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Critique de gavarneur


Le paradis perdu. Lequel ? le texte s'ouvre sur une citation de celui de Milton : « Plutôt régner en Enfer que servir au Paradis », suivi d'une de Trump : « C'est un monde mauvais et méchant ». Mais Trump veut-il y régner, ou bien son slogan « l'Amérique d'abord » est-il un renoncement au monde ?
Benjamin Haddad, jeune chercheur en relations internationales, nous décrypte depuis un think tank de Washington l'action internationale du président des Etats-Unis, et propose à l'Europe une orientation face à cette action.
Assez curieusement, il déclare que Trump fait exactement, à l'international, tout, et seulement tout ce qui était dans son programme avant son élection. Bourdes, mensonges, improvisations, demi-tours : sa gesticulation semble incohérente, mais la ligne directrice reste claire : l'Amérique ne veut plus payer pour imposer sa conception de la démocratie au monde. Si la Russie et la Chine menacent l'Europe, c'est le problème de l'Europe, et que l'Europe s'en débrouille, l'Allemagne n'a qu'à augmenter son budget militaire comme elle l'avait promis.
Et le plus fort, c'est qu'à travers une analyse historique très argumentée, B. Haddad montre que cette tendance a toujours existé aux USA, et singulièrement que Obama avait une position très proche. C'est plutôt la guerre froide qui fait figure d'exception, prolongée par la croisade contre l'axe du mal après le 11 septembre.
Les analyses de B Haddad sont bien sûr beaucoup moins simplistes que ce résumé trivial. Son explication du succès des divers mouvements populistes dans le monde est aussi bien détaillée, et appuyée sur de nombreux rappels historiques. Je ne suis pas forcément d'accord sur les priorités de son discours*, mais comment ne pas le suivre quand il conclue : « […] les libéraux proeuropéens devront apprendre à assumer leurs positions contre les populistes et, comme eux, remettre sur la table les sujets exclus du débat public pour les défendre devant les électeurs : immigration, avenir des institutions. »
Je remercie Babelio et les éditions Grasset pour ce cadeau lors de l'opération masse critique non-fiction. Bien que Trump m'angoisse, je n'aurais probablement pas acheté ce livre, et j'aurais eu tort ( même si, comme Hubert Védrine dans son élogieuse préface, je trouve l'auteur optimiste dans sa proposition de réarmer l'Europe par plus d'intégration militaire) : les analyses présentées sont extrêmement intéressantes.

*Par exemple, il parle à peine du climat et, plus généralement, le fait que Trump rabaisse fondamentalement la Science au profit de ses intérêts propres et d'une certaine religion avait peut-être un rapport avec le sujet. de même l'enlisement américain au Vietnam n'est guère évoqué, alors que ma génération se souvient de ce traumatisme profond qui a changé les États-Unis.
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