Citations sur Les turbans de Venise (21)
En hiver à Venise, l'eau comme les bâtiments sont gris. Mais les nuances en sont différentes, de même que le blanc nacré est différent du blanc de la pleine lune, le vert-de-gris du vert prairie. Un gris tirant sur le noir vient envahir les canaux, la neige recouvre le noir des gondoles comme un manteau blanc.
[...] Giovanni avait songé que l'art ne devait pas seulement consister à toujours répéter le même modèle, que la pâte du génie se pétrissait par le changement, et que l'artiste qui ne craignait pas de changer réussissait à se dépasser.
Il n'était pas seul dans ce voyage entrepris à minuit vers l'ancienne Sérénissime. Il portait en lui l'image d'une ville inconnue dont il connaissait pourtant, d'après les romans, les peintures et les photos, les vieilles bâtisses, les palais somptueux, les places animées, les ponts et les canaux, oui, tout dans les moindres détails, jusqu'au plus étroit de ses canaux. Cette image ne correspondait peut-être pas tout à fait à la réalité mais ne pouvait pas non plus être considéré comme totalement inexacte.
Qu'il était vaste, le monde! Va jusqu'où tes pas te porteront à l'ouest, dirige-toi vers le nord ou le sud, franchis mers et montagnes, passe vallées et plaines, tu ne parviendras pas à atteindre un confin!
Car les tableaux ne parlent pas, la peinture est un éternel silence, peut-être aussi un dialogue du peintre avec lui-même, un long dialogue de toute une vie. Ou la révolte du Verbe dans les couleurs. Lui aussi s'était ;tu pendant des année en peignant, tandis qu'il luttait avec le tracé et la couleur ; il avait toujours dialogué avec lui-même et écouté sa propre voix.
Car les tableaux ne parlent pas, la peinture est un éternel silence, peut-être aussi un dialogue du peintre avec lui-même, un long dialogue de toute une vie. Ou la révolte du Verbe dans les couleurs. Lui aussi s'était tu pendant des année en peignant, tandis qu'il luttait avec le tracé et la couleur; il avait toujours dialogué avec lui-même et écouté sa propre voix.
C'était le gris le gardien des lieux. Il avait désormais autorité sur la nature, c'est lui qui déterminait la couleur de la lagune, des îlots, des canaux et du ciel. Le gris, il ne faut pas le sous-estimer.
C'était le gris le gardien des lieux. Il avait désormais autorité sur la nature, c'est lui qui déterminait la couleur de la lagune, des îlots, des canaux et du ciel. Le gris, il ne faut pas le sous-estimer. En hiver à Venise, l'eau comme les bâtiments sont gris. Mais les nuances en sont différentes, de même que le blanc nacré est différent du blanc de la pleine lune, le vert-de-gris du vert prairie. Un gris tirant sur le noir vient envahir les canaux, la neige recouvre le noir des gondoles comme un manteau blanc. Le rouge bien connu de la ville -les toits, les murs, les campaniles- supplante le blanc. Désormais ce sont le blanc et le gris qui règnent sur Venise, au fur et à mesure que la neige fond le blanc s'affadit tandis que la pluie dresse un rideau de grisaille entre la ville et les eaux.
Un jour Venise sombrera, dit-il au pianiste.
-Oui, monsieur, répondit ce dernier. Si l'on ne prend pas les précautions nécessaires, notre ville se transformera en musée sous-marin.
Kemil crut apercevoir une silhouette dans les profondeurs bleues. Des poissons nageaient dans les étroites rues moussues. En produisant des bulles d'air, un banc de sardines argentées s'engagea dans une maison par la fenêtre ouverte. Un crabe traversa lentement le salon d'un pas décidé.
Qu'il était vaste, le monde! Va jusqu'où tes pas te porteront à l'ouest, dirige-toi vers le nord ou le sud, franchis mers et montagnes, passe vallées et plaines, tu ne parviendras pas à atteindre un confin!