"Entre Paris et Alger, il n'y a pas deux mille kilomètres. Il y a quatre années de guerre. Il est inutile d'interroger. Ce n'est pas du voyage, ce n'est pas du tourisme. Les trains ne s'en vont plus pour le plaisir de s'en aller." (p. 98)
" comment apprécier l'effort et s'en réjouir sans les signes habituels de l'épuisement ? "
…Au Sahara le désert n’est pas sale. Son drame est grand. Il ne sent pas l’ennui. Moulay le sait. Moulay n’a plus confiance en les hommes. Alors il a inventé son amour. Il s’est refugié dans son amour comme par tempête on se refugie à l’oasis. Il a relevé le défi, il subsiste. Il survit. Mais lui aussi, comme tout le monde, il s’ennuie. Je ne vois pas pourquoi ces mots dévideraient péjoratifs : l’amour est un passe-temps…
"Il y a longtemps que l'auteur se doute qu'on peut parler de tout dans une maison d'édition sauf de littérature." (p. 55)
"Ce que c'est grand le Bon Dieu! C'est aussi grand que je suis seul"
Le manuscrit ne portait pas de nom d'auteur. Ce dernier, un jour qu'il se trouvait en lyrisme commandé, avait affirmé dans une revue que les bienfaiteurs du rêve voyagent incognito. Il se prenait peut-être pour un bienfaiteur du rêve. En vérité il ne comprenait pas cette façon d'agir qui consiste à dire: "C'est moi!" On dit "C'est moi." Et puis on dit "C'est à moi!" On donne son nom à un enfant. Mais, heureusement, on ne l'appelle que par son prénom. L'hypocrisie patrimoniale que représentait un nom d'auteur sur une couverture le dégoûtait." (p. 13 & 14)
La jeunesse est surtout belle chez ceux qui l'ont perdue, quand on ne l'attend plus. Etre jeune c'est à la portée du premier imbécile venu. Rajeunir, c'est là le tour de force, et c'est déjà du talent.
La femme s'est réveillée. Elle sourit à l'auteur. Pas besoin de dictionnaire. Ce sourire vient d'un village de neige, de cèdres élancés, d'une vallée profonde.
On écoute les vieillards dans ce village, on aime la musique.
On n'est vivant que lorsqu'on aime