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Critique de Phoenicia


J'achève le roman centré sur Margaret Beaufort et son Destin. Ayant lu plusieurs récits sur ce personnage, j'étais curieuse de voir comment Philippa Gregory allait lui donner vie avec ses mots. Pour ma part, j'avais retenu d'elle, avant cette lecture, celle d'une matriarche, mettant sa vive intelligence au profit de son ambition personnelle : donner la couronne à son fils, mettant ainsi en place un réseau d'espions et s'en sortant merveilleusement bien dans toutes ses intrigues.

Pour ce qui est de l'histoire en elle-même, à savoir cette guerre des Deux-Roses, j'en connais les tenants et les aboutissants. Aussi, ai-je lu ce titre en attendant beaucoup de la psychologie des personnages, consciente qu'une fois de plus un pavé signé Philippa Gregory se lirait tout seul.

En effet, les parties du livres se lisent très vite, avec un rythme fluide. L'autrice ne nous perd pas malgré les difficultés à appréhender ne serait-ce que la généalogie de l'époque, marquée par tant de mariages, de remariages, d'alliances et de trahisons. A ce titre, elle m'aura permis de comprendre davantage les prétentions d'Henry VII à la couronne, ne voyant en lui que le fils d'un demi-frère d'un roi lancastrien et donc avec aucun sang royal. C'est que la royauté ne vient pas des Tudors, certes bien placés dans l'entourage du roi avant la guerre des deux-Roses mais du côté de Margaret Beaufort qui est arrière-petite-fille d'un roi d'Angleterre et branche cousine plus proche des Lancastre au pouvoir que des York. Pour ce détail, merci à l'autrice qui a réussi à me faire comprendre toutes ses ramifications en quelques phrases, avec une telle limpidité.

Parlons personnages maintenant et notamment celui de Margaret qui est celui qui nous occupe présentement. J'ai trouvé son caractère tel que dépeint par Philippa Gregory un peu éloigné de ce que j'avais imaginé. Pour autant, cela n'enlève rien au fait que le caractère du personnage imaginé par Philippa Gregory, bien qu'un peu éloigné de ma conception première, est un personnage crédible en terme de réactions et de développements. Déjà, on compatit pleinement pour le sort de cette fillette, mariée trop tôt, subissant le viol conjugal et mère là encore trop jeune. Fille d'une mère ambitieuse qui ne voit en sa fille qu'un ventre pour donner un héritier lancastrien et épouse d'un homme ayant la même vision, les premiers chapitres nous montrent le sort de beaucoup trop de femmes de cette époque ( et de bien d'autres). Elle qui n'aspire qu'à la vie de moniale. Pourtant avec un tel passif, Philippa Gregory pose les jalons qui feront d'elle une matriarche distante en insistant sur le fait que c'est une mère qui a longtemps été séparée de son fils pour diverses raisons, ayant ainsi avec lui pour seule relation l'ambition de faire de lui un roi d'Angleterre.
Philippa Gregory nous la présente comme très inspirée par Jeanne d'Arc. Je ne sais si c'est attesté. Je la sais très pieuse. Mais en revanche l'autrice nous la dépeint un peu comme une fanatique ce qui finit par manquer de crédibilité. C'est le point qui m'a le plus déplu. On voit son appétence pour les sciences et sa grande piété. Mais sur beaucoup de décisions, elle apparaît surtout comme une marionnette dévorée d'ambition, très influençable et persuadée d'être dans son bon droit parce que soutenue par Dieu. Et surtout se sentant en perpétuelle rivalité avec Elisabeth Woodville ( dont on ne sait si elle nourrit la même rivalité ou bien si la présence de Margaret Beaufort lui glisse dessus au contraire). Avec un tel parti-pris, difficile de la trouver attachante. Mais le résultat est le même : une matriarche intrigante, froide et aigrie. .
Pour ce qui est des personnages secondaires, le traitement fait pour les personnalités des deux autres maris de Margaret Beaufort m'a beaucoup plu, d'autant qu'ils jouent un rôle non négligeable dans l'évolution de son caractère. Pour Stafford, j'étais clairement sous le charme, le trouvant posé, réfléchi, intelligent, rendant la jeune Margaret plus accomplie et l'acceptant telle qu'elle est, malgré leurs divergences d'opinion. Je trouvais ses raisonnements face à ce conflit très juste, pacifique dans l'âme dans une société en guerre. Pour ce qui est de Stanley, là on a clairement un manipulateur assumé et finement ciselé, permettant à notre protagoniste principal de rentrer pleinement dans les intrigues, d'atteindre ses plus hautes ambitions.

Je termine donc ce récit de plus de 500 p. en ayant apprécié dans l'ensemble ma lecture ( malgré un ou deux points) et toujours résolue à lire les autres récits sur cette dynastie.
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