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Critique de Cricri124


Premier volet d'une impressionnante fresque sur la bataille de Stalingrad (le second volet étant le célèbre Vie et Destin, dont rien que la parution est une épopée à elle seule), Pour une juste cause est celle du bien contre le mal, de la liberté contre l'oppression incarnée par le « diable de l'hitlérisme ». Dans ce domaine, il a tendance à verser un peu trop radicalement dans le manichéisme mais quand même… quel souffle !
Car au-delà du fracas de la guerre et des idéologies, comment ne pas entendre la voix du peuple résonner et vibrer sourdement, tantôt avec ferveur, tantôt avec résignation, ponctuée parfois de « ces rires incomparables des Russes, capables de s'amuser avec une merveilleuse simplicité dans les instants les plus terribles, les plus durs de leur destin. »
C'est la voix des ouvriers, des paysans, des ingénieurs, des hommes et des femmes de la vieille garde, de la jeunesse, des soldats que nous découvrons à l'oeuvre dans les usines, dans les mines, dans les hôpitaux, dans les villes, sur les routes, dans la vie de famille, en première ligne, dans la réserve ou à l'arrière, dans tous les recoins de la vie, ou de la mort.

J'ai trouvé la mise en place un peu longue. Je ne sais si j'ai manqué de concentration mais j'ai eu du mal à m'approprier les personnages (et les villes !). Combien de fois ne suis-je pas revenue en arrière parce que j'avais oublié le contexte ou la filiation d'un personnage ! Ils sont présentés à la chaine dans un contexte et un historique qui leur sont propre, si bien qu'un personnage peut ne pas réapparaitre avant plusieurs centaines de pages. Ce manque d'interaction et d'alternance m'a gênée. C'est plus proche d'une mosaïque de personnages et de destins, même si une grande partie d'entre eux sont les membres (étendus) d'une même famille.

A noter que j'ai également été surprise de découvrir dans la préface de Luba Jurgenson que, déjà, ce premier volet avait valu des ennuis à son auteur. Si le décès de Staline lui a évité des poursuites, il a quand même été contraint d'en publier « une version expurgée ». J'ose espérer que mon exemplaire est la version originale, rien n'est précisé à ce sujet. Il lui aurait été reproché de « déformer l'image des Soviétiques » alors qu'il me semble au contraire qu'il la sublime. La foi envers le Parti est d'ailleurs omniprésente. Il y a bien une ou deux remarques à demi-mots un poil plus critiques mais pas de quoi fouetter un chat, encore moins un Staline. Franchement, je n'ai pas bien compris ce qui avait pu lui défriser la moustache…

Une chose est sûre, la résilience des Russes est à l'honneur. Ode au patriotisme, à la Mère patrie, au travail aussi, ce n'est pas tant un livre sur la guerre qu'un livre sur le quotidien de la guerre, celle des soldats comme celle des civils. La guerre s'installe peu à peu dans les discussions, dans la vie quotidienne, devient un état d'esprit, fait corps. « À cette époque la guerre était cette mer dans laquelle se jetaient tous les fleuves et dans laquelle naissaient tous les fleuves. »

Ce premier volet se termine à Stalingrad en septembre 1942, alors que les dernières poches de résistance russes sont fortement mises à mal, et ce n'est rien de le dire. Forcément, cela appelle une suite ; d'autant que certaines destinées restent en suspens. A suivre donc…
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