AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Bobby_The_Rasta_Lama


"Débranche, débranche, débranche tout
Revenons à nous
Débranche tout !"
(France Gall, "Débranche")*

Bonjour, l'ami !
Voilà qu'on se retrouve à nouveau. Nous sommes encore tous les deux devant l'écran... Quelle vie palpitante.

Tout ça pour dire qu'hier j'étais paumée. L'internet était encore en rade, la nouvelle PS5 toujours "en cours de livraison", et "Voici" expédié en cinq minutes. Il semblerait qu'en ce moment c'est le calme plat, chez les Kardashian. Pour pallier le stress généré par le manque, j'ai décidé de dépoussiérer un peu mon côté intello et j'ai ouvert un livre. Ca vous arrive aussi d'ouvrir un livre pour le lire ? Ou préférez vous lire les livres fermés ? N'hésitez pas à m'expliquer tout ceci dans les commentaires, et si vous m'ajoutez sur Patreon pour 200 euros par mois, je ne vous répondrai pas, mais je vous enverrai une vidéo exclusive où je donne des croquettes au chat.

Mais pour continuer : dans un pareil état, il n'est pas étonnant que cet Opus Magnum sur la liberté d'être Soi qu'est "Débranchez-vous !" (notez attentivement ce point d'exclamation qui transforme le titre en ordre, en lui donnant une inquiétante et presque stressante notion d'urgence) m'est apparu comme une véritable bouée de sauvetage. "Raccroche-toi aux sages paroles, Lama !", me répétais-je en louchant d'un oeil sur le voyant (toujours rouge !) de la Freebox la bien nommée, et d'un autre parcourant les premières pages, qui dévoilent l'horrible histoire de Matt Haig, et les raisons qui l'ont poussé à écrire.
Figurez-vous qu'un jour Matt s'est empêtré dans je ne sais quelle désagréable conversation sur Twitter, avec des gens qu'il ne connaissait même pas, et il ne savait plus quoi répondre. Qui n'a jamais connu cette situation anxiogène ?
Télé, internet, réseaux sociaux, jeux vidéo, journaux, téléphone, publicité omniprésente... toujours plus, toujours plus vite, toujours plus mal. Même Matt était très mal en point, se sentant à la fois connecté et abandonné de tous, un déchirement que je ne souhaite vraiment à personne. Par bonheur, Andrea l'a remarqué (on ne sait pas qui est Andrea, mais c'est peut-être mieux ainsi), bref, "Andrea" l'a remarqué en disant : "Mais bonté divine, regarde-toi un peu, Matt, tu es tellement accro aux réseaux que tu n'est plus qu'une ombre virtuelle de toi-même !" Ce n'est peut-être pas mot pour mot ce que disait Andrea, mais l'idée y est. Matt a compris, et c'était le premier pas vers une incroyable aventure humaine.

Les débuts étaient rudes, car le yoga et la méditation, cette panacée du 21ème siècle, n'étaient d'aucune utilité. Matt était tenté de consulter son portable même dans la position précaire de Kukkutasana. Les méditations sur son mode de vie n'avaient pour effet qu'un bizarre tiktok nerveux dans l'oeil droit, et l'ont même poussé à se poser la question fatale "2B or not 2B ?".
Puis il a pris une décision ultime, radicale et héroïque, en se disant "trop c'est trop, et stop !", et (non sans avoir d'abord partagé cette percutante rime visuelle en "anonyme" sur Babelio) il s'est déconnecté pour une semaine entière ! Imaginez seulement ! Je sais que c'est difficile à croire, mais Matt a vraiment tout débranché, même le frigo, et pendant cette mémorable semaine de la "reconnexion avec soi", il avait tout son temps pour nous concocter ce fabuleux livre. de ce fait, j'hésite si je ne devrais pas écrire un livre sur ce méchant épisode avec des cannellonis avariés de la semaine dernière, car j'ai mis aussi un moment avant de retrouver mes esprits et me reconnecter avec moi. S'il y a des éditeurs intéressés, envoyez un contrat par SMS, et revenons de ce pas au livre de Matt...

Quoi de neuf nous apporte donc ce puits de sagesse, amis branchés et survoltés ? Mis à part la poignante histoire en prologue, la réponse est RIEN. Hélas. Mais si vous ne saviez pas que l'écran fatigue les yeux, ou que la surabondance d'informations inutiles fatigue le cerveau et nuit à la concentration, qu'on nous pousse à la surconsommation tout en nous culpabilisant qu'on consomme trop, lisez hardiment ! Vous risquez même de tomber sur des réflexions intéressantes (par exemple, la différence entre les humains et les robots), le tout abondamment truffé de citations littéraires ; on se croirait presque chez Paolo Coelho, mais Matt a au moins la décence de nommer ses sources.
On a aussi des listes : titres de journaux stressants sur plusieurs pages, "les choses plus rapides qu'avant", "les inquiétudes"... La sueur perle sur le front, les cheveux se dressent, les mains tremblent, et on n'a qu'une envie : arriver enfin aux solutions, retrouver le sommeil, la santé et le bien-être ! J'ai beau parcourir à nouveau les 300 pages, j'arrive toujours à la conclusion que tous les conseils pratiques sont déjà contenus dans la citation minimaliste de Fumio Sasaki qui apparaît au début : "Avoir moins est un bonheur". Pensez-y donc.

Malgré toute la bonne volonté de Matt, le livre me donne une désagréable impression de n'être rien de plus qu'un coup de marteau supplémentaire sur la tête ; un énième livre commercial qui accentue encore les maux contre lesquels il se dresse, ce qui est presque un exploit. Vous pouvez le lire, si le sujet vous intéresse ou si vous voulez ruminer avec l'auteur et mettre des mots sur les maux actuels ; c'est toujours mieux que s'adonner aux jeux de hasard ou poster des citations de motivation sur Facebook. Mais pour aller vraiment mieux, prenez plutôt un bon gros roman d'aventures.
Si chacune de nos expériences négatives devait aboutir à un livre similaire, je n'ose imaginer l'état du marché littéraire dans dix ans.
Une étoile pour la belle phrase de T.S. Eliot qui scintille au milieu des jérémiades sur les fausses distractions, et une demie de plus, parce que malgré tout, Matt semble être un gentil garçon. Quant à l'ultime coup de grâce asséné à son livre par l'éditeur français, qui a remplacé le décent "Notes on a Nervous Planet" par un titre accrocheur à rallonge, il n'y peut malheureusement rien.
Tout est dit ; il ne vous reste plus qu'à jouer, et trouver la bonne réponse à la question :
L'auteur et le protagoniste principal du présent ouvrage s'appelle : 1) Pat, 2) Matt. Vous avez 5 minutes pour jouer, voter, liker, commenter et partager - le gagnant emportera une médaille et un seyant poncho en alpaga tricoté à la main !

*Merci Dorphée, je te dois un Dentastix !
Commenter  J’apprécie          6539



Ont apprécié cette critique (62)voir plus




{* *}