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Critique de PrinceEndymion


À l'origine, le Troisième homme est un texte rédigé par Graham Greene auquel on avait demandé de créer une histoire se déroulant dans une ville des pays occupés par les armées des puissances victorieuses, après la Seconde Guerre moniale. L'auteur choisit Vienne pour les besoins de son intrigue. Nous sommes au début de la Guerre Froide. La capitale de l'Autriche est occupée par les Russes, les Anglais et les Français. le major Calloway, le narrateur, est chargé d'enquêter sur la mort du dénommé Harry Lime. le britannique s'aventure dans une capitale déchirée par le conflit idéologique qui sépare les deux blocs dominants. Pour mener ses investigations, Calloway interroge Rollo Martins, romancier américain spécialisé dans les récits de Western, venu à Vienne pour revoir Harry Lime dont il était un ami de longue date. Voici un roman à la hauteur du génie d'Orson Welles à qui nous devons des monuments immarcescibles de l'âge d'or hollywoodien (La Dame de Shanghai, La splendeur des Amberson, Touch of evil et bien entendu, Citizen Kane). C'est un véritable labyrinthe qui s'offre au lecteur, avec des thèmes qui ne sont pas sans rappeler les écrits d'Albert Camus. le roman aborde la thématique de la dénonciation : doit-on dénoncer un criminel lorsque ce dernier est votre ami ? Non, selon Anna. Oui, d'après Calloway qui informe Rollo Martins que des innocents meurent à cause du trafic que menait son ami. Ce cas de conscience dissimule en réalité une minutieuse analyse politique des rapports au temps de la Guerre Froide : Anna est une réfugiée politique, Rollo Martins est l'Américain qui ne comprend rien aux affaires européennes et préfère s'enivrer par l'alcool pour tout oublier, comme pour se tirer d'un mauvais rêve, tandis que Calloway est l'homme dévoué à son travail ainsi qu'à la cause pour laquelle il se bat.

Dans l'édition parue aux éditions Robert Laffont, la nouvelle intitulée Première désillusion, également rédigée par Graham Greene, était incluse, puisqu'elle succédait au Troisième homme. Dans ce court récit, nous assistons à la prise de conscience de l'existence du Bien et du Mal d'un enfant qui découvre ce que sont les impostures, la tentation. Ce récit a d'ailleurs inspiré l'adaptation cinématographique The fallen Idol (L'idole déchue si nous traduisons littéralement le titre), réalisée par Carol Reed, et sortie en 1948. Philippe, le fils d'un ambassadeur, est confié aux bons soins de Baines avec lequel il développe une complicité, à tel point que le garçonnet fait de lui son héros. Toutefois, Mrs Baines, l'épouse du protecteur de Philippe, est une femme au caractère instable. Tantôt c'est une ménagère tout sucre tout miel, tantôt elle se mue en une impitoyable furie. La perspective du garçonnet oriente le récit et restitue habilement l'exaltation de sentiments comme l'épouvante, la colère, et surtout, le désenchantement, puisque Philippe découvre que Baines n'était pas le héros vertueux qu'il avait imaginé. Si l'intrigue repose essentiellement sur les tensions psychologiques, nous discernons des éléments qui rappellent les romans policiers de Greene. Cette nouvelle offre également une fine analyse des névroses qui se développent dans des lieux exigus, propices à des climats de tensions nerveuses.
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