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Critique de lafilledepassage


Tom, un quinquagénaire aux cheveux grisonnants et frisotants, à la peau pâle et au corps massif, - je prends la peine de décrire physiquement l'homme, les connaisseurs y noteront peut-être la ressemblance avec un certain Thomas - s'ennuie dans sa vie. Employé au Passage Fitness où il vend des compléments alimentaires pour bodybuilders, il ne désire plus sa femme, ne comprend plus son fils, se sent fatigué et cynique, et surtout il éprouve une impression de gâchis quand il considère sa vie. Mais une rencontre très particulière pourrait changer la donne et lui offrir l'occasion d'enfin donner du sens à sa vie. Amis quinquagénaires, rien n'est perdu et ne croyez pas les esprits chagrins et jaloux qui vous condamnent à ne plus rien entreprendre.

L'écriture est facile, on sent que les mots coulent de la plume de Gunzig, et cela en fait une lecture très agréable. Derrière la fantaisie, l'auteur aborde des thèmes sérieux, comme le regard des autres qui nous enferme dans une définition toujours réductrice et erronée, et pourtant si essentiel, ce regard, car « si personne ne vous regarde, rien de ce que l'on est et rien de ce que l'on fait n'a de réalité véritable. » Comme la domination des puissants (les hommes bien souvent à la maison ou les supérieurs hiérarchiques au boulot) sur les plus fragiles d'entre-nous, comme ces types qui ne cessent de répéter à leur compagne qu'elle est une incapable, une idiote, sans aucun droit au bonheur, à la liberté, aux rêves, à une vie meilleure, qu'elle doit déjà être contente et reconnaissante de sa situation. Il nous parle aussi de l'identité – qui est bien plus que des papiers en règle (j'y ai vu un écho au combat des sans-papiers de ces derniers mois en Belgique), du droit à la différence, d'écologie, de spécisme, …. Bref un roman foisonnant, divertissant et intelligent.

Ce conte moderne est donc un roman initiatique qui, comme tous les contes, se termine bien. Thomas Gunzig se serait-il débarrassé de ses vieux démons ? le lecteur sort de ce roman en quelque sorte apaisé, et ça fait un bien fou.

Un grand merci à l'opération Masse critique et aux Editions du Diable Vauvert.
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