Citations sur Des nouvelles d'une p'tite ville, tome 2 : Juliette (27)
Elle avait toujours pensé qu’elle garderait sa virginité pour celui qu’elle épouserait. En 1954, la religion dominait la population, et ses parents étaient très conservateurs sur ce point. Une femme qui perdait sa virginité avant le mariage était considérée comme une femme facile. Évidemment, l’hypocrisie faisait partie du quotidien des gens à l’époque. Beaucoup d’entre eux avaient goûté au plaisir du sexe sans le crier sur les toits.
Juliette vivait un conte de fées. Un homme d’âge mûr lui offrait la liberté et la volupté. Qu’il soit marié n’était pas un obstacle majeur à ses yeux. Elle acceptait l’idée d’être une femme entretenue, sans même savoir ce qu’il adviendrait de sa personne s’il se lassait d’elle. Le moment présent était rempli de jouissances. Que pouvait-elle attendre d’autre dans sa vie d’adulte qui débutait ?
Fais-lui ton plus beau sourire et détache quelques boutons de ta blouse pour mettre en évidence ta poitrine, et il va t’engager. Ce qui compte, c’est ton entregent.
Les clients vont tout te pardonner si tu exposes tes attributs sans exagération, si tu comprends ce que je veux dire. Y’a pas un p’tit vieux ni un travailleur qui dédaignent d’admirer une jeune femme bien roulée.
Pauvre Yvan ! Mais quand le paraître est plus important que l’être… c’est certain qu’il est dévasté.
Une croissance trop rapide est aussi risquée qu’un ralentissement, et tu as bien fait d’insister sur l’importance d’engager une personne à la main de fer aux comptes clients. Une image vaut mille mots et tu as mis le doigt sur le bobo.
Il y avait toujours un côté positif à une action, même la plus déchirante. C’était le prix à payer pour retrouver l’harmonie dans le couple.
C’était plus agréable de rêver que d’affronter la dure réalité.
Il devint nostalgique, il avait envie de retrouver ce bonheur tranquille quand il n’était encore qu’un gamin. Mais aujourd’hui, il était devenu un adulte et assumait de lourdes responsabilités ; il essayait d’être à la hauteur et il le serait. Peut-être que Juliette l’allégerait en s’acquittant de tâches pour lesquelles il n’avait aucun talent. Il fallait savoir déléguer pour exceller, mais ce jour-là, tout s’entremêlait dans sa tête ; les désirs, les besoins, les devoirs ne formaient qu’une masse informe qu’il ne contrôlait plus.
C’est dur pour une femme seule de faire suffisamment d’argent pour pouvoir en mettre de côté. Aujourd’hui, il faut être deux pour s’offrir du luxe...