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Critique de RosenDero


Dans les ruelles d'Eauprofonde, sur les toits de la cité-état la plus importante de Féerune, la voleuse Narnra Shalace est en quête d'une victime potentielle. Alors, lorsqu'elle aperçoit ce vieillard s'aventurant dans une venelle mal éclairée, elle croit avoir trouvé sa prochaine proie. Mais un manteau grisonnant peut cacher un vieil Archimage âgé de plusieurs siècles, et celui-ci n'est pas une cible de choix, surtout lorsqu'il n'est autre qu'Elminster de Valombre, le Vieux Favori de Mystra, la déesse de la magie.
D'un claquement de langue, l'homme aurait pu faire fondre la cervelle de l'imprudente, mais, magnanime, il lui laisse la vie sauve avant de s'évanouir à travers un portail magique…
Quelle mouche a donc piqué Narnra pour qu'elle décide de le suivre à travers le vortex ? Elle se retrouvera téléportée à des kilomètres de sa ville natale, dans le royaume de Cormyr et, pire encore, au centre d'un vaste complot fomenté par divers marchands, nobles et Magiciens Rouges de Thay, ayant pour objectif de détruire la famille Obarskyr régnante. Mais si Elminster s'est rendu à Marsembre par ce portail magique, c'est justement pour infiltrer cette conspiration et la déjouer, non pour sauver une petite voleuse aquafondienne perdue comme un agneau au milieu des loups…



Le voyage à Féerune en compagnie d'Elminster Aumar se termine avec ce cinquième tome (en attendant la VF de "Spellstorm"). Une dizaine d'années après le premier tome, Ed Greenwood a su trouver un style narratif plus orthodoxe, plus lisible, plus clair, sans pour autant avoir sacrifié sa syntaxe merveilleuse, sa délicieuse ironie, son parfait choix des mots et son art de l'intrigue et de la narration. On ne s'ennuie pas et, chose parfois rare, on trouve également une plume excellente.
Ici encore, plus que l'Archimage Elminster, c'est véritablement Féerune l'héroïne du roman ; Ed Greenwood nous entraine dans l'univers mythique qu'il a construit de toutes pièces et nous guide dans ses méandres les plus complexes, dans ses détails les plus riches. Parfois, on croit que la complexité va nous submerger, on se dit que c'est un livre pour initiés, pour rôliste D&D purs et durs, puis, lorsqu'on en vient à comprendre le tout que forment les parties en présence, on se dit que Greenwood ne prend pas son lecteur pour un benêt recevant sa nourriture pré-mâchée dans le gosier. C'est un point réellement appréciable que de trouver autre chose que du casual-fantasy empli de didascalies déguisées mais portant tout de même de grosse bottes cloutées.
Intrigue géopolitique de taille à rendre jaloux un certain Georges R.R., univers foisonnant et riche à faire pâlir un certain J.R.R., maturité et complexité à débouter une certaine J.K. ; Greenwood a décidément créé un monde vivant, plaisant, intrigant, riche, complexe et crédible. J'ose aussi rajouter "mature" et je me demande bien pourquoi cette saga est estampillée "littérature jeunesse" ; peut-être que toute fantasy (hors dark-fantasy ?) est classée ainsi, mais je doute qu'un public de collégiens ou même d'ado prépubères soit en mesure de comprendre ou d'apprécier chaque passage pour ce qu'il est (la question reste ouverte ; mais rien que le vocabulaire employé fera fuir une large partie de "jeunes lecteurs" non habitués à l'utilisation des dictionnaires).

Une course-poursuite géniale sur les toits, dans les venelles et les entrepôts de Marsembre ; un complot de marchands trop couards, de nobles trop riches, de mages trop sûrs d'eux ; un vieux mage retraité aux rêves de gloire ; des tractations sous capes et des retournements de situations ; un twist-ending jouissif ; la liste des pépites présentes dans ce tome est longue et tranche avec l'impression laissée par le précédent. Je m'étais avancé à dire que le numéro 4 ne devait pas empêcher de lire le 5, j'en suis maintenant convaincu. Les Royaumes Oubliés ne sont pas près de me voir partir. Mais pour voir si l'herbe est réellement plus verte dans le pré du voisin, je pars du côté de Trudi Canavan bien que, pour l'instant, elle n'ait pas l'air si fraîche (je parle de l'herbe…;) ).
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