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Critique de Cigale17


Merci à Babelio et aux éditions Hugo pour cette sympathique découverte.

Une des citations en exergue de ce roman précise que, en droit international public, une Terra nullius, littéralement « territoire sans maître », c'est soit « un espace terrestre qui n'a jamais eu de statut territorial [soit] qui a été délaissé après avoir été approprié ». le territoire qui nous occupe, celui que nous décrit Victor Guilbert, c'est la deuxième option : un espace abandonné de tous, une décharge à côté de laquelle se sont regroupés des laissés-pour-compte, des paumés de toutes sortes, essentiellement des réfugiés. Jimcaale, entre 10 et 12 ans, on ne sait trop, orphelin somalien, vit avec la vieille Sara, une Éthiopienne qui l'a pris sous sa protection. Il connaît la décharge comme sa poche et il aime se déguiser : super-héros pour les uns, chevalier pour les autres, mais petit héros infiniment sympathique, solaire. À la fin du prologue de 4 pages, vous le savez : « au matin du sixième jour, Jim sera mort ». Qui donc avait intérêt à tuer ce petit garçon ?
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Après le prologue, le récit est divisé en 6 jours bien remplis. Deux narrateurs interviennent irrégulièrement. L'inspecteur Hugo Boloren se raconte à la première personne, et un narrateur à la troisième personne prend le relais. Plus Hugo prend de la place dans l'enquête, plus ce deuxième narrateur s'efface. La présentation des personnages du commissariat parisien m'a un peu essoufflée avec une accumulation de détails que le lecteur est censé connaître puisqu'il s'agit de la deuxième enquête de l'inspecteur Boloren. Cependant, cette impression de trop-plein s'efface rapidement, malgré la présentation des policiers de Lille : c'est dans la banlieue de cette ville que se déroulera l'enquête. Hugo Boloren accompagne sa mère, célèbre journaliste, qui doit consulter un spécialiste de la maladie d'Alzheimer dont elle est maintenant atteinte. Il se retrouve mêlé à cette enquête par pure curiosité et parce que son patron connaît bien le commissaire lillois.
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Même s'ils ne se ressemblent pas vraiment, l'univers de Victor Guilbert et son Hugo Boloren m'ont semblé avoir quelques points communs avec le monde de Fred Vargas et son Adamsberg : deux policiers bien improbables évoluant dans des décors réalistes, prétextes à souligner des manques et des dysfonctionnements de notre société. Ils sont accompagnés de personnages secondaires, dont certains assez fouillés pour qu'on s'attache à eux. Un de ses collège décrit Hugo Boloren comme « sympathique, lunaire, agréable, indépendant… et préoccupé ». Ajoutons que l'inspecteur ne sait pas mentir et qu'il redoute les survenues de la bille dans sa tête. Il matérialise ainsi, je crois, ce qu'il ressent quand ses intuitions et ses déductions se rejoignent pour devenir cohérentes. N'empêche, il aimerait bien se débarrasser de cette bille qui provoque chez lui une sorte de transe momentanée qui s'apparente à une crise d'angoisse pour un observateur et qui l'amène à douter de ses compétences. La fantaisie et l'humour de Victor Guilbert ajoutent de l'intérêt à cette histoire complexe : plusieurs puzzles à assembler, mais les différentes pièces trouvent leur place à la fin. J'ai bien aimé ce roman à énigme, et maintenant, je me sens obligée de lire Douve pour savoir comment Hugo avait perdu sa bille, comment il a pris du plomb dans la main, pourquoi sa copine l'a quitté, etc. C'est bon signe...

Petit irritant : un personnage a des cernes sous les yeux, et le mot « cerne » qui revient plusieurs fois pour le décrire est considéré comme un mot féminin...
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