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Critique de justeuneligne



Une lecture étrangement vivifiante pour moi alors que ce journal retrace 25 années de conjugalité souvent éprouvante et de lutte de l'auteure contre le vieillissement, deux sujets qui n'ont à priori rien et de réjouissant.
Je prends ce journal comme un message adressé à ceux qui ont abordé la deuxième partie de leur existence pour les inciter à une sorte de résistance, de lutte pour la vie ( et non pas contre la mort).
Ce qui emporte, c'est la mise à nu, la sincérité de la plume. Je ne pense pas que Benoîte Groult, en l'écrivant, destinait ce journal à la postérité (Ce journal a été publié après sa mort par une de ses filles) Il a été écrit au fil des jours parce que cette femme à l'incroyable vitalité s'astreignait aussi à l'écriture comme à une discipline, que cette écriture devait lui être nécessaire pour ordonner ses idées, sa vision du monde. Benoite (j'ai envie après avoir plongé dans son intimité de l'appeler par son prénom, comme une amie, ou une vieille connaissance) est dure avec elle-même et avec les autres. Je la trouve surtout très lucide, souvent drôle et plutôt féroce. Elle plonge sans réserve dans son ambivalence et ses contradictions, se montre telle qu'elle est, certaine, parfois avec arrogance, de son intelligence.
Ce livre dévoile deux facettes privées : la première, c'est son amour de la mer, de la pêche, du bateau, partagé avec son mari Paul Guimard en Irlande, terre d'adoption, tous les mois d'Août (et quelques fois au printemps) où le couple s'est fait construire une maison. La seconde c'est son amour de l'amour, son émerveillement d'être aimée, adulée, par un homme qui la comble : son amant Américain, Kurt, qu'elle juge inculte et primaire mais si tendre et prévenant avec lequel elle partage des périodes de vacances au vu et au su de Paul.
On découvre le mode de vie de ce couple qui s'accorde liberté sexuelle et sentimentale tout en gardant le cap conjugal, non sans douleur! Benoite décrit le renversement d'équilibre qui se fait dans son couple parce que Paul vieillit plus vite et moins bien qu'elle.
On découvre aussi l'Irlande âpre, rude, qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, l'Irlande qui rend fou ou alcoolique mais qui procure aussi d'intenses bonheurs.
Benoîte m'est apparue comme une femme qui a su et pu adopter beaucoup des comportements sociaux masculins, tout en ne lâchant rien des comportements sociaux féminins, une femme qu'il ne devait pas être facile d'avoir pour mère !


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