Nous n’avons pas à nous défendre devant la psychose naissante, simplement nous devons être présents pour tenter de partager une transe cognitive, une fascination et une angoisse de grande intensité.
Certains patients à travers une thématique victimaire instable parfois intense poursuivent un travail témoignant de leur incertitude dans l’élaboration d’une représentation unique de leur expérience centrale. Ils ne parviennent pas à fixer massivement toute la polarisation.
Le recours au surnaturel témoigne d’une interprétation primordiale, peut-être la seule possible. Pour ce faire le patient ramasse le sacré sous une quelconque des formes disponibles dans sa culture. Il prend ainsi une première distance par rapport à son expérience.
Le psychotique produit du religieux sacré pour répondre à un problème qu’il se pose à propos de la collectivité des hommes ou que se pose à son propos cette collectivité.
Pour le patient, le sujet [religieux] est d’importance. Il le respecte trop, dans l’immédiat, pour nous le livrer à la légère. Le religieux peut-il être traité comme un élément parmi d’autres de la production du sujet ou mérite-t-il un traitement à part ?
L’attente d’une mort violente constitue […] une interprétation, une première explication, la lecture anticipée d’un projet sacrificiel d’exclusion pour un seul ou la vision d’une résolution apocalyptique, véritable fin du monde pour tous.
Le sujet selon nous est d’autant moins anéanti qu’il est en polarisation centrale. Il se sent plus renforcé, il s’intéresse d’autant plus à lui qu’il a davantage le sentiment de concernement et de convergence de l’intérêt des autres.
Pourquoi donc tant de psychiatres confèrent-ils à la psychose ce puissant attrait narcissique ?
Les passages à l’acte, meurtre, mutilation et mélancolie, rassemblent et fixent de façon saisissante et quasi instantanée, toutes les significations possibles de l’épisode central. Ils viennent du même coup mettre fin à toute recherche.
Devant l’instabilité des significations et des sentiments, on peut certes postuler un désordre mais pourquoi le prescrire indescriptible, impénétrable et définitivement opaque ? […] Pourquoi ne pas tenter de les lire d’emblée comme le patient, c’est-à-dire déployés à partir de la polarisation centrale, et tenter d’en rendre compte ?