L’aimer toujours… Il lui fallait être raisonnable, rien ne l’empêchait d’être amoureuse de lui ad vitam æternam. Et travailler à ses côtés, devenir l’indispensable éminence grise. Un jour, il la remarquerait.
Les histoires familiales sont impénétrables. Il se résout à la laisser venir. Ne pas la presser de questions, ne pas la froisser. Elle lui expliquerait ce qu’il devait savoir, hors de question de faire une scène. Elle doit être suffisamment perturbée en soi. Toutes ces années…
Quand je pense aux règles de non-fraternisation… On pourrait croire qu’on s’échange des informations sur l’oreiller, qu’on fabrique des délits d’initiés au lit. Pourtant, il n’y a pas d’oreiller, pas de lit entre nous. Et il faut que ça continue sur le même mode.
Parler d’éthique ou de morale dans mon cas peut sembler un peu hors de propos, venir comme un cheveu sur la soupe, et pourtant. Je ne suis pas responsable de mes actions quand il s’agit de lui. Je suis poussée par une force surnaturelle, qui essaie de me montrer quelque chose. Peut-être avais-je besoin de me lâcher, de vivre ma vie, d’habiter enfin mon corps. De donner un sens nouveau à mon existence, d’être jeune et folle avant qu’il ne soit trop tard.
Mieux vaut se payer une fantaisie qu’y penser pendant des jours. On trompe si peu avec le corps… Ce petit accroc à ses années de fidélité n’existera pour personne.
Les couvertures sur fond noir avec un accessoire tendancieux, du masque vénitien aux boutons de manchettes, en passant par la ceinture, les menottes, des fleurs (orchidées de préférence, pour évoquer un sexe féminin) et autres.
Le désir lancinant que j’éprouve à son endroit n’est que le dernier avatar de mon masochisme. Cet amour qui bouillonne en lui, de ma cruauté infinie. Pourtant, je ne regrette rien. Ce n’est pas même le plaisir de la transgression… Une véritable pulsion de mort dans ma vie si parfaite avec Thomas. Antonin en est la victime. La luxure affecte mon jugement ; mon aptitude à distinguer réalité et fiction est mise à mal.
Ma mère est une imbécile qui n’a rien fait de bien dans sa vie, à part peut-être me mettre au monde avec un corps et un esprit qui n’ont rien de désagréable. Et coucher avec un type qui, lui au moins, a une conversation.
Les femmes n’aiment pas être surprises dans un état de faiblesse esthétique.
Il savait aussi qu’il lui fallait l’apprivoiser, mais que, pour une raison qu’il découvrirait ou non, elle restait sur la réserve. Il l’aimait aussi pour ses failles. Il n’y avait rien chez Léna qui ne trouve grâce à ses yeux. L’amour pour toujours ne lui semblait finalement pas une perspective si rebutante que cela.