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Critique de raton-liseur


Monologue de deux jours d'un homme qui voit sa vie se déliter peu à peu. Retraite, retour en province, un ménage qui bat de l'aile. Deux jours qui sonnent comme le début de la fin, celle que l'on ne s'avoue pas, celle d'une vie sans relief.
Livre court, tout entier fait de la triste solitude d'un homme passé à côté de tout mais qui n'attendait rien d'autre de la vie. Une vie qui s'est déroulée comme une mécanique bien rôdée qui n'a jamais nécessité l'intervention de personne et qui s'achèvera dans la même indifférence qu'elle s'est déroulée.

Ce livre n'est pas le plus représentatif de l'oeuvre de Louis Guilloux, cet écrivain breton et communiste du siècle dernier, mais il est le dernier roman qu'il a publié, deux ans avant sa disparition en 1980. Et le récit de cette fin inéluctable prend alors un autre relief. Il a l'amertume d'une vie qui s'en va sans s'être trouvé un sens, et, chose étonnante, il n'a pas la veine militante dont Louis Guilloux a fait preuve toute sa vie. Je pensais que le Coco du titre serait un communiste sur la fin, mais je n'ai aucune idée, après avoir refermé ce livre, des opinions politiques du narrateur, et c'est le coco pauvre type et non le coco rouge qui narre cette histoire depuis le seuil de la vieillesse.
Ce livre, sous-titré « Essai de voix » est à la fois une réflexion sur le temps qui passe et un timide essai stylistique pour sortir des conventions de la narration. S'il n'égale pas le grand chef-d'oeuvre de Louis Guilloux qu'est le Sang noir, et s'il semble dénoter parmi ses livres sur la grandeur ouvrière (Le pain des rêves) ou la lutte politique, ce court roman dévoile une facette de l'auteur qui ne m'était pas familière, plus humaine, plus résignée. Plus lucide peut-être aussi, une facette qui décrit les limites de la philosophie de l'absurde popularisée par Camus et dont Louis Guilloux est un précurseur.
Je referme ce livre avec la gorge serrée, quittant ce personnage dont je ne connais même pas le nom et qui me fait penser à mes grands-parents qui eux aussi reprenaient le chemin de leur ville de Bretagne pour prendre leur retraite. Serons-nous tous ainsi lorsqu'il nous sera donné de savoir que les années et les projets sont dorénavant derrière nous ? Donner un sens à sa vie, vivre sans regret, est-ce bien possible, est-ce bien raisonnable. Est-ce seulement possible ?
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