«
Malou dit vrai » est un conte orfèvre et magistral sans : « Il était une fois ». Ici, pas d'anti-héros, subrepticement la trame chuchote. L'histoire page à page, voix haute et entrelac. Écoutez !
« Chaque jour de marché, quelque soit la saison, qu'il pleuve ou qu'il vente, On raconte des histoires. »
On, d'aucuns, l'alliage des dires à flanc de village, de recoins, d'ombres pâles dans les ruelles, volets qui claquent afin de retenir les sons qui s'élèvent. Entendre, redire, On, fable, requête, mystère et magie.
« Car On les vend aussi, au poids. »
Collectes des majuscules, points et interrogations, histoires des uns et des autres. Les vérités s'élancent, histoires des uns et des autres. Paraboles mystiques, étranges, ensorcelées. Malou, sorcière métaphysique, rebelle et austère. Acide, caustique, les traits brouillés à la craie, perdition des humanités, des ancestraux grimoires. Qui est-elle ? Ombre, lumière, dualité, l'espace-temps, dangereuse ou blessée comme une biche traquée en plein bois. Non-dits, Ivraie, échine courbée, servante, soumise, « attachée à Malou, corvéable aussi déformée qu'un vêtement trop porté ». Chaque instant de sa vie, elle oeuvre à l'épars, syllabes après syllabes, marche sur les histoires immanquablement des uns et des autres. Elle rassemble les On tels des mages dans les mains de Malou la sorcière, laide, aigrie, sombre et méchante. Mais la légende creuse les sillons. Malou est de dualité. Au préalable reine dans l'entre monde pleine lune. La symbiose des mystères, des non-dits accrochés dentelles flageolantes sur les épaules d'Ivraie, poulbot arraché d'une poubelle, nourrisson jeté en pâture aux abandons ultimes. Il est dit que Malou a été belle, raffinée parfois les On-dit affirment une nonchalance bercée de sang royal.
« Ivraie, elle, se glisse et ondoie telle une ombre au milieu des errants, dont le pas balourd trahit l'ignorance. »
L'écriture de
Gwen Guilyn est un palais d'honneur.
« Les larmes de Grosse Hilde n'ont pas la beauté délicate des chagrins héroïques. »
Théologale, pleine de sens et d'intrinsèque, la rémanence des dires qui jouent à la marelle entre le ciel et la terre dans le plein des pages lumineuses et captivantes. Elles retiennent l'instant qui égrène perle après perle, les passages firmaments.
« Pour la première fois, Ivraie voit Malou pour ce qu'elle est. Vieille, vaine, vaniteuse au point d'exiger du jour lui-même qu'il la flatte. »
Ce récit fantastique, métaphysique est une légende à ciel ouvert. Les familles ancrées dans les souffles des On-dit et des non-dits. le langage caché dans le coffre malmené par les secrets d'antan et les tabous. Fil rouge où il est certifié que tout se déforme, change au vent de la vie, de par les convictions sauvages, parfois intestines encore et les doutes qui confirmeront le Tout un jour certain. le liant des alphabets qui forgent les histoires.
« Nous manquons de douceur, notre danse et notre chant ont la violence d'une naissance. Nous crions nos paroles au patriarche alors qu'il s'avance, encore un peu hésitant, à notre suite. Nous l'entraînons dans un rythme acharné, amorçant la première ligne de notre tissage tandis que la corruption se plie à la forme de nos mots ».
Les connivences vont se retrouver bien au-delà des compréhensions des mondes à bâtir, à corps et à cris, à symboles et voeux. Les faux-semblants effacés dans les vérités exaltés et par les pluies des questionnements. Cette fable-monde est la farandole des paroles insistantes. On aime les ténèbres de ce grand livre qui échappe aux visibilités. On aime les levers des doutes et des mirages à flanc d'horizon. «
Malou dit vrai » octroie le tapis rouge pour la venue des alliances. Ce livre est un tour de manège dans le mystique, l'évasion, les paraboles pesées et recueillies par Ivraie. «
Malou dit vrai » est le macrocosme des On-dit et des non-dits. Les héritages qui forgent les identités intérieures. Époustouflant et initiatique. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions Indépendantes 2021. Publié par les majeures Éditions du Panseur.