AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de vertbleu


Parfois, dans un club londonien, lorsqu'ils prendront un gin amer rosé de pamplemousse, les anciens se souviendront avec bonheur de la couleur du couché de soleil dans la petite colonie. La nostalgie leur aura fait oublier les autres minutes de la journée africaine rythmées par les envols de vautours des toits de tôles, l'écoulement de la sueur par grosses gouttes de leur sourcil jusqu'au coin de leur oeil. Leur mémoire sélective aura fait oublier l'autre moitié de l'année pendant laquelle la pluie continue faisait pourrir jusqu'aux pied de leurs minables chaises, creusées par les termites. Ils auront aussi oublié Scobie, le major Scobie, l'intègre chef de la police locale que l'on soupçonnait d'être de mèche avec les Syriens. Oubliée aussi sa femme, Louise Scobie, celle qui aurait tant voulu que son mari soit promu commissaire. Oubliés aussi Helen, l'amante, Wilson, le rival de Scobie. Oubliés ces héros d'une tragédie à la Tristan et Iseult où il est si difficile de débrouiller le vrai du faux, le bien du mal, la raison de la folie si l'on ne se limite pas aux faits, à ce que Scobie appelle le fond du problème...

Graham Greene nous livre ici un récit impeccablement condensé, où tout se tient, où le moindre détail a son importance, où même le fait que Wilson aime la poésie et la parenté fausse ou vraie du boy Ali mènent en ligne droite à l'inévitable tragédie finale.

Oui, ce n'est pas un livre joyeux, un roman à faire lire à des adolescents en quête de l'amour absolu. Mais avec l'âge je crois qu'on peut finir par comprendre que Scobie n'a pas tout à fait tort quand il se rend compte qu'en analyse finale l'amour est plus un sens de la responsabilité mâtiné de pitié qu'une exaltation romantique.
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}