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Critique de fanfanouche24


Une relecture au bout de quelques années !!!! puisque j'ai lu la première fois ce texte de souvenirs de Jean Grenier, sur son élève, Albert camus, en 1982...
L'enthousiasme et l'intérêt sont aussi forts, à ce jour... je ne voudrai pas jouer les "prescripteurs rasoirs"...Mais je trouve que ce volume serait précieux à connaître, à plus d'un titre, en abordant les textes et la philosophie de Camus.

En tout premier , ce qui me frappe à cette redécouverte... ce sont la grande discrétion et sobriété de Jean Grenier, l'Ami le plus ancien et le plus proche de Camus, en rédigeant ces "Souvenirs". Il ne se met jamais en avant, alors que l'homme est talentueux, a réalisé de son côté, un parcours d'écriture non négligeable...et a fortement influencé Camus ( ce qu'il a souvent répété lui-même, à propos de son professeur de philosophie)
Dans ces lignes, il réalise avec moult discrétion, un portrait de Camus, extrêmement précis, en parlant de ses engagements, de ses interrogations sur la politique, la religion; l'Algérie, la création littéraire, etc. ses coups de coeur en Littérature qui sont toujours liés à une humanité profonde des écrivains, en question...
Trop de passages soulignés au fil de cette "re-lecture"... le choix est plus que difficile pour illustrer cette note de lecture:
- "Je vois bien pourquoi la voix d'Albert camus -porte-. il n'a pas de réticence, d'-a parte-, de -mezza voce-, de sous-entendu. Voilà d'abord: il dit ce qu'il a à dire, directement. pas de finasserie (...) Ensuite il se donne entièrement dans ce qu'il dit... (...)
Or si jamais Albert Camus a cru à une "mission", cette conception a pris chez lui un caractère particulier: l'écriture, la parole, tout ce qui était-expression- avait d'autant plus d'importance pour lui que la culture lui avait été une révélation. Vivant dans un milieu peu aisé (dont on a exagéré la gêne) entre une mère silencieuse, un oncle sourd et peu communicatif, une grand-mère qui ne parlait que pour les besoins de la vie courante il ne pouvait qu'être surpris, puis ébloui, par les splendeurs de la vie révélées par les livres. Aussi la bibliothèque populaire consultée à certaines heures, l'école, le lycée, l'université lui ouvrirent-t-ils un monde enchanté.
Enchanté ? Non, ce terme n'est pas juste: il faut dire plutôt une terre promise, ou mieux: le dévoilement d'une réflexion du genre humain tout entier sur la condition qui lui était faite. (...)

Aussi le respect- on devrait dire la vénération- pour ce qu'on appelle aujourd'hui la culture est-elle plus grande et peut-elle entraîner des conséquences infiniment plus importantes chez quelqu'un qui n'a pas vécu dans un milieu dit cultivé dans son enfance, qui n'a pas vu manier des livres autour de lui. Celui-là a plus de chances que d'autres de ne pas traiter les choses de l'esprit comme des objets de prostitution, passant d'un auteur à l'autre par pur caprice, ou bien les classant sous des étiquettes et les rangeant sous vitrine, par souci d'érudition.


Dilettante ou rat de bibliothèque, voilà ce qu'on devient facilement quand on a fréquenté un peu trop les milieux littéraires ou qu'on a fait la chasse aux diplômes. si l'on échappe à ces deux dangers, on a des chances de trouver dans la culture un incomparable d' exaltation de soi-même et des autres.. (pp.159-160-161-162)
Un très beau livre d'amitié, de fidélité , d'admiration, mais aussi empreint d'une grande pudeur à l'égard de son jeune élève, rencontré en classe de philosophie, à l'âge de 17 ans... devenu Prix Nobel de Littérature, qu'il a accompagné ensuite fidèlement au fil des années. Leur correspondance , leurs amis-écrivains communs, dont Louis Guilloux, René char, et tant d'autres en témoignent...

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