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Critique de GeorgesSmiley


Brillant, subtil, profond. Je referme ce récit aussi surprenant que passionnant et j'observe la photo de cette jeune écrivaine dont je viens de découvrir le second roman. Une épaule plus haute que l'autre, une légère esquisse de sourire au coin des lèvres et deux yeux, braqués sur l'objectif, qui semblent vous observer et guetter votre réaction (ça vous a plu ? vous êtes surpris ?). On n'y lit aucun doute, ils semblent fiers et sûrs d'eux… ils ont bien raison.
D'abord, il y a une introduction magistrale, une de celles qui vous happe immédiatement et vous laisse à penser que vous allez lire une histoire de culpabilité et de remords à la suite d'un accident de la route avec délit de fuite. « L'homme, il le percute précisément au moment où il songe que c'est la plus belle lune qu'il a vue de sa vie. »
Un peu plus loin, quand vous apprenez que l'épouse du chauffard est chargée de l'enquête, vous dites alors que le suspens psychologique va se doubler d'une enquête policière et de graves problèmes conjugaux…
Mais ce n'est pas tout : « La femme qui se tient sur le seuil est grande, mince et très belle, mais Ethan ne remarque aucune de ces qualités, focalisé qu'il est sur deux autres éléments : elle est noire et, dans sa main, il y a un portefeuille qu'il connait bien puisque c'est le sien… » Pas de chance ! La victime n'était pas seule et lorsque sa veuve vient faire chanter le médecin, tout se complique encore un peu plus. Pour acheter son silence, il lui offre de l'argent, elle n'en veut pas, mais lui impose de …
Je n'en dis pas plus, le lecteur a le droit de soulever les unes après les autres les poupées russes de cette passionnante histoire.
Mais nous aurions tort d'en rester là, car au-delà d'un scénario tellement bien agencé, il y a la profondeur des personnages, et, au fur et à mesure que leurs motivations nous sont dévoilées, on découvre l'autre richesse de ce roman. Qu'il nous parle du doute qui s'insinue dans le couple au fil des mensonges, des rapports parents enfants ou du lien qui unissait l'épouse à sa grand-mère, c'est d'une justesse et d'une profondeur remarquable. Je garde en mémoire la scène pleine d'émotion où, après la mort de la grand-mère, fille, fils et petite-fille se partagent comme objet transitionnel au deuil un bocal de cornichons. Je pense aussi à une scène à la piscine, une autre dans le désert où deux bédouins, père et fils, savourent leur café du matin devant leur cahutte.
Empathie et culpabilité vis-à-vis des clandestins, femme battue émancipée, barrière raciale entre déshérités, incommunicabilité entre nantis et démunis : «La distance entre l'homme affamé et l'homme rassasié est bien plus grande que celle de la Terre à la Lune » ou dans un couple : « On ne connait jamais vraiment l'autre. Reste toujours un angle mort. », les thèmes nombreux, se succèdent, s'entremêlent.
On pensait avoir affaire à un roman sur la culpabilité et le remords et puis, savamment sans crier gare, l'histoire a évolué et rebondi… Est-ce une histoire d'amour hors norme ? Un reportage sur l'immigration clandestine et le sort misérable de ceux qui ont tout quitté parce qu'ils n'avaient plus rien, ou bien une annexe de médecins du monde, peut-être bien également un bel exemple d'émancipation féminine ou bien simplement un manuel de survie familiale: comment ne pas détruire ceux qu'on aime quand apparaît la lune rouge et que les lions se réveillent…
C'est tout cela, très finement analysé, tout particulièrement la psychologie des personnages dans (j'allais oublier de le préciser) un thriller avec du suspens, des rebondissements et une fin étonnante. Ne passez pas à côté !
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