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EAN : 9782070369096
512 pages
Gallimard (11/01/1977)
3.69/5   50 notes
Résumé :
Juste avant 1914, dans une petite ville bretonne, près de la cathédrale, vit l'infâme rue du Tonneau, avec ses taudis, ses maisons de prostitution, ses cafés douteux.
Une écurie sert de logis aux Nédelec, la mère, les deux enfants et le grand-père, tailleur qui fait vivre tout le monde et travaille jusqu'à ce que mort s'ensuive. Puis arrive la cousine Zabella, personnage haut en couleur.
La poésie, l'amour, la noblesse du cœur illumine ce récit, le pl... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Au début du 20ème siècle, la rue du Tonneau à Saint Brieuc est une rue mal famée où la misère et la pauvreté suintent par les pierres disjointes des maisons. C'est dans une ancienne écurie que vit le jeune narrateur avec ses frères, dont Pélo lourdement handicapé, sa mère et son grand père, qui par son travail de tailleur fait vivre toute la famille et remplace le père disparu mystérieusement.
La mort du grand-père marque un tournant dans la vie de cette famille qui attire soudainement les services sociaux de la ville. Elle est relogée dans un petit appartement, le comble de la modernité aux yeux de l'enfant. Pélo, "le petit béquillard" est pris en charge par une comtesse et envoyé dans un sanatorium pour être soigné. La cousine Zabelle rentrée au pays avec le pauvre Michel son mari et le Moco, son amant, renoue avec la famille. Cette personne frivole et impulsive accueille le jeune narrateur et lui fait découvrir une existence de luxe, de légèreté et d'arts mondains.

le gamin qui nous livre ses impressions, ses observations ne s'attarde pas sur la misère et la pauvreté, la crasse et l'ennui qui sévissent au début du XXème dans la rue du Tonneau. le texte est lumineux, drôle et tout auréolé des rêves de l'enfant. Louis Guilloux utilise son talent de conteur pour faire vivre la place aux ours, son activité grouillante et bruyante. Il pose un regard émerveillé et curieux sur tout ce qui bouge et s'agite autour de lui. L'enfant se forge déjà une conscience clairvoyante des disparités entre les classes sociales et rêve d'un monde plus juste.
le pain des rêves est un très beau livre sur l'enfance; il dit l'amour, la générosité, le courage... tout ce qui constitue le luxe des pauvres.



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Louis Guilloux livre ses souvenirs d'enfance à travers deux personnages de sa famille
- son grand-père
- la cousine Zabelle
Enfance pauvre où le grand-père s'échinait du matin au soir à son métier de tailleur.
Cette première partie est émouvante, même si le style est simple et désuet.
La seconde partie, dédiée à l'extravagante cousine Zabelle ; flanquée de son mari, « le pauvre Michel », et de son amant apathique, est beaucoup plus vivante et attrayante.
Certes, le texte a un peu vieilli, mais il n'est pas lassant pour autant et se lit sans déplaisir.
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Roman social ? Souvenirs d'enfance, romancés notamment par l'éviction de la figure paternelle, remplacée par celle d'un grand-père tailleur ? Pourtant, le véritable père de Guilloux, héros vénéré de la Maison du peuple, cordonnier et militant socialiste émancipé, n'était pas inconnu des lecteurs : cela induit à écarter en grande partie la qualification d'autobiographie de cette oeuvre.
Rédigé « au plus noir de l'Occupation », lorsque l'amertume de la vie publique pousse sans doute à l'introspection intimiste son auteur qui a déjà connu la gloire avec le Sang noir et la reconnaissance politique – comme secrétaire du premier Congrès mondial des écrivains antifascistes, puis responsable du Secours rouge venu en aide aux réfugiés de l'Allemagne nazie ainsi qu'aux Républicains espagnols – ce roman parle de l'enfance d'un petit garçon au sein d'une famille qui survit au seuil de la misère, la veille de la Première Guerre mondiale. le père les a abandonnés dans des circonstances qui lui sont incompréhensibles mais qui sont sans doute tragiques, le vieux grand-père, jusqu'à son décès, assume le rôle de nourricier. Puis, une autre figure tutélaire fait apparition : une cousine Zabelle fantasque et caractérielle, accompagnée d'un mari soumis et d'un amant maquereau. le roman-fleuve se divise en deux parties nommées d'après ces deux personnages, scandées par l'unique événement crucial faisant avancer le récit : la mort du grand-père accompagnée par la réalisation de son étrange prémonition d'une mirobolante ascension sociale de ses descendants. La substance du roman, ce sont donc les formidables descriptions des personnages hauts en couleur qui habitent cet univers de pauvreté, de rêves d'émigration par la mer ou a minima par la montée à Paris, de nostalgie et d'inadaptation déprimée lorsqu'on en revient, en bref, de bizarreries telles qu'elles peuvent apparaître aux yeux d'un enfant à l'imagination féconde. Mais si ce monde est peuplé d'êtres excentriques voire fantastiques, ni la langue ni les réflexions ne sont restituées d'après l'expression d'un enfant : nous ne sommes pas en présence d'un ancêtre de la Vie devant soi (1975) d'Emile Ajar-Romain Gary. Au contraire. le style est délibérément très construit, ampoulé et même carrément désuet – cf. la scène explicitement molièrienne de la « pluie de pièces » (cit. 2 infra.) - comme aurait pu l'être le ton d'un homme déjà vieux commentant en lieu et place de l'enfant narrateur – alors que l'auteur n'était pas âgé à la parution de l'ouvrage. Par contre, insensiblement, on assiste à la maturation du garçon, qui dans l'excipit s'adresse à son grand-père pour lui signifier qu'il est devenu un homme, sans qu'il y ait eu pourtant d'événement décisif ni d'initiation qui pût l'attester. Peut-être habitués désormais à une forme de récit plus contemporaine, avons-nous perdu la sensibilité aux mouvements imperceptibles de l'âme et sommes-nous plus tributaires d'une action éclatante ou d'un symbole explicite qui vienne scander les périodes de la vie...
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Louis Guilloux (1899-1980) journaliste, natif de Saint-Brieuc, publie son premier roman en 1927 et en 1935 le Sang noir rate de peu le prix Goncourt (raflé par Joseph Peyré avec Sang et Lumière). Ses convictions humanistes le conduiront à devenir secrétaire du 1er Congrès mondial des écrivains antifascistes et responsable du Secours Populaire. le Pain des rêves date de 1942.
Peu avant 1914 dans une petite ville de Bretagne. le narrateur, un jeune enfant d'une dizaine d'années, vit dans une ancienne écurie avec sa mère Mado, son grand-père paternel et ses frères. le père ayant abandonné femme et enfants, le grand-père fait survivre la maisonnée grâce à son métier de tailleur ou plutôt ravaudeur. Un des frères du narrateur, marin au long cours, n'est jamais là tandis que Pélo, le cadet estropié, végète dans un fauteuil. Dans ce monde de pauvreté, débarque la cousine Zabelle, venue de Toulon avec son mari, son amant, son clebs adoré… et tout va changer… !
En partie autobiographique, le roman est en deux parties. La première retrace les conditions de vie de la famille du narrateur, la seconde voit entrer en scène un personnage exubérant, la cousine Zabelle. de l'ombre à la lumière, mais toujours avec le regard d'un enfant, ce qui nous vaut un roman initiatique.
Dans cette première partie, si le lecteur adulte devine la grande détresse matérielle des protagonistes, celle-ci se trouve adoucie par le regard innocent que porte sur elle l'enfant, d'autant qu'il est un peu rêveur aux dires de son instituteur. Par contre son étonnement est grand : portraits saisissants des gens peuplant son quartier et la rue du Tonneau à la triste réputation locale, comme ce Durtail, le tonnelier qui voudrait être marin. A moins que ce ne soit de l'émerveillement devant la procession religieuse ou plus encore avec la parade du cirque ambulant (seule la parade est gratuite)… Et si l'école apporte ses moments difficiles, engueulades du maître, elle sait aussi offrir des heures enchantées.
La seconde partie, plus solaire, explose d'agitation et de surprises renouvelées avec cette Zabelle, une cousine éloignée et inconnue de l'enfant qui débarque en fanfare dans l'univers morose de nos Bretons. Avec sa petite troupe (mari, amant, chien) docile et entièrement à sa botte, elle va régenter la vie de Mado et de son fils, qui entretemps ont vu leurs conditions de vie s'améliorer un peu grâce aux bonnes oeuvres d'une comtesse.
Si le roman s'achève sur une fin un peu abrupte, il n'en reste pas moins magnifique à tout point de vue. L'écriture est superbe sans être datée, ce que certains pourraient craindre au regard de sa date de parution. Mais on en retiendra surtout, l'empathie profonde de l'écrivain pour tous ses personnages, un quasi amour pour ces pauvres gens, sans jamais tomber dans le pathos dégoulinant de mièvrerie. Jamais Guilloux ne cherche à tirer une larme au lecteur, au contraire, par le biais du regard d'un enfant, il réussit à rendre la misère heureuse – si j'ose dire – car elle n'est pour lui que source d'étonnement.
Un très beau roman que j'invite tout le monde à lire.
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L'écriture a un peu vieilli mais reste belle et surtout très soignée...L'histoire de ce garçon perdu dans ses rêves sert de décor à une peinture de la vie dans une petite ville bretonne juste avant la guerre de 14. Un beau roman, un peu long , la fin se présente étrangement: "Dieu puissant! Faut-il donc achever ce livre sur de telles images!"...Mais non, il y aura encore quatre pages après cela.
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critiques presse (1)
Actualitte
05 février 2019
Ici vit la famille Nedelec, la mère, deux enfants et le grand-père. Sauf que la misère ici ne renvoie pas à des images stéréotypées, pas plus à celles, misérabilistes, d’ivrognerie et d’oisiveté qu’à celles d’un ménage ouvrier exemplaire.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Je doute qu’aucun amour vaille celui des pauvres. Le nôtre était un amour religieux. Nous savions(...) que cet amour-là n’était possible qu’à l’intérieur d’une certaine catégorie, qu’il n’était propre qu’à de certains êtres, vivant dans des conditions définies : les nôtres. Et qu’au-delà de nos frontières, il perdait non seulement sa vertu, mais devenait incompréhensible et honni.

(...) Oui, nous savions, et peut-être même était-ce ce que nous savions le mieux, que cet amour tirait sa plus grande force du fait qu’ailleurs nous n’étions pas aimés.
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Un quartier d’artisans – mon grand-père était leur doyen – de plâtriers, de maçons, de terrassiers. Un quartier qu’en certaines occasions, on disait «historique» (...), mais qu’en toute autre occasion, on désignait comme une «verrue». Un jour ou l’autre, la verrue sauterait.(...)

Par là, me donnait-on à penser que mes pareils et moi nous formions sur la terre un objet de scandale, une malpropreté. N’était-il pas évident, lorsqu’« ils » parlaient de la « verrue », que c’était l’ensemble qu’ils voulaient dire, n’oubliant pas, dans l’habitation, l’habitant, mêlé avec sa vermine ? Telle est la première idée abstraite qui se soit formée en moi. C’est ainsi que commença ma vie spirituelle.
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"- Ah! si j'étais le roi!
Ainsi pensais-je, en rentrant à notre écurie, après la classe...
Roi, le Bonheur était mon ministre!
La paix eût partout régné. Nul n'aurait plus tremblé pour sa paillasse ou pour sa marmite...
Au plan d'embellissement de la ville comme j'eusse travaillé! Mon règne, c'était une fête. Les riches n'étaient plus nos ennemis. J'avais converti leurs coeurs. Enfin! Enfin! Nous nous aimions! Ils ne parlaient plus de nous comme d'un opprobre, notre quartier n'était plus une verrue... Nous étions tous des hommes."
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Tous les enfants ont eu leurs songes bercés des plus beaux contes de fées. Comme les fées ne coûtent rien, qu'elles sont à tout le monde et partout, comme Dieu, on peut bien croire que, même au fond de la plus grande pauvreté, elles ne nous trahissaient pas.
Commenter  J’apprécie          140
Oui, à l'école parfois, il y avait de grandes heures ouvertes; parfois, car le temps venu, l'instituteur rengainait ses cartes. C'était comme si le ciel s'était couvert, comme si le conte avait menti. Tous ces beaux songes, pleins d'espérance qu'il avait fait éclore dans nos têtes, il fallait les effacer d'un coup, comme, d'autres fois, il effaçait avec son chiffon une phrase écrite à la craie au tableau.
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Vidéo de Louis Guilloux
Une île : Maurice. Quatre personnages : un oncle et sa nièce, une femme qui vient de quitter son mari, un chef de bande assoiffé de vengeance. Une journée où tout va exploser : la cité, les haines et les colères, peut-être l'île aussi. Enfin, d'étranges animaux qui attendent que les humains finissent de se détruire pour vivre seuls, en paix : les caméléons. Unité de lieu, de temps, d'action ; le compte à rebours est lancé, la tragédie peut commencer. Dans ce roman impossible à lâcher, tout à la fois drame social, fable contemporaine et méditation sur l'avenir de notre humanité divisée, Ananda Devi lie le destin de quatre anti-héros qui, sans le vouloir, vont allumer la mèche d'une révolte impossible à arrêter. Avec sa langue tour à tour tendre et ironique, tranchante et poétique, elle nous plonge dans le chaos des hommes, met à nu nos travers et nos fautes, et interroge la possibilité d'une rédemption rêvée. On ne sort pas indemne d'un livre si puissant. Mais on en sort réveillés.
Ethnologue et traductrice, Ananda Devi est née à l'île Maurice. Auteur reconnue, couronnée par le prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises en 2014, elle a publié des recueils de poèmes, des nouvelles et des romans, notamment "Ève de ses décombres" (Gallimard, 2006, prix des Cinq Continents, prix RFO), "Le sari vert" (Gallimard, 2009, prix Louis Guilloux), et "Le rire des déesses" (Grasset, 2021, prix Femina des lycéens).
En savoir plus : https://bityl.co/Jcds
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