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Critique de Totirakapon


'ai vraiment adoré ce livre, qui est un récit très poétique, avec des haïkus de l'auteur, qui nous plonge à la fois dans le Japon traditionnel des peintures d'éventail et dans le Japon moderne avec l'évocation de Fukushima et de ses conséquences.
Aucun exotisme de pacotille et pourtant on se sent totalement au Japon, ou du moins tel qu'on se le représente…Mais sans rien de « japonisant », on pense plutôt à « Soie » de Barrico….

C'est un récit « modianesque », éclaté, où l'on suit, sans ordre chronologique strict, à la fois Hi-han (c'est le seul bémol que je mettrais au livre, ce nom est ridicule et permet des jeux de mots ridicules…), le peintre d'éventail Matabei Reien, le vieux maître Osaki et Dame Hison, un des personnages les plus finement évoqués…

C'est une belle histoire de transmission et d'initiation qui réussit à saisir la grâce éphémère de chaque instant, justement comme dans les haïkus.
L'évocation de la pension de famille est pleine d'implicites et de non-dits et constitue une grande réussite du livre. Elle fait penser à un lieu que l'on pourrait trouver dans un roman de Modiano : où se croisent des personnages singuliers et très improbables, dont on ne connait que quelques parcelles de vie, qui ne sont révélées que par petites touches : le couple illégitime, la vieille fille, le négociant en thé. Tous semblent habiter une maison où le temps s'est arrêté .Il en est de même pour le tsunami et la centrale , tout est dans le non-dit et la suggestion et c'en est d'autant plus fort et angoissant…

Il faut aussi admirer chaque fin de chapitre, dont les phrases sont comme de courts poèmes en prose, parfaitement ciselées, et qui viennent conclure chaque étape et chaque évocation.
Page 34 il contempla le balancement des bambous (alexandrin !) avec une sorte d'allégresse.
Page 45 : Peindre un éventail n'était-ce pas ramener sagement l'art à du vent ?
Page 52 : un haïku «Ni tourment ni deuil
Sur les roses du jardin
Dispersez mes cendres.
Ou encore : Aux yeux de la lune
La cascade et l'avalanche
Ont la même durée.

Un texte splendide, qui raconte une très belle d'histoire d'amitié, de filiation, d'amour, tout étant entre les lignes dans la suggestion et l'évocation. Un récit plein de grâce et de simplicité, de pudeur et de délicatesse….
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