, courte flamme,
La vie n'est qu'une ombre en marche, un pauvre acteur,
Qui se pavane et se démène son heure durant sur la scène,
Et puis qu'on n'entend plus. C'est un récit
Conté par un idiot, plein de bruit et de fureur,
Et qui ne signifie rien.

(MACBETH : Tomorrow, and tomorrow, and tomorrow,
Creeps in this petty pace from day to day,
To the last syllable of recorded time ;
And all our yesterdays have lighted fools
The way to dusty death. Out, out, brief candle !
Life's but a walking shadow; a poor player,
That struts and frets his hour upon the stage,
And then is heard no more. It is a tale
Told by an idiot, full of sound and fury,
Signifying nothing.)

Acte V, Scène 5.
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Première sorcière.
- Quand nous réunirons-nous maintenant toutes trois ? Sera-ce par le tonnerre, les éclairs ou la pluie ?
Deuxième sorcière.
- Quand le bacchanal aura cessé, quand la bataille sera gagnée et perdue.
Troisième sorcière.
- Ce sera avant le coucher du soleil.
Première sorcière.
- En quel lieu ?
Deuxième sorcière.
- Sur la bruyère.
Troisième sorcière.
- Pour y rencontrer Macbeth.
(Une voix les appelle)
Première sorcière.
- J'y vais, Grimalkin* !
Les trois sorcières à la fois.
- Paddock** appelle.
- Tout à l'heure !
- Horrible est le beau, beau est l'horrible. Volons à travers le brouillard et l'air impur.

* Grimalkin : nom d'un vieux chat. Très souvent en Angleterre, le nom propre d'un chat
**Paddock : espèce de gros crapaud. Les chats et les crapauds jouaient un rôle très important dans la sorcellerie.
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MACBETH : Oh ! plein de scorpions est mon esprit, chère épouse !
[…] Reste innocente de la confidence, ma colombe,
Jusqu'à ce que tu en applaudisses l'exécution. Viens, nuit qui coud nos paupières,
Aveugle l'œil tendre du jour compatissant,
Et de ta main sanglante et invisible
Annule et déchire ce grand pacte
Qui me tient ligoté. La lumière s'épaissit, et le corbeau
Gagne de l'aile le bois ténébreux.
Les bonnes créatures du jour somnolent et s'assoupissent,
Et les noirs agents de la nuit vers leurs proies se hérissent.
Mes paroles t'étonnent ; mais reste calme,
Ce qui a commencé dans le mal s'affermit par le mal.

(MACBETH : O, full of scorpions is my mind, dear wife !
[…] Be innocent of the knowledge, dearest chuck,
Till thou applaud the deed. Come, seeling night,
Scarf up the tender eye of pitiful day,
And with thy bloody and invisible hand
Cancel and tear to pieces that great bond,
Which keeps me pale. Light thickens, and the crow
Makes wing to th' rooky wood.
Good things of day begin to droop and drowse,
Whiles night's black agents to their preys do rouse.
Thou marvell'st at my words ; but hold thee still,
Things bad begun make strong themselves by ill.)

Acte III, Scène 2.
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Vidéo de William Shakespeare
SHAKESPEARE – Les femmes dans Henri VI & Richard III avec Patrice Chéreau (FR3, 1999) Un documentaire de Stéphane Metge réalisé en 1999. Présence : Patrice Chéreau, Elsa Bosc, Céline Carrère, Jeanne Casilas, Rebecca Convenant, Amélie Jalliet, Cylia Malki, Sarah Mesguich. Traduction utilisée : Armand Guibert, Pierre Leyris et Daniel Loayza (édition du Club Français du Livre).
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