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Citations sur Au printemps on coupe les ailes des oiseaux (11)

L’armée est en train de gagner [...] J’en ai l’intime conviction maintenant. L’armée nous a baisés le 25 janvier. « Dictateur dégage », ce n’est pas nous. Ce sont eux. Ils se sont servis de notre colère. Ils recommencent aujourd’hui. Et nous, nous sommes trop cons pour nous en rendre compte. Demain, le peuple manifestera, et ensuite ? C’est tout le pays qui va s’enflammer. L’armée et la police laisseront faire car ils n’ont rien à perdre. Les Frères enverront leurs sympathisants qui se feront tirer comme des lapins. Ce sera un massacre.
Hakim avait dit l’impensable. La révolution n’en était peut être pas une. La révolution n’était peut-être qu’un vulgaire putsch. La révolution n’avait peut-être pas eu lieu. Ils n’étaient peut-être rien d’autre que de stupides pantins gesticulant au bout d’une ficelle.
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Ici, on est tous à la merci de la police. On te met en prison juste parce que tu marches sur le mauvais trottoir ! Tu crois vraiment que l’Egypte, c’est la carte postale Sphinx, pyramides et felouques sur le Nil ?
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Personne ne croit plus en une vie meilleure en Égypte. On espère juste rester en vie.
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Personne n’est à l’abri. Qui pourrait les empêcher ? Les gens disparaissent en pleine rue, à la sortie de leur travail, derrière le portail des écoles, dans leur salon. Ils laissent derrière eux un geste, une parole en suspens, une porte qui grince, une clope qui se consume sur le rebord d’un cendrier, un livre ouvert au milieu d’un chapitre, un mari, une femme, des amis, des enfants. Certains sont des militants politiques, mais pas tous. Ils sont boucher, étudiant, pharmacien. Hier, une mère m’appelait pour me raconter que son fils a été attrapé à l’hôpital alors qu’il passait une radio des poumons. Elle n’a retrouvé de lui qu’une gourmette métallique, ses chaussures et le cliché de son thorax. Elle ne reverra sûrement jamais sa gueule mais au moins elle peut suspendre ses poumons dans son salon. Tu vois, Kaouthar, c’est ça , la logique d’effacement.
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L’élan fratricide des Égyptiens avait profondément blessé Halim. Il découvrait chez ses compatriotes un goût du sang qu’il ignorait jusqu’alors. Gamin, il avait toujours connu les Frères de son quartier – le pharmacien, les camarades syndicalistes de son père, et d’autres encore. Il ne comprenait pas. Comment avait-on pu les transformer, en un été, en des moutons bons à égorger ?
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Ils ont laissé ce relais de mensonges prendre trop de place dans leur vie. Elle se lève, arrache la prise, attrape le volumineux objet des deux mains, ouvre comme elle peut la porte d’entrée, laissant derrière elle le câble tressauter stupidement sur chaque marche d’escalier. Elle va la vendre, cette télévision, mettre fin à cette logorrhée incontrôlable du régime. Elle ne lui permettra plus d’entrer ni dans leur salon, ni dans leur tête. Ses images ne peupleront plus leurs rêves.
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Tu vois, Kaouthar, c'est ça, la logique d'effacement. Au début, c'était une immense vague, haute de plusieurs mètres, qui a détruit nos rêves et nos espoirs. Quand elle s'est retirée, on a cru que l'on pourrait reconstruire. Mais non : elle revient sous la forme d'un clapotis insidieux. Elle érode en silence ce qui nous appartient , nous sépare de ceux que nous aimons. Elle nous prend tout sans qu'on s'en aperçoive.
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A l'école, on lui apprenait l'histoire glorieuse de l'armée qui avait dans les années cinquante libéré l'Egypte de la monarchie, de l'exploitation coloniale, et l'avait sauvée de tant d'ennemis intérieurs par la suite. Assise, muette à son pupitre, Kaouthar pressentait qu'elle était née du côté des mauvais, de ces terroristes fanatiques dont parlait la professeure. Elle ne reconnaissait rien de son père dans cette description terrible et pourtant, elle savait sans que personne n'ait besoin de lui dire qu'il était l'un d'entre eux : un Frère, un traître de l'ombre. Cette discordance la jetait dans une émotion trouble. Elle se recroquevillait sur sa chaise et se terrait dans une honte silencieuse.
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On était hier président de l'Assemblée national,
aujourd'hui prisonnier déchu dans un costume à rayures.
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Ils ne sont pas capables de s’arrêter. Ils ne connaissent que cela. Maintenir les têtes sous l’eau, glacer les consciences et les mémoires, faire en sorte que chacun d’entre nous n’ait d’autre réflexe que celui du chien aveuglé par les phares d’une voiture, rester pétrifié et se laisser docilement écrasé sans un cri. L’enfer, avec les disparitions, c’est que la vie continue mais dans l’ombre des choses. Plus rien n’est tangible. On est aux prises avec l’inexpliqué, béant, qui offre un lot infini de scénarios. C’est ici que se loge l’espoir des gens maintenant, dans la possibilité toujours ouverte d’un retour miraculeux. C’est comme ça que le régime tempère les frustrations. Personne ne croit plus en une vie meilleure en Egypte. On espère juste rester en vie.
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