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Critique de enjie77


« Phrase d'armes : désigne en escrime l'enchaînement des actions réalisées lors d'un assaut. »

Jusqu'à la lecture de « Phrase d'armes », René Bondoux m'était totalement inconnu. Quant à l'auteur de ce roman, Paul Greveillac, je ne m'étais jamais penchée sur un de ses romans. La dernière masse critique m'a ainsi permis de découvrir l'histoire de ce fleurettiste de talent dont la vie aura été étroitement liée aux grands évènements du 20ème siècle ainsi que l'écriture et le style de Pierre Greveillac. Je tiens à remercier les Editions Gallimard ainsi que l'équipe de Babelio pour cette intéressante découverte. Ce titre a d'autant plus suscité ma curiosité que mon petit-fils de onze ans pratique l'escrime et qu'il est classé sur le plan national dans sa catégorie.

René Bondoux est né en 1905. Il se destine à la profession d'avocat. Homme du monde, issu d'une famille proche des Doumer, nous faisons sa connaissance sur le pont du Lafayette en route pour New York. Champion d'escrime, fleurettiste reconnu, il a intégré l'Equipe de France. Il est en route pour les Jeux Olympiques de Los Angeles en compagnie des athlètes français.

Il reviendra de ces Jeux Olympiques de Los Angeles en 1932 avec une médaille d'or.

Les années 30 voient sa renommé d'avocat s'établir. Il est à noter qu'il deviendra, dans les années soixante, Premier Secrétaire de la Conférence et Bâtonnier de France.

Le travail ne manque pas dans cette période où la France va très mal. Il y a aussi cet épisode Stavisky qui cristallise les rancoeurs. Les affaires se succèdent pendant que l'état de l'Europe se dégrade. René trouve son rythme de travail, « ses trois-huit ». Seize heures de boulot pour huit heures d'escrime et de sommeil.

Berlin 1936, nous retrouvons René Bondoux, défilant avec l'Equipe de France pour la cérémonie d'ouverture devant Hitler. Mais voilà que les athlètes olympiques français font le salut olympique, « le salut de Joinville », que le public allemand confond avec le salut nazi. C'est un déferlement de hourras qui se produit. Cet incident regrettable voire tragique servira la propagande nazie. Dans cette atmosphère oppressante, René est de plus en plus mal. Ses résultats vont s'en ressentir. L'Equipe reviendra avec une médaille d'argent des JO de Berlin en 1936.

Il croise, à Paris, Virginia Mitchel, la fille de ses hôtes américains à Los Angeles dont il tombe amoureux, Un mariage s'en suit. Malheureusement, la seconde guerre mondiale éclate. Il se retrouve mobilisé. Prisonnier sur les plages de Dunkerque, Il s'évade. René Bondoux est plutôt un légaliste eu égard à sa profession mais ses valeurs humanistes vont le pousser à chercher à rejoindre Londres.

On le retrouve prisonnier dans les cellules de Franco, de Figueras à Gérone. Il fait jouer ses connaissances espagnoles notamment un Gouverneur de Franco. Sa lettre passe la censure et il n'est pas très loin de la libération. Malgré les difficultés qui se dressent devant lui, il parvient enfin à embarquer en décembre 1943 sur le Gouverneur Général Lépine pour l'Afrique du Nord battant pavillon de la Croix-Rouge. Casablanca, Alger, il rencontre Pierre-Mendès France, Joseph Kessel. Retour à Sig au 2éme dragon, où sont débarqués les chars d'assaut. Capitaine au deuxième dragon, sa division est incorporée à la Division Leclerc. Remarqué par le Général de Lattre de Tassigny, Il devient son chef de cabinet. Il débarquera en Provence et sera présent à la capitulation de l'Allemagne nazie à Berlin.

J'ai beaucoup aimé me plonger dans la vie de René Bondoux. J'ai vibré aux Jeux Olympiques de Los Angeles, souffert aux Jeux Olympiques de Berlin, palpité avec lui afin de pouvoir rejoindre De Gaulle, découvert le portrait intéressant du Maréchal de Lattre de Tassigny et les coulisses de la capitulation allemande en 45 à Berlin où l'opiniâtre de Lattre de Tassigny finira par imposer la présence de la France mais je n'en sais pas plus sur la personnalité profonde de René Bondoux. Paul Greveillac jette un coup de projecteur sur la destinée de René Bondoux. Il relate les périodes les plus exceptionnelles, rend hommage à un homme discret qu'il fait sortir de l'ombre tout en restant concentré sur les évènements. J'ai regretté cette mise à distance quant à la personnalité de René, cela donne une sensation d'incomplétude mais peut-être ne pouvait-il faire autrement par manque d'éléments.

L'auteur a eu accès aux archives de René Bondoux ainsi qu'aux mémoires du Maréchal de Lattre de Tassigny. le style est moderne, rythmé. Il ne présente pas d'intérêt particulier. Par contre, Paul Greveillac sait voir immédiatement le côté humoristique de chaque situation, Il en joue très bien et c'est avec plaisir que j'ai pu savourer son ironie. La malice qui en découle permet une lecture détente tout en abordant avec sérieux ce qui se déroule dans les coulisses de l'Histoire. L'atmosphère des JO de 1936 est oppressante ce qui n'est pas sans rappeler certains aspects de notre société d'aujourd'hui.

Je ne connaissais pas du tout si ce n'est que de nom, Paul Greveillac. Ce jeune auteur de quarante deux ans m'aura fait passer un excellent moment de lecture avec « Phrase d'armes ». Je ne me suis jamais ennuyée et j'ai été tenue en haleine de la première à la dernière page !

J'ai trouvé ce lien : « René Bondoux raconte la signature de la capitulation allemande le 8 mai 1945 » article du Figaro.
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