On ne découvre jamais un auteur par une monographie. On s'est d'abord gorgés de ses travaux pendant des années, suçant jusqu'à la moëlle le squelette de ses livres. Pour Guibert, c'est encore un peu différent tant l'homme a l'habitude de se livrer en préambule de ses ouvrages, lesquels prennent parfois la forme de carnets de croquis -je pense aux excellents
Japonais et
La campagne à la mer-, alors évidemment, la parole de l'auteur, on la connait déjà un peu.
Cette monographie chez l'An 2 rassemble les textes de
Christian Rosset,
Gilles Ciment, Marie Lalouet (une seule page, mais fnalement assez édifiante) et Alexis Laballery. On y apprend rien. Pire, le verbage de
Christian Rosset achève complétement de nous dégoûter.
Je ne comprends pas ce texte (celui de Rosset). Voilà un auteur à qui l'éditeur a sans doute proposé de participer à cette monographie sur Guibert, et cet auteur, non content d'être présent au sommaire nous assène tout du long des "Le Photographe, lu par petites doses ( comme
la guerre d'Alan)", " j'ai trouvé en flânant dans le quartier Beaubourg un exemplaire du pavé de Paris, puis, dans une maison amicale (notez ici que c'est la maison qui est amicale, l'hôte, l'auteur s'en tape) les tomes 1 et 2 du Photograhe"... Voilà donc un auteur,
Christian Rosset, dont l'activité le contraint à dénicher les livres de son sujet... Comprenne qui peut, pourquoi s'adresser à Rosset si ce dernier ne connait pas Guibert, en tout cas son oeuvre ? Quel intérêt ? D'ailleurs ses pages sont autant de stupidités renvoyant à l'expérience de lecture plutôt qu'aux livres eux-mêmes tant et si bien que l'auteur se projette davantage qu'il ne conceptualise l'oeuvre étudiée : un comble.
Pour le reste, après la colère et l'écoeurement, l'introduction par
Emmanuel Guibert vaut à elle seule l'achat du livre. Sa réflexion sur la position "couché" du jeune dessinateur qui tombe par là entièrement dans son dessin est très bien vue. Un enfant sombre dans le livres, il se fait avaler et pourtant c'est lui qui au final digère la lecture. Comme pour l'intégrale d'Alan, Guibert parle très bien, adopte un point de vue et en ce sens est totalement raccord avec sa façon d'aborder son média : réflexion, inspiration, talent, j'aurais aimé que ces auteurs qui se sont coltinés cette monographie en passent par cette trilogie, quitte à se faire un noeud de cerveau, autant parler de Guibert.