Le Troisième homme

Elle était ce genre de femmes qui s'imaginent pouvoir réparer n'importe quelle injustice en vous faisant manger quelque chose de bon.

[Première désillusion]

Nous n'arrivons jamais à nous faire à l'idée que nous comptons moins pour les autres qu'ils ne comptent pour nous.

" Il y a forcément quelque chose de frelaté chez un homme qui n'accepte pas de bonne grâce la calvitie. "

" A notre époque, mon vieux, personne ne pense en fonction des êtres humains, les gouvernants les premiers, alors pourquoi nous? "

- ... Cela ne m'intéresse plus de savoir si Kurtz a tué Harry ou si c'est le troisième homme. Celui qui l'a tué, qui que ce soit, a agi selon une sorte de justice. Peut-être que je l'aurais tué moi-même dans les mêmes circonstances. Pourtant, vous l'aimez encore. Vous aimez un escroc, un meurtrier.
- J'aimais un homme, répondit-elle, je vous l'ai déjà dit. Un homme n'est pas différent parce qu'on découvre des choses à son sujet. Il est toujours le même homme.

- Je trouve, Herr Koch, que vous auriez dû témoigner. – Chacun veille sur sa propre sécurité, Herr Martins. Je ne suis pas le seul qui se soit abstenu. – Que voulez-vous dire ? – Trois hommes ont aidé à porter votre ami dans la maison. – Je sais, deux hommes et le chauffeur. – Non, le chauffeur est resté là où il était. Il était très ému le pauvre… - Trois hommes… On eût dit qu’en se promenant à tâtons sur le mur nu, ses doigts venaient de rencontrer brusquement, peut-être pas tout à fait une fissure, mais une rugosité que les constructeurs soigneux n’avaient pas aplanie.

Les trams ne circulaient plus. Il partit à pied, avec la volonté obstinée de retrouver l'amie de Harry. Il voulait faire l'amour avec elle, comme ça, pas de romanesque, pas d'histoires. Il se sentait d'humeur violente, mais la route couverte de neige ondulait comme la surface d'un lac et cela fit partir son imagination dans une autre direction, celle de la mélancolie, de l'amour éternel, de la renonciation. Dans l'angle d'un mur, il vomit dans la neige, à l'abri des regards.

On ne sait jamais quand le coup va tomber.

(la première phrase)

« Les principes sont faits pour être violés. Etre humain est aussi un devoir. »

La nature humaine a, elle aussi, d'étranges raisons biscornues que le coeur ignore certainement.

Une main lissa le toupet postiche, tandis que l'autre passant doucement sur sa bouche en effaçait le sourire, et ce fut comme si ce sourire n'avait jamais existé.