Ayant réussi à m'habituer à l'écriture de
Lauren Groff avec
Les furies il y a quelques mois, je ne crains plus rien, et j'ose même récidiver avec ce recueil de nouvelles paru au printemps. J'ajoute qu'une telle couverture sur le présentoir des nouveautés de la bibliothèque est impossible à ignorer !
Dès les premières lignes, ce qui me frappe tout de suite, c'est le style. La première citation et ses « hautes paraboles frétillantes » illustre parfaitement ce goût de l'auteur pour les images inédites et les hyperboles. Dans le même mouvement, elle peut être très concise et décrire l'événement marquant de toute
une vie en trois phrases sèches, créer et faire vivre un personnage en deux lignes, faire se télescoper des mots que rien n'a jamais rapprochés. Bref, un style auquel on devient facilement dépendant, et très bien rendu par la traduction.
Ces nouvelles, bien entendu, ont presque toutes pour cadre la
Floride, et cet état, sous la plume de
Lauren Groff, y est humide, poisseux, habité par une faune hostile, étrange et peu accueillant. Qu'il s'agisse d'une jeune femme qui devient sans abri, de deux petites filles laissées sur une île, d'un jeune homme qui se retrouve seul dans sa grande maison entourée d'étangs, d'une femme qui voyage en solitaire à Salvador de Bahia, ou d'une autre qui emmène ses deux jeunes enfants en Normandie où elle veut écrire sur
Maupassant, il est souvent question de peur et aussi de solitude, dans ces histoires. L'auteure montre d'où surgissent ces peurs, dans quel terreau germe cette solitude.
Fait assez rare pour un recueil de nouvelles, je les ai aimées toutes autant les unes que les autres, une seule m'a un peu laissée de côté. Globalement, j'ai apprécié dans chaque texte la manière de mettre à nu les personnages, et la tonalité assez sombre, mêlée d'une pointe de malice et de beaucoup d'imagination. Si vous avez aimé
Les furies, je vous recommande
Floride !
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