AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Fortuna


Pourquoi désobéir ? Car notre monde est injuste, car notre environnement se dégrade, car on spécule et on s'endette plutôt que de créer des richesses durables. La désobéissance est devenue une évidence.

Pourquoi obéissons nous ? Face à la monstruosité des régimes totalitaires, l'obéissance à L'Etat, de victime consentante, peut nous amener à devenir bourreau.
L'obéissance prend plusieurs formes. La soumission est une obéissance de pure contrainte ; c'est aussi le confort de ne pas se sentir responsable. Car la responsabilité est un fardeau. Pour La Boetie cette servitude est volontaire car la masse est supérieure en nombre à la minorité régnante. Elle doit cesser par une prise de conscience. Il faut s'entendre pour résister. La force du pouvoir est aussi d'être pyramidal : chacun y participe, opprime l'autre. Il faut refuser cette subordination. Refuser de se divertir pour oublier sa servitude.
La loi de la masse, c'est la chaleur du troupeau, le conformisme, l'habitude, la coutume. Mais l'obéissance peut mener au crime comme le montre l'expérience nazie ou bien l'obéissance à l'autorité scientifique.

Comment désobéir ? On peut refuser d'obéir comme Antigone pour obéir à la loi divine, ou comme Diogène par la provocation cynique d'une vie dépouillée de tout.
La vie en communauté rassure par rapport à la dangerosité de la vie sauvage. le fondement du consentement est lointain, perdu dans les origines de l'humanité : il est toujours trop tard pour désobéir. On renonce à son intérêt personnel pour l'intérêt général. Mais le contrat ne doit pas être passif, il doit être réactivé pour donner naissance à une vraie démocratie. Comme Thoreau dans sa forêt, refusant de payer ses impôts par conviction, chacun doit se laisser guider par sa conscience plutôt qu'obéir aveuglément. C'est un devoir quand les décisions de l'Etat sont iniques, quand le monde va mal, que l'injustice règne. Chacun est irremplaçable, personne ne peut désobéir à ma place, la désobéissance est un retour à soi, comme sujet indélégable, responsable, majeur, courageux. Et c'est cela le rôle de la philosophie, cette prise de conscience qui nous mène à l'essentiel.

Par son analyse sur les notions d'obéissance et de désobéissance, Frédéric Gros nous amène à une réflexion nourrie de nombreux exemples sur notre responsabilité individuelle face au désastre collectif de notre monde actuel, aussi bien pour les hommes que pour la planète : c'est à chacun à refuser de participer à cette catastrophe que nous alimentons par notre conformisme, notre lâcheté, notre soumission à un ordre du monde qui est devenu une menace pour l'avenir de l'humanité. Une très belle leçon de philosophie. Merci à Babelio et aux éditions Albin Michel.
Commenter  J’apprécie          515



Ont apprécié cette critique (39)voir plus




{* *}