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Critique de Presence


Ce tome fait partie de la ligne Epic Collection qui réédite les épisodes de la série, mais en publiant les tomes en ne respectant pas leur ordre numérique. Ce tome 12 contient les épisodes 302 à 317 de la série Captain America, ainsi qu'une histoire parue dans Marvel Fanfare 18, initialement parus en 1985/1986.

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- Marvel Fanfare 18 (scénario de Roger Stern & Frank Miller d'après une idée de Roger McKenzie, dessins de Frank Miller, finitions de Joe Rubinstein) - Captain America enquête sur une série d'incendies criminels dans un quartier populaire de New York.

Le lecteur est forcément intrigué par un épisode dessiné et coscénarisé par Frank Miller. Celui-ci s'occupe du découpage des planches et laisse la finition à Joseph Rubinstein, comme pour la minisérie Wolverine. le lecteur reconnaît tout de suite la patte de Miller, et éprouve régulièrement l'impression qu'il met en scène Captain America comme s'il dessinait une histoire de Daredevil. L'histoire le confronte à un groupe d'individus qui se font une idée des États-Unis excluant certains groupes d'individus. le lecteur apprécie cette histoire patriotique dans le bon sens, avec des dessins vivants, tout en se demandant pourquoi Captain America prend les postures de Daredevil.

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- épisodes 302 à 306 (scénario de Mike Carlin, dessins de Paul Neary, encré par Dennis Janke) - Avec l'aide de Nomad (Jack Monroe), Captain America se bat contre Batroc qui lui a piqué son bouclier, observé par Zaran et Machete. Puis il va récupérer son bouclier dans les industries Stane qui essayent de recréer l'alliage de métaux dont il est fait. Enfin il se rend en Angleterre pour se battre contre Mordred, aux côtés de Captain Britain (Brian Braddock).

Mike Carlin a la lourde tâche de succéder au deuxième passage de John-Marc DeMatteis sur la série, en tant que scénariste de 1981 à 1984, des épisodes 267 à 300, avec quelques exceptions. Il réalise des épisodes de superhéros de facture classique, avec une vague pointe d'ironie quant à la motivation de Batroc. Captain America affronte ses ennemis les uns après les autres, sa vie personnelle évolue à la vitesse d'un escargot asthmatique. Paul Neary réalise des pages assez agréables à la vue, avec une densité de décors très variable, et des postures de Captain America fortement influencées par Mike Zeck, avec un peu de John Byrne. Ces épisodes se lisent vite, et s'oublient aussi assez vite.

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Épisodes 307 à 317 (scénario de Mark Gruenwald, dessins de Paul Neary, encrage de Dennis Janke, à l'exception de l'épisode 313 encré par Al Williamson) - Au fil de ces épisodes, Captain America se bat contre Madcap, un drôle de gugusse avec un pistolet à bulles, puis c'est autour de Nomad (Jack Monroe) d'en faire autant. Il se bat contre Armadillo, un individu à la force augmentée qui veut récupérer le corps de Giant Man, puis qui s'enrôle dans la fédération de catch de classe illimitée (UCWF, Unlimited Class Wrestling Federation). Il est confronté à plusieurs membres de la Société des Serpents qui commencent par assassiner MODOK, puis qui tentent de récupérer son corps dans une morgue. Il fait face pour la première fois à Flag-Smasher (Karl Morgenthau), un individu qui brûle les drapeaux (même Old Glory) pour lutter contre la notion de pays, et contre les frontières. Il fait face à une demande de Nighthawk (Kyle Richmond) du Squadron Supreme, assez délicate. Enfin, il essaye de récupérer Crossfire (William Cross) avec l'aide d'Hawkeye (Clint Barton) pour qu'il soit présent à son procès.

En page 143, ce tome contient le courrier des lecteurs du numéro 306, dans lequel Mark Gruenwald explique qu'écrire les aventures de Captain America constitue un de ses objectifs dans la vie, ce qui l'a conduit a abandonner le poste de responsable éditorial de la série pour en assumer le poste de scénariste, alors que Mike Carlin s'en va écrire la série The Thing, et devient le responsable éditorial de Gruenwald sur la série Capain Amercia. de fait, Mark Gruenwald (1953-1996) a été le scénariste de la série Captain America du numéro 307 à 443 (à l'exception du 423), soit pendant 10 ans de 1985 à 1995, tout en devenant un responsable éditorial de premier plan pour Marvel. Avec ces épisodes, le lecteur découvre le début d'une ère significative dans les aventures de Captain America.

Dans ces épisodes, la narration de Mark Gruenwald se caractérise par sa pesanteur textuelle. Un épisode se lit en 2 fois plus de temps qu'il n'en faut pour lire un numéro des années 2010, le scénariste se montrant très explicatif, au travers des phylactères des personnages qui expliquent ce qu'ils font, et des bulles de pensée dans lesquelles ils commentent ce qu'ils vont faire, ainsi que leur ressenti. Il s'agit d'un mode narratif à destination de jeunes adolescents, encore marqué par la nécessité d'être verbeux pour prouver par la quantité de mots que les comics ne sont pas à destination des illettrés. Chaque histoire est résolue en 1 ou 2 épisodes, et la dimension feuilletonnesque des relations interpersonnelles progresse lentement au fil des épisodes, avec une sensibilité assez basique. Lire ces 11 épisodes à la suite permet également de constater que Mark Gruenwald fait progresser son intrigue globale le temps d'un ou deux épisodes, puis en intercale un qui n'a rien à voir (avec la Société des Serpents), puis y revient. Chaque épisode comporte son lot de confrontations physiques, respectant ainsi les conventions propres aux comics de superhéros.

De prime abord, les dessins de Paul Neary ont un aspect passe-partout qui les rend agréables à l'oeil sans être remarquables. Ils présentent un côté descriptif, avec une simplification pour être facilement lu par de jeunes adolescents. Néanmoins, il prend le temps d'inclure des détails pour certains décors : les masques dans un magasin de farces & attrapes, la technologie en carton-pâte dans le laboratoire du professeur Karl Malus, l'étrange ameublement dans la chambre de Madcap, la table de réunion dans les locaux de la Société des Serpents, les bottes de paille dans la grange abritant Awesome Android, les appareillages dans le centre de communication de la hotline de Captain America, la machine à écrire géante dans un entrepôt abandonné, etc. Les expressions des visages sont également simplifiées, les personnages ayant souvent la bouche ouverte découvrant une zone blanche, mais sans détail de la dentition. Les gentils sourient régulièrement, et les méchants grimacent tout aussi régulièrement.

Paul Neary respecte les conventions en vigueur dans les comics de superhéros. Cela commence par les costumes voyants des superhéros et des supercriminels, conçus de façon à attirer l'oeil, sans trop se préoccuper de leur praticité (Princesse Python portant des talons hauts), ou des couleurs improbables (le costume rose de Diamondback), ou encore de leur forme (l'étrange décolleté asymétrique de Nomad). Il est difficile de s'enthousiasmer pour une planche qui en mettrait plein la vue, ou pour une suite de cases particulièrement ingénieuses parce qu'il n'y en a pas. Néanmoins le dessinateur réalise une narration graphique facilement lisible, un peu naïve dans sa façon de représenter les personnages et les environnements, avec des enchaînements de déplacements cohérents, y compris pendant les affrontements physiques. D'une certaine manière, les dessins sont en phase avec l'écriture du scénariste qui raconte les aventures de Steve Rogers, en restant à un niveau très humain, sans danger menaçant l'existence de la Terre entière ou de l'univers.

Au cours de ces 11 épisodes, le lecteur assiste à plusieurs apports majeurs dans la mythologie de Captain America. Il y a donc la première apparition de Madcap, ainsi que la première de la Société des Serpents. Cette dernière est composée de Sidewinder (Seth Voelker), Anaconda (Blanche Stiznski), Asp, Black Mamba (Tanya Sealy), Bushmaster, Cobra (Klaus Voorhees), Cottonmouth (Quincy McIver), Diamondback (Rachel Leighton), Death Adder (Roland Burroughs), Rattler (Gustav Krueger), Princess Python (Zelda DuBois). Mark Gruenwald a eu l'idée de créer une association de supercriminels s'inspirant tous d'un type de serpent, même Diamondback (son patronyme renvoie au crotale diamantin de l'Ouest, ou crotale du Texas). Ce qui ressemble à une idée infantile au départ se transforme en un concept qui tient la route, car le chef Sidewinder constitue en fait un groupe de mercenaires, réalisant des missions pour des organisations criminelles, et offrant une sécurité d'un type particulier à ses membres. le scénariste fait en sorte de montrer que chaque membre dispose de ses propres motivations, y compris une tire-au-flanc, et une autre attirée par Captain America. le lecteur est agréablement surpris par la bonne représentativité des femmes dans ce groupe.

Mark Gruenwald va piocher ses idées dans différents recoins de l'univers Marvel, à commencer par certains qu'il a écrit lui-même, comme l'apparition de Nighthawk en provenance directe de Squadron Supreme (dessiné par Paul Ryan & Bob Hall), ou encore la présence d'Hawkeye et Mockingbird, en provenance directe de la minisérie Hawkeye (1983) écrite et dessinée par Gruenwald. Il n'oublie pas sa collaboration avec Mike Carlin puisqu'Armadillo participe au tournoi des catcheurs, organisation qui cause des soucis à Ben Grimm dans la série The Thing. Plus surprenant l'épisode 314 est conçu comme un hommage à Batman, version kitch, avec une machine à écrire géante. Il ne se contente pas de recycler des idées précédentes, puisqu'il développe également la hotline de Captain America, un réseau d'adolescents qui traitent les demandes adressées à Captain America, en les triant et lui signalant les plus importantes et les plus vraisemblables. Il initie également dans ce tome le principe que Captain America est le héros de tous les américains, même ceux qui n'habitent pas à New York. Couplé avec la hotline, ce principe va l'amener à voyager dans les États-Unis, apportant une variété très agréable.

Ce tome 12 de la collection Epic est donc mémorable dans la mesure où il propose de découvrir le début de Mark Gruenwald pour un séjour qui va durer 10 ans. Il ne propose pas d'histoires qui ont fait date pour le personnage, mais une époque qui a marqué de nombreux scénaristes, à commencer par Rick Remender et Nick Spencer qui s'en souviendront quand ils reprendront chacun leur tour la série dans les années 2010. 3 étoiles pour redécouvrir ce début solide, sans être révolutionnaire, 4 étoiles pour les nostalgiques de cette période.
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