On donne le nom de « mythologie » grecque à l'ensemble des récits merveilleux et des légendes de toutes sortes dont les textes et les monuments figurés nous montrent qu'ils ont eu cours dans les pays de langue grecque, entre le IXe ou le VIIIe siècle avant notre ère, époque à laquelle nous reportent les poèmes homériques, et la fin du « paganisme », trois ou quatre siècles après Jésus-Christ. Il y a là une immense matière, assez malaisément définissable, d'origines et de caractères fort divers, qui se trouve avoir joué et joue encore, dans l'histoire spirituelle du monde, un rôle considérable.
(Introduction : LE MYTHE DANS LA PENSÉE DES GRECS ANCIENS, p.5)
p 27 Les grands mythes théogoniques
Tous les peuples, à un moment de leur histoire, ont senti le besoin d'expliquer le monde. Les Grecs, en quête, comme tant d'autres, d'un principe moteur au sein de l'Etre, ont cru le découvrir sans l'Amour. Au commencement, il y avait la Nuit (Nyx), et, à côté d'elle , l'Erèbe, qui est son frère.
Telle est, dans son ensemble, la mythologie grecque: matière aux origines fort diverses , fragments souvent ma raccordés de synthèses factices, où le lent travail des savants, des écrivains, des poètes a ajouté et retranché au gré de son caprice, mais où l'on distingue parfois encore les données primitives de l'imagination et de la piété populaires. Le savant et le spontané, le vivant et l'artificiel y sont intimement mêlés.
Réserve de pensée, le mythe a fini par vivre d'une vie propre, à mi-chemin entre la raison et la foi ou le jeu.
On voit que les légendes relatives à la création ne forment pas un ensemble cohérent. Non seulement elle comportent de nombreuses variantes, mais à aucun moment on ne rencontre un acte créateur unique, comme si la pensée grecque répugnait à toute explication totale, mais demeurait plus sensible à la diversité du monde.