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Depuis que Clara est mère, elle sombre dans la folie.
Envahie par une réalité qui n'appartient qu'à elle et par les souvenirs glaçants d'une enfance traumatisante.

J'ai trouvé passionnant d'entrer dans la tête de cette femme qui perd pied entre délires paranoïaques, envies suicidaires et culpabilité. Elle se débat.
Et cette solitude gluante au milieu des autres qui l'étouffe. On voudrait intervenir, changer les dialogues, réveiller tout le monde.
C'est vrai que j'aurais peut-être aimé voir la lumière un peu plus rapidement dans le roman pour mieux respirer mais je serais passée à côté de nombreux sentiments.
Merci à Françoise Guérin
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Il y a tout d'abord le « tu » qui interpelle directement le lecteur, la lectrice en l'occurrence, qui campe le portrait d'une brillante directrice financière, trentenaire mariée et pleinement investie dans son travail, qui rappelle des épisodes de l'enfance, gênants ou cruels, qui cerne l'absence de désir d'enfant… Et pourtant, quand Clara est enceinte, elle et Frédéric, son mari, décident de mener jusqu'au bout cette grossesse qu'il attendait davantage qu'elle. Clara a du mal à réaliser la présence du bébé en elle, et ce jusqu'à l'accouchement, et tout autant à s'attacher au nourrisson qu'on lui présente.

Car c'est de cela qu'il s'agit dans maternité, de l'absence d'attachement maternel, du décalage, de l'étrangeté de la situation, qui peut aller de quelques heures à quelques jours, ou beaucoup plus, comme dans le cas de Clara, avant de se sentir mère. Cela, et la dépression post-natale qui lui est associée également. Françoise Guérin s'éloigne du polar pour nous livrer ce récit poignant qui fait référence à son travail de psychologue clinicienne. Choquant parfois, lorsque Clara perd complètement pied face à un nourrisson, une tout petite fille pas nommée pendant plus de trois cents pages, précis et tendu tout du long, ce roman se lit d'une traite et avec la gorge nouée. Car une parfaite connaissance du sujet de la part de l'auteure n'empêche absolument pas l'émotion de gagner du terrain, au fur à mesure de la lecture.

Si un ou deux paragraphes m'ont semblé superflus (je pense à la fille à la verrue, par exemple), si la barque maternelle (celle de la mère de Clara, dont je n'ai pas parlé, mais les rapports de Clara avec ses propres parents éclairent la situation) est lourdement chargée, le roman n'en demeure pas moins très réaliste et éclairant sur ce qu'est la naissance de l'amour maternel, cet amour qui ne va pas toujours de soi, d'autant qu'il est censé apparaître à un moment de grande fatigue et de grande perturbation… La bienveillance dont Clara est entourée, de la part de son mari, de sa soeur, d'une amie, des professionnels qu'elle rencontre pour essayer d'arranger la situation, laisse imaginer avec horreur ce qu'il peut en être lorsqu'une jeune mère ne bénéficie pas de ce soutien. Même dans ce cas, loin d'être le plus noir, on tourne les pages en espérant du fond du coeur une éclaircie bienvenue !
Un roman troublant et essentiel.
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Clara planifie tout, excelle dans son travail mais beaucoup moins dans l'expression de ses sentiments. Quand elle décide de programmer sa première grossesse, laisse-t-elle vraiment parler son désir ?
Dotée d'un mari compréhensif, aimant et doué pour les mots (il enseigne le français et adore le théâtre), qui de surcroît fait office de médiateur entre Clara et ses parents quelque peu particuliers, la jeune femme a tout pour mener à bien sa grossesse et élever son bébé.
Mais, elle ,qui veut à tout prix être une mère ordinaire, ne parvient pas dans sa volonté de contrôle pour juguler l'angoisse,à accepter l'aspect qu'elle qualifie de" sauvage" de sa fille : "De cette mère qu'elle entend posséder , elle revendique la pleine jouissance et non l'usufruit que tu lui accordes. Elle n'est que pulsion illimitée." Il faudra d'ailleurs attendre la page 375 pour connaître enfin le prénom de cette enfant que ses parents appellent "la petite tigresse".
Avec cette naissance, Clara se trouve reliée à une histoire transgénérationnelle perturbée qui la verse dans la dépression, lui fait côtoyer la violence, voire la folie.
Françoise Guérin aborde ici sans tabous des thèmes puissants et dérangeants liés à la Maternité. Sans rien édulcorer, elle nous propose ici une vision débarrassée de tous les clichés liés à ce thème et , ce faisant, tend aussi la main à ces milliers de femmes " [...]silencieuses, honteuses. Des milliers à ne rien oser révéler de la chute vertigineuse que constitue, pour vous, la maternité."
Un roman intense, qui charrie les pulsions mises à l'oeuvre dans ce chamboulement physique, hormonal , émotionnel qu'est une naissance. Dévoré d'une traite et piqueté de marque-pages, tant les formules abondent dans ce texte et tant l'écriture est évocatrice (la description du nouveau-né rampant à la découverte de sa mère est exceptionnelle !).
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Un livre que j'ai lu quasi d'une traite, d'une grande richesse clinique. le portrait d'une femme qui s'est barricadée au plus profond d'elle-même pour échapper à la souffrance de son enfance, souffrance qui va la rattraper lorsqu'elle décide de mettre un enfant au monde.
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« Ce n'est pas toi.
C'est l'autre.
L'autre, pas toi.
L'autre est autre et toi… t'es toi.
Tais-toi. »
Clara est mariée à Frédéric. Elle est DAF (Directrice Financière), il est prof (de français). Elle, ce sont les chiffres, lui, les mots. Dès qu'on la rencontre, elle s'enorgueillit de son côté contrôle freak. Rassurée par la cohérence des choses (avant elle disait logique, mais cohérence la séduit plus), elle est assez imbuvable. Même carrément antipathique, en fait (limite trop : « femme de ménage, un accessoire de bureau qui revient à heures fixes, le temps d'accomplir une tâche subalterne »). Et puis Clara décide de devenir maman… Françoise Guérin, qui signe ici son premier roman non policier, est par ailleurs une autrice reconnue de nombreuses excellentes nouvelles et la créatrice de Lanester, rendu célèbre par son adaptation avec Richard Berry. Elle est également psychologue clinicienne et spécialiste du lien parent-bébé, c'est dire si elle sait de quoi elle parle dans ce roman. Car Clara ne suit pas le parcours « ordinaire » (elle qui travaille tellement fort à le paraître). Lorsque sa fille naît, cela déclenche un processus effrayant au possible de souvenirs irrépressibles et de comportements dérangeants. C'est un roman qui remue beaucoup, qui vient poser des mots sur des bribes de choses vécues par tout le monde, en tant que parent, enfant, conjoint ou simple témoin médusé parfois. Il exprime une grande souffrance et tout l'art de la romancière est de parvenir à nous faire reconsidérer l'héroïne malgré nous. Il serait tellement plus confortable de la catégoriser une fois pour toutes dans les cinglées et basta mais la vérité n'est jamais aussi tranchée. Tout se mêle enfin pour que notre empathie s'étende à l'ensemble des intervenants et ça fait mouche, sacrément. Assez éprouvant à lire (malgré des petites pépites de phrases qui constellent le texte, volontairement déjà bien aéré), ce roman est bouleversant.
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Ouah! Une héroïne directeur financier! Ouah! le mari prof de lettres! Quelle originalité! Il ne manque plus que des amis conseillers d'état à la cours des comptes, des relations dans le cinéma ou le théâtre, qouâh!, enfin, ma chère, que des gens ordinaires, voyons! le tout raconté au présent comme le veut la nouvelle mode imposée par les scribouillards d'outre Atlantique. Heureusement qu'il y a Joseph Pontus pour nous raconter avec talent sa vie de prolo ("A la ligne") sans quoi j'éprouverais un violent dégoût pour la lecture contemporaine! Je crois que c'est Françoise Sagan qui a dit: "il vaut mieux pleurer dans une Jaguar que dans une 2 CV". Et bien, pleurez mesdames les cadres de multinationales mais sachez que vos histoires m'indiffèrent.
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Auto-psy d'une féminité massacrée.

Portrait terrifiant d'une femme qui a (in)consciencieusement vidangé ses angoisses et traumatismes sur le corps et dans l'esprit de ses fillettes. Épaulée par un conjoint aux abris qui ne sort que pour assurer le back-office et en rajouter.

L'héroïne, une des filles, a appris à "gérer". le savoir. La cohérence. Combler le vide, contrer la violence reçue. Verrouillée de l'intérieur.

Un conjoint formidable. Un bébé ? Pourquoi pas. Sur un malentendu. Ça pourrait bien se passer.

Sauf que, la maternité de la fille métastase la folie de la future grand-mère. Les paroles que cette femme déverse à distance afin de continuer à castrer sa fille, à exporter ses démons, sont d'une violence! Et d'une vérité (celles qui ont vécu une situation approchante apprécieront).

La maternité fait remonter tous les vieux dossiers.
Comment donner la vie, sainement, quand on n'a jamais pu admettre qu'on avait pu habiter le corps de cette furie. Quand on a ingéré le vécu apocalyptique de la furie, et qu'il se réactive. Quand l'effet poupée russes joue à plein régime.

La jeune femme enceinte, accouchante, allaitante, vit une mise en abyme qui ne pardonne pas.
Elle revit, s'observe, se juge. Elle est à la fois sa mère, elle-même bébé, nouvelle mère qui ne sait que mal faire, intolérable sentiment, qu'elle projette à son tour.

Un livre très éclairant.

La 4e de couverture me paraît un peu elliptique. Et la dernière phrase peut être mal interprétée. A mon avis.
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C'est mon amie Stéphanie qui m'a prêté ce roman. J'avais lu "jeunes filles à croquer" que j'avais bien aimé. Celui ci est poignant, beaucoup de vérité, un tabou levé, bref l'auteur m'a embarquée littéralement. le style est bon, ça ne laisse pas indifférent.
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Quand la maternité révèle les non-dits familiaux. Clara, à travers cette étape importante de sa vie de femme, va enfin (re)naitre. Une réflexion sur le poids de l'héritage familial et sur les liens parents/enfant. Françoise Guérin est psychologue clinicienne spécialisée dans la relation mère/enfant.
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Un roman coup de poing, sur les ravages d'une éducation rigide et sur la transmission d'un traumatisme familial, des phrases chocs, c'est puissant et troublant jusqu'à la fin !
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