Il en faut parfois, de la force, pour s'extraire du quotidien, s'aérer, sortir et rentrer à pied, redevenir touriste chez soi. (p 39)
Je repense à ce moment, je revois cette fossette, je me dis qu'elle n' a pas de chance, cette jolie comédienne. Il y a quelques années, tous les sourires du monde lui disaient qu'elle était jolie. Aujourd'hui, elle croit seulement qu'on vient de la reconnaître. Etre connu, on le sait, ça doit être pénible. Etre semi-connu, c'est peut-être pire.
Il y a des jours tout de même où le lien social doit bien s'accrocher.
C'est étonnant, la nostalgie de rien, ça vous prend sans prévenir, et ça vous emmène loin.
On nous dit que le lien social se délite. Mais parfois il ne fait que se cacher sous le stress du quotidien, n'attendant qu'une minuscule occasion pour se manifester. (p 23)
On peut aussi penser au nombre de personnes qui s'écartent pour nous laisser passer, à ces mains qui bougent sur la barre centrale pour laisser la place à l'autre, à ces remerciements tout en silence, à ces regards qui se croisent, à ces bouches qui s'élargissent en recevant un sms, à toi hier qui as laissé ta place à la femme enceinte, à ces trois mots échangés impromptu, à vous madame qui n'avez rien dit quand on vous a bousculée involontairement, à ces trois jeunes à capuche qui squattaient l'escalator, à toi qui derrière eux, au lieu de maugréer "Pourraient pas se pousser ces petits cons", as murmuré un "Pardon" poli, et à ce gamin qui s'est poussé en s'excusant, hop, parfois la vie est si facile.
Parfois.