Le paradoxe, c'est qu'à ta douleur d'exister se mêle celle de n'être rien.
Finalement, tu ne supportes ni les pleurs de ton bébé, ni son silence. Les pleurs pénètrent dans ta tête et paralysent ta pensée. Tu deviens pure angoisse d’être ainsi délogée de toi. Mais que le silence se prolonge et c’est la mort qui s’impose.
Ce n’est pas toi.
C’est l’autre.
L’autre, pas toi.
L’autre est autre et toi… t’es toi.
Tais-toi.
Comme elle te semble loin, à présent, la Clara d'avant la grossesse avec ses certitudes et sa lucidité sans faille ! En mettant au monde cet enfant, tu as dangereusement dévié de ta trajectoire.
p. 12 Quand tu vas les voir, tu as froid. Quand tu es chez eux, tu as froid. Et même sur le chemin du retour, tu as froid.
Un microclimat, sans doute.
p. 14 … et qu'elle prend soin des trois plantes anémiques qui te servent de jardin.
p. 25 Mais la vie c'est quoi?
Tu entres en pleurant, tu sors en pleurant et on pose un couvercle en bois.
p. 27 … Depuis toujours, tu te sens responsable de la bonne marche du monde.
p. 31 Déjà que, nullipare persévérante tu te sens constamment écrasée par leur multiparité triomphante.
p. 36 … Au fil des heures, tu surveilles la cuisson de ses jambes velues.
p. 156 … Un bébé chiffré mais pas déchiffré.
p. 172 La pudeur, vous en payez le prix qui a pour nom solitude.
p. 190 Ton bébé t'a été livré sans mode d'emploi?
p. 213 … La vie te tombe des mains, elle se brise sans bruit entre tes pieds nus.
p. 214 Le pire est inépuisable.
p. 244 Les albums. Tu ne les ouvres jamais. Tu crains trop d'y entendre ton regard.
p. 360 - Je me disais : vous avez la main mélodieuse.
…
- … Vous êtes comme un chef de chœur.
p. 451 Mais tu n'es rien. On naît ( ) on meurt. Entre les deux, une parenthèse à remplir.
Le paradoxe, c’est qu’à ta douleur d’exister se mêle celle de n’être rien.
Un bouleversement sans précédent se passe au fond de toi et tu n’as aucune prise. Aucun contrôle. Pas plus sur ton corps que sur tes pensées pagailleuses, cette armée dérisoire qui piétine jusqu’à l’épuisement.
Le paradoxe, c'est qu'à ta douleur d'exister se mêle celle de n'être rien.