Le psychotique ne trouve plus, dans une culture particulière et fermée, les moyens simples et partagés d’exprimer son vécu.
La psychose se construit de comportements normaux à plus d’un égard et susceptibles comme tels de se déclencher dans toutes les formes de cultures, au sein des institutions et des organisations sociales les plus variées.
Le fait qu’un autre sache, un autre au moins, peut rompre le cercle rigide et implacable de la double unanimité.
Les cultures produisent un taux assez fixe de psychoses. La psychose serait-elle entre les hommes une relation d’échange universelle ?
[Le psychotique] se perd avec un seul aussi bien qu’il se perd seul avec tous et réciproquement. Plus il sort de la communauté des hommes pour prétendre n’être que lui-même, c’est-à-dire pour se libérer des modèles et des rivalités qu’ils engendrent, moins il trouve en lui d’autonomie, c’est-à-dire quelque chose qui pourrait lui dicter automatiquement sa conduite en société, plus donc il a besoin des autres.
[Le psychotique] semble révéler bruyamment à travers ce qu’il vit que nos comportements ne nous appartiennent pas. Ils ne nous appartiennent effectivement pas dans la mesure où, toujours appris puis répétés, ils ne sont jamais que moulés sur d’autres comportements eux-mêmes toujours appris, au point qu’on peut dire que le comportement de l’homme est avant tout mimétique.
Le monde ne peut accueillir [la psychose] sans trahir ses fondations.
L’incapacité à penser la liaison et la symétrie entre l’expérience centrale d’un seul et l’unanimité indifférente ou apeurée qui l’entoure, conduit à la figure d’un gigantesque quiproquo.
Quand il est possible de reprendre avec le patient la courte trajectoire qui précède la psychose naissante, nous l’intégrons, avec lui, dans une continuité qu’il revendique d’ailleurs, celle de son histoire de sujet.
Alain à sa façon me dit qu’on peut entrer en psychose par absence de limites ou par trop de limites. Alain est affolé autant par le règlement de l’armée qu’il l’est avec un ami d’enfance lors de ses vacances, dans l’absence de toute règle.
Le risque est ici de tourner à l’intérieur de systèmes, sémiologiques ou mimétiques, dans lesquels les figures et les stratégies ont déjà fait l’objet d’un repérage.