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Citations sur Les étoiles, la neige, le feu (22)

Eteignez toutes les lumières d’une ville, et voyez combien la vie se hâte de retourner aux ombres, à quelle vitesse la crainte ancestrale nous revient des arbres sans lumière et des porches silencieux, tandis que la nuit s’emplit une fois de plus de mufles et de chuchotements, d’ailes râpeuses et de corps pesants qui se heurtent.
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Il n’y avait pas moyen de les suivre du regard dans cette lumière vacillante. A peine en avais-je isolé une sur le fond du ciel qu’elle virevoltait pour aller s’enfoncer dans l’obscurité touffue du bois. Les chauve-souris suivaient une trajectoire spasmodique étrange qui rappelait le vol des papillons, mais en plus rapide et vigoureux. C’était comme si l’atmosphère tranquille et vespérale où elles évoluaient cédait soudain à un coup de vent brusque qui se serait emparé d’elles pour les rejeter sur le côté. Comme si elles étaient soudain arrêtées dans leur vol par une ficelle invisible qui les arrachait d’une secousse à leur parcours.
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Qui sont ceux qui viennent dans cette blancheur, ce lieu distant et glacé, en quête de ce qu'ils ne peuvent nommer? Non pas l'or, sans doute, mais une fortune spirituelle, une fraîcheur qui leur est déniée là d'où ils viennent. Le Nord brille de tous ses éclats, la terre s'obscurcit de nouveau, et la lueur fugitive de la lanterne éclaire les ombres.
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Dans cette existence sauvage, j’ai trouvé un moyen de rentrer de nouveau en contact avec le monde. Un moyen unique. Vivre la vie qui m’attend ici, la vivre pleinement, et me passer de l’autre, celle réglée sur les horloges, les heures, le salaire. Chaque jour, je revis l’espérance du chasseur : le départ et la piste à l’aube. Que trouverons-nous aujourd’hui ?
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Que fait un homme dans un lieu comme celui-ci, si loin et si désert ? Pour commencer, il observe le climat : les étoiles, la neige, le feu. Ce sont les livres qu’il lit la plupart du temps. Et tout ce qu’il fait – du moment où il apporte du petit bois et des seaux de neige à celui où il jette les eaux usées - l’oblige à se tenir sous le ciel nu, loin de ses murs, hors des livres écrits par les hommes, à l’abri de ses pensées pendant un moment. Tandis que je reste là, rafraîchi par le silence et la nuit proche, je me dis que cette vie est la bonne.
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J'appris à lire une piste animale, l'empreinte laissée sur la neige par la patte, l'aile ou la queue. D'une certaine façon, étrange et intuitive, c'était comme si je m'initiais à une langue étrangère où le moindre détail, le moindre accent avait une signification particulière. Cette langue m'amenait pas à pas dans un monde que j'avais, me semble-t-il, connu naguère avant de l'oublier -un monde rempli d'ombres, hanté par les visions encore à moitié présentes du passé. J'y trouvais mes marques, plus ou moins certain -même si j'étais seul, loin de tout ce qui avait entouré mon enfance- que j'étais là où je devais être, à faire ce que je devais faire.
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Je prends la route en sens inverse, vers Banner Creek, je m'enfonce dans les ténèbres éclaircies de neige. Sous la lueur des étoiles, la neige étincelle faiblement. La crête ombreuse et boisée de Richardson Hill s'élève derrière moi. Mes mocassins font doucement crisser la neige sur le bord de la route. Il n'y a pas d'autre son dans la nuit. Rien, pas même le vent.
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Tandis que je le regarde et l'écoute former ses phrases à tâtons, je me rappelle qu'il a toujours été un homme pacifique. Et sans motif, parce que nous avons mis la conversation sur les bois, il me dit :
— Lorsque je coupe du bois, je cherche toujours un arbre déjà blessé, un arbre qui va un peu de travers. J'aime pas couper un arbre sain. Je me dis que peut-être ils ont des sensations, tout comme nous.
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La pêche et la chasse, les baies sauvages, les pièges, le bois pour le feu et la nourriture, tout cela nous est offert par ce pays. Une fourrure de martre est ravissante quand on la regarde à la lumière en la tournant pour la mettre en valeur. Et la viande d’élan est un bienfait, elle nous repaît et nous réchauffe, je n’ai pas à l’acheter chez un boucher. Mais il m’est impossible de piéger et de tuer sans pensée ni émotion, et il se peut que chaque mise à mort m’inflige à moi aussi une blessure légère, peut-être fatale. La vie ici se partage entre le soleil et le givre, entre le sang vif et la sève des choses, entre leur déchéance et leur mort soudaine.
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Je passe un pantalon de laine épaisse sur mes sous-vêtements, puis deux chemises de laine. Sur le pantalon de laine, j’en porte parfois un second, de coton léger, pour servir de pare-vent ou me protéger de la neige. J’enfile des chaussettes : trois paires en laine et celle du dessus en feutre. Deux paires de semelles intérieures, et enfin les mocassins en cuir. Je noue les lacets montants. Ces chaussures tiennent le pied sans me serrer, molles et légères. Je les ai confectionnées il y a six ans avec la peau d’un grand élan et, si elles se sont usées depuis, elles demeurent les meilleures que je possède.
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