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Critique de MaminouG


En refermant "Casting sauvage" d'Hubert Haddad, deux réflexions m'effleurent. Je pense d'abord à la chance que j'ai eue de recevoir cet ouvrage, merci aux Editions Zulma. Je pense aussi que, décidément, non, la valeur d'un récit ne s'évalue pas au nombre de pages. Cent quarante-six pages de mots seulement… mais quels mots ! J'ai eu l'impression, même s'il s'agit là d'un roman, de ressortir d'un bain de poésie.

Damya, une ancienne danseuse blessée dans les attentats du mois de novembre 2015 parcourt Paris de sa démarche mal assurée, à la recherche de potentiels figurants pour le film adapté de "La douleur" de Marguerite Duras. Elle nous entraîne à sa suite dans une traversée de la ville absolument fantastique, teintée de merveilleux, de lumière, de musique. Je me suis souvent demandé qui en était le personnage principal : Damya, ses rencontres, êtres faméliques, indigents, souvent invisibles, Egor, son ancien professeur de danse, Lyle, l'amie qui lui a proposé ce travail de casteuse, ou encore Mathéo qui vit seul sur une péniche ? A moins que ça ne soit tout simplement les rues de la capitale ?

En fait, c'est tout cela à la fois. Mais ce qui, pour moi, domine l'ensemble, c'est l'écriture. Si l'histoire m'a permis de voler, de danser, de claudiquer au fil des rues, des ponts, de traverser les places et de m'arrêter aux terrasses des cafés, si elle m'a permis d'entendre les musiques, de m'apitoyer sur le sort de malingres silhouettes, si j'ai pu suivre Damya dans ses tribulations sans jamais me décourager, sans me lasser du spectacle, sans détourner le regard c'est bien parce que les mots, eux aussi, dansaient, volaient, claudiquaient. L'écriture est sublime qui tient tout autant de la musique que de la poésie et sert la déambulation à merveille. Ciselée telle une dentelle, travaillée, légère et d'une précision sans nom, elle apporte à la fiction une aura digne des plus grands poèmes.

Je n'aime pas les comparaisons et pourtant, pourtant, j'ai cru reconnaître à travers la plume d'Hubert Haddad l'Arthur adoré de ma jeunesse, ses tilleuls verts de la promenade. Si on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans, on l'est encore moins à septante.

Un bijou, un coup de foudre, un livre que je relirai.

Lien : https://memo-emoi.fr
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