AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PhilippeCastellain


J'aime toujours les films de Duvivier. Fernandel savait bien jouer, et les jeux de lumière révélaient un sens artistique profond. Et surtout, sa matière était incroyablement riche. Il y a un grand talent chez Guareschi. En quelques paragraphes, il plante ce petit village au bord du Pô, ses maisons serrées autour de l'église et de la mairie, la richesse de la terre et la misère de ses habitants, ses luttes de clochers et ses histoires d'amours…

C'est la vie d'un village, avec ses joies, ses peines. C'est aussi un monde lourdement, profondément divisé. D'un côté, les communistes ; de l'autre les libéraux. Washington ment beaucoup, et Moscou monstrueusement. Mais dans ce petit village de la plaine du Pô, il n'y a que des hommes qui voudraient rendre le monde meilleur chacun à leur façon, et ce soleil d'enfer qui tape sur les têtes et les échauffe. Pepone est profondément honnête, et voudrait aider les paysans misérables. Don Camillo l'est tout autant, et se démène pour les enfants crevant de faim, les malades, les vieillards aux dos cassés. Au moindre problème sérieux, chacun sait qu'il n'a pas plus grand allié que l'autre.

Les véritables conflits, eux, sont profondément enfouis. Mais il suffit de peu de choses pour les faire ressortir. Soudain, un coup de fusil au coin d'un bois, un corps qui git, un gamin qui a vu quelque chose qu'il n'aurait pas dû voir. Et il n'y a plus ni curé ni maire rouge, juste un homme qui essaye de sauver son ami, mais pour cela tous deux comptent plus sur la main du Christ que sur leurs propres forces…

C'est un monde disparu que celui de Don Camillo. Un monde sans télévision, sans jeux vidéo, sans frigos, sans baignoires, avec une séance de cinéma par an et une voiture pour cent habitants. Un monde heureux pourtant. Et qui avait quelque chose qui fait fort défaut à notre époque : le sentiment très largement partagé que bientôt, très bientôt, le monde deviendrait meilleur et plus accueillant…
Commenter  J’apprécie          456



Ont apprécié cette critique (41)voir plus




{* *}