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Critique de JeanAugustinAmarDuRivier


Le hasard comme médiateur des conflits de valeurs générés, par un robot asémantique, à l'égard d'un homme avec lequel il est en interaction. Autrement dit, lors d'un conflit, le hasard dédouane la machine d'un calcul, d'une finalité, d'une intentionnalité, d'une nécessité. Donc, l'inattendu est laissé à lui-même, les événements demeurent imprévisibles. Donc, le hasard agit comme une aide à la non décision, au non choix, à l'indétermination. La finalité étant de préserver une non-responsabilité véritable qui est, a fortiori dénué de réflexes Pavloviens conditionnés par l'apprentissage.

La question de l'acceptabilité de ce hasard reste entière. Il est fort possible d'accepter des hasards résiduels. Mais, dans le cas du tramway, est-il acceptable de laisser livrer à lui-même, un tramway asémantique autonome, irresponsable qui écrasera, au hasard, des personnes, qui traversent d'une manière imprévisible ?

Ceci renvoi à la nécessite de définir un permis de circuler pour des machines folles, dénuées de sens, asémantiques, pouvant entrer en interaction avec des personnes. Posée de la sorte, la faisabilité de l'autonomie totale de telles machines n'est pas acquise. Donc, il reviendrait au concepteur d'éradiquer les hasards inacceptables en jouant, via l'infrastructure, l'espace où évoluent ces engins, sur l'impossibilité d'interactions mortelles.

Dans le domaine des applications civiles, des notions comme le taux de perte acceptable, conviennent lorsqu'elles sont appliquées aux machines. Lorsqu'elles impliquent des vies humaines, l'éthique joue un rôle primordial. Il y a des précédents comme la directive Seveso pour les sites industriels qui présentent des risques d'accidents majeurs. Dans le domaine de la médecine, le serment d'Hippocrate impose une déontologie, dont la mise en oeuvre est surveillée par un ordre des médecins.

Ainsi, pour l'heure, en 2021, dans de vastes zones partagées, comme les routes, le seuil d'acceptabilité ne semble pas atteint. Soulignons d'ailleurs, que la SNCF tend à réduire, le nombre de passages à niveau non sécurisés du fait d'un trop grand nombre d'accidents graves. Donc, l'équilibre entre déontologie et économie reste à trouver pour les situations ordinaires.

Il s'ensuit que l'analyse du contexte est cruciale. Un robot pourrait bénéficier d'actions réflexes apprises pour gérer les aléas ordinaires. Lorsqu'il détecte un contexte extraordinaire avec des enjeux de vie et de mort, un robot pourrait déclencher une série de réflexes appris puis jeter les dés en dernier ressort.
Donc, le tramway après avoir ralenti, klaxonner, sans remettrait au hasard, en désespoir de cause, si le contexte de vie ou de mort n'a pas changé. L'important serait aussi le comportement qui suit l'accident. Donc, le robot pourrait contribuer à prévenir les secours, aider aux diagnostics voire contribuer à promulguer les premiers soins. Donc, paradoxalement, le robot autonome est en communication permanente avec un écosystème cybernétique composé d'autres robots et d'êtres humains interdépendants qui apprennent à moduler un processus d'escalade efficace pour gérer la prévention, les aléas, les incidents, les crises et les actions de retour à la normale. Donc, pour les robots, comme pour nous, l'autonomie ordinaire serait en fait une interdépendance équilibrée. Donc, pas d'autonomie durable sans interconnexion, sans communication homme-machine et machine-machine. le mode d'autonomie totale, le mode Robot Crusöé*, est un fonctionnement de crise, une résilience, une façon d'assurer la continuité d'activité avant un retour au mode nominal. Un robot pourrait d'ailleurs ce voir affublé d'un liberscore mis à jour en permanence qui refléterait sa valeur contributive au bon fonctionnement de l'écosystème dans lequel il est intégré. Ces liberscores seraient accessibles en tant que panneaux indicateurs mobiles. Ils permettraient donc d'évaluer le contexte instantanément et d'adapter les comportements en conséquence. Cette solution, qui mérite des adaptations culturelles, si l'écosystème comprend, à la fois, des hommes et des robots, constituerait un point d'équilibre entre les voies dédiées rigides, les rails de chemin de fer, et la foire d'empoigne.

Le résultat important de cette étude consiste à conclure que, contrairement au roman, Les robots, d'Isaac ASIMOV, l'éthique est, et doit, demeurer résolument humaine.

En ce qui concerne, le cycle d'existence d'un robot autonome, ce qui se pose aujourd'hui quant à la conception, doit aussi être établi en ce qui concerne, le développement, la qualification, la mise en service et la maintenance. Donc, en ce qui concerne la qualification, il est essentiel de nous méfier d'attitudes anthropomorphiques, dont le test de Turing est une manifestation, et de définir une approche qui permet de véritablement séparer les vessies des lanternes, l'ivraie, du bon grain, sans illusion surréaliste. A ce sujet, René MAGRITTE, peintre surréaliste, nous met bien en garde dans un de ses tableaux les plus célèbres, La Trahison des images (1928-29), qui dessine une image de pipe sous laquelle figure le texte : « Ceci n'est pas une pipe ».
Pour corroborer ces propos, l'auteur a choisi une représentation d'Adam et Ève, en première de couverture. N'oublions pas qu'ils étaient une image de Dieu, parfaitement humaine, sans être Dieu. Ensuite, cette image fidèle fut troublée, lorsqu'ils décidèrent de pouvoir faire comme bon leur semblait après avoir croqué du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, sous l'influence du Trompeur. de ce fait, ne pouvant pas laisser perdurer ces apparences, Dieu les chassa du jardin d'Eden et les soumis à la futilité avant qu'ils ne mangent de l'arbre de vie, dans un lieu sacré dédié au véritable, à la vie, où le vraisemblable n'a pas sa place.
Donc dans notre situation actuelle, notre culture, notre mode de vie impliquent une difficulté à percevoir le fait qu'Adam et Ève représentaient à la fois, un homme, une femme et l'humanité tout entière.

Une fois soumis à la futilité, à l'éphémère, l'homme Adam (Adamah, le Glébeux, la terre, la poussière), par sa condition, était conduit à ne pas oublier ses origines et sa communion avec le sol (latin humus) dont il devait demeurer proche (humilité, latin humilitas dérivé d'humus). La femme, celle qui enfante, fut nommée Eve (Hawwah, source de toute vie, de toute lignée). Ainsi, ensemble Adam et Eve, bien qu'assujettis au temporaire, au périssable, pouvaient, néanmoins, se souvenir de l'éternité de la vie. En conséquence de quoi, il est crucial pour une autonomie non pas totale, mais durable, de savoir concilier l'Homme et l'Humanité. Donc, il est nécessaire de trouver un équilibre entre des individualités et leur écosystème afin de garantir une autonomie pérenne. Ainsi, la citation universelle, du philosophe anglais du XIXe, John Stuart MILL, devient un principe de conception: « La liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ».

Donc, pour le concepteur, comment penser l𠆚utonomie du robot ? Comment connaître la réalité qu’un robot est apte à percevoir et à transformer en actions voire en pensée ? Autrement dit, quelle est l’intelligence du robot, sans anthropomorphisme ? Qu𠆞st-il possible de faire d’utile avec et quelles sont les limites ? Dans son acceptation, d𠆞spionnage aidé par ordinateur, l’intelligence artificielle n𠆚 plus à démontrer ses capacités. Mais, peut-on ou pas en tirer autre chose, sans délirer ? Une aide à notre propre intelligence ? Il s𠆚girait alors de favoriser notre intelligibilité d’une partie du monde par une approche Gamow-Tompkins en simulant , via des technologies pertinentes, au mieux une réalité rarement accessible afin de susciter nos pensées à son sujet ?

*d'après Robinson Crusoé un roman d'aventures anglais de Daniel Defoe, publié en 1719, qui s'inspire très librement de la vie d'Alexandre Selkirk, un naufragé qui vécu 28 ans, sur une île déserte à l'embouchure de l'Orénoque, près des côtes vénézuéliennes.
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