L'ennui n'est pas un obstacle à la vie de couple.
Ce qui fait un couple, c'est la décision de mettre l'autre au centre de sa vie, du moment qu'elle est connue des deux partenaires.
L'amour est tout ce qui palpite entre le désir et la peur du rejet.
De la passion à l'affection, il y a la différence entre le regard sur un paysage qu'on découvre et celui qu'on pose sur l'endroit où l'on vit.
L'intimité n'est pas un luxe, si l'on définit le luxe comme un phénomène tapageur, exigeant l'admiration du public. Mais l'intimité est un luxe, comme la science ou les arts, en ce qu'elle présuppose la satisfaction des besoins.
L'intime est l'expérience de l'intériorité ou son partage: parce qu'il met en jeu le psychisme, l'intime se distingue nettement de la familiarité qu'on peut avoir avec des choses. A première vue, la familiarité s'attache à des apparences, l'intime ouvre à la profondeur.
L'amour est un excitant. C'est aussi une école de la dissimulation, car chacun fait tous ses efforts pour connaître le jeu de l'autre sans découvrir le sien. Est-ce à moi, est-ce de moi qu'elle sourit ? M'a-t-il regardée ou je rêve ? Cet effort est comme une mise, qui ne cesse de grossir : plus on s'acharne à déchiffrer la conduite de l'autre, plus on s'attache à lui, et peut-être à tort. On ne peut s'empêcher de se concentrer sur des indices, infimes, tout en craignant de se perdre dans de telles pensées - de compromettre ses intérêts, sa dignité, ses attachements antérieurs. (p. 88-89)