Nos destins sont liés

Ne dit-on pas que le monde est petit ? Les protagonistes de ce livre en font l'expérience dans leur vie et même s'ils n'ont pas le même destin, ils sont liés par un lien ténu mais tellement omniprésent. J'ai beaucoup aimé suivre tous ses personnages à la recherche d'idéaux afin de faire de leur vie un chemin plein de sens.

Nous sommes à Paris, en 2005, la situation socio-politique est tendue, suite à un attentat en gare du Nord il y a un an. le premier à faire son entrée est Salem, grand frère de Malek (personnage principal de l'opus précédent « Qu'est-ce que j'irais faire au paradis »), tout juste débarqué de Hong Kong pour Paris, où il occupe une fonction +++ au sein du Groupe très coté Smith and Carlson. Et puis il y a Ronnie, Lisa, Céline, Mathieu, autant de portraits de jeunes qui se cherchent, dans une narration alternée sur leurs vies, rêves, essais d'avenir dans un monde fracturé. J'ai retrouvé avec plaisir le style plein d'humour et de poésie de l'auteur, qui joue avec les mots, les formules, et qui décrit une génération qui veut en découdre avec la vie, dénonçant les codes préétablis et les injustices sociales. J'ai trouvé ce roman pétillant et musical, qui, sous sa douce légèreté, incite à la réflexion sur de nombreux sujets, encore présents aujourd'hui, pour faire entendre d'autres voix.

Ils ont entre vingt et trente ans, ils sont cinq. Tous différents par leurs origines, modes d'éducation et milieux de vie mais tous identiques car ils se questionnent. Sur quoi ? Leurs choix passés, présents et à venir, leur quotidien, leurs fréquentations. Ils veulent réussir leur vie, trouver un équilibre, s'aimer, être aimés. Mais des questions existentielles les hantent.
Les décisions sont-elles les bonnes ? Parfois, on prend un train et si on avait pris le suivant, tout aurait été modifié ….
Dans la vie, tout est une question de timing.
L'auteur nous le rappelle régulièrement, en d'autres circonstances, moins fatigué, moins énervé, plus vif, plus entreprenant, les événements auraient basculé dans un autre tempo. Il aborde également la « légitimité ». Salem, un des personnages se questionne sur sa brillante et rapide réussite. Il n'a pas usurpé son poste mais il se remet en cause.
Céline, issu d'un milieu plutôt bourgeois, est gothique et rue dans les brancards, prête à se rebeller pour sortir du carcan bien lisse qui est celui où elle a grandi.
Les protagonistes sont intéressants, ils sont présentés chacun leur tour dans les chapitres. Sous le titre (qui sont des chansons et ça c'est un plus indéniable car ça nous offre une belle bande son), leur identité et on sait immédiatement de qui il s'agit. Certains s'expriment à la première personne, pour d'autres, il y a un narrateur. Avec brio, Walid Hajar Rachedi a adapté son écriture et son phrasé à chacun d'eux, à chaque caractère.
Entre eux, des fils qui les relient, se croisent et s'entrecroisent. On voit se construire une immense fresque générationnelle avec toutes les émotions qui les traversent. L'envie d'en découdre, quitte à choquer parfois, le droit à la différence, l'acceptation de l'autre, les problèmes d'étude, de religion, de travail. le souhait de s'assumer parfois difficile, voire douloureux. le besoin incessant de comprendre.
On pourrait croire qu'il va y avoir un cloisonnement tellement les individus évoqués ont des identités et des ambitions qui n'ont rien en commun. On suppose que ces histoires ne vont jamais se mêler et c'est là que tout le talent de l'auteur intervient.
Son style aérien, délicat, nous embarque dès les premières pages. Les scènes, les ressentis, tout est explicite, rédigé avec doigté. Les rencontres sont là, fil conducteur, qu'elles soient réussies, ratées ou simplement imaginées.
C'est un roman qui est réussi, « parlant ». Il nous rappelle que nous pouvons tous apporter quelque chose aux autres, que les échanges sont riches malgré ou plutôt grâce à nos différences.
« L'extraordinaire, c'est ce qui attend d'être fait. »

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Ce livre est plein de poésie. L'écriture est si bien maniée, avec agilité et beauté. J'ai trouvé cette manière d'adapter son écriture aux personnages assez impressionnante. le récit touchant de 5 personnages aux destins reliés par un fil.

Mon regret est d'avoir lu ce livre dans une période de ma vie qui ne m'a pas laissé l'occasion de l'apprécier à sa juste valeur. Je pense que je le relirai après avoir lu le premier tome, que je compte bien me procurer. Je pense qu'il faut se laisser du temps pour lire cet ouvrage. Ce n'est pas un roman qu'on doit lire entre deux courses, c'est un chef d'oeuvre qu'il faut déguster avec lenteur.

Je remercie la masse critique Babelio de m'avoir fait découvrir l'auteur de cette belle oeuvre ainsi que sa maison d'édition.

Un roman subtil et ambitieux, dans lequel les destins de cinq jeunes franciliens s'entrecroisent s'entremêlent et s'entrechoquent.
C'est le portrait d'une génération passée adulte dans les années 2000, dans un monde en crises. Un portrait de la banlieue parisienne et de sa relation complexe à la capitale. Celui d'une frange de la société que la littérature n'ose pas regarder, et que les médias regardent trop souvent de travers.
Les personnages sont extrêmement attachants, et on vibre avec eux dans leur soif de vivre et de (se) construire, entre petites et grande Histoire.
Une confirmation pour Walid Hajar Rachedi, après le remarqué "Qu'est-ce que j'irais faire au paradis" (où l'on retrouve certains personnages...).
Vivement le prochain !

Stains, Seine Saint Denis, cité des peupliers, début des années 2000.
Deux familles aux origines multiples, voisines de palier, deux enfants par famille.

Quand débute le roman les aînés ont déjà bien tracé leur route, les cadets finissent le lycée.
On découvre chaque personnage et ils sont nombreux, dans une longue première partie et l'on comprend assez vite (le titre l'annonce) que des connections existent entre eux ou vont se mettre en place.

Les chroniqueurs du Masque et la plume évoquaient dimanche dernier le plaisir qu'ils avaient à changer d'avis sur un livre au cours de la lecture, à être heureusement surpris au détour d'une phrase.
Cela a été le cas pour moi. J'ai eu beaucoup de mal au début du roman à éprouver la moindre émotion. J'ai même été parfois agacée par l'écriture.
Et puis certains personnages gagnent petit à petit en épaisseur, en complexité. Ils doutent, cherchent, se remettent en question et je me suis laissée happée par leur histoire.

Les plus beaux passages, quelques uns très forts, sont pour moi ceux sur les relations frères-soeurs, sur les occasions manquées avec ceux, qui on le croit, seront toujours là.

Le final est plutôt réussi, et on imagine sans mal ce roman transposé au cinéma.

Bref un roman que j'ai trouvé inégal.

A vingt ans, certaines illusions sont déjà perdues mais la soif de réaliser ses rêves demeure. A une époque où internet et les smartphones n'ont pas encore pris la place qu'ils occupent maintenant, cinq jeunes adultes, issues d'un côté ou de l'autre du périphérique, tentent de trouver leur voie dans l'existence. Roman choral immersif, Nos destin sont liés m'a conquis tant sur le fond que sur la forme.

Lisa et Salem, après de brillantes études, tentent de percer dans le monde de l'entreprise malgré leurs origines modestes. Mathieu et Ronnie ont des rêves artistiques, l'un dans l'écriture et l'autre dans le rap. Céline est en rébellion contre son milieu bourgeois. Les destins de ces cinq personnages se croisent et se nouent. Ils se rêvent différents, reconnus, brillants et parfois ils osent sauter le pas pour vivre pleinement leurs aspirations.

Avec un sens grand sens du rythme et une écriture extrêmement imagée, Walid Hajar Rachedi nous offre cinq personnages d'une égale intensité. Tous, par leurs lumières comme par leurs faiblesses, disent quelque chose d'une génération, de ma génération. Les questionnements qui les traversent, les écueils auxquels ils se confrontent racontent les barrières invisibles ainsi que l'écart entre nos rêves et la réalité. Ils m'ont émue par leur soif de faire mieux, de se sortir d'une condition qui ne les satisfait pas. Il y a dans ce roman un élan de vie et de passion irrésistible.

La maîtrise des différentes intrigues qui se croisent est parfaite. L'auteur nous parle de la banlieue et de ses pièges, de la difficulté à sortir de sa classe sociale, de racisme ordinaire, de religion mais aussi de création et d'art. Les mots résonnent, empruntant leurs rythmes et leurs sonorités à une bande originale variée. L'amour, l'amitié, la tristesse, la révolte et la désillusion se mêlent et font passer le lecteur par une multitude d'émotions.

Un roman intelligent et poétique à découvrir !

Plusieurs destins sont racontés. Salem, l'exemple parfait de la réussite sociale, Lisa, et ses espoirs de carrière, Matthieu, écrivain nonchalant un peu raté, Céline, jeune « bourge » à la rébellion tenace et Ronnie, enfant du rap, aux rêves sans concession.

A croire que la vie est faite de rencontres. Malgré les milieux différents, malgré les hasards ou plutôt, à cause des hasards, leurs liens se dessinent et leurs destins croisés nous entraînent dans une ronde qu'on ne veut plus lâcher.
Au départ, il faut se concentrer un peu pour les suivre parfaitement, pour ne pas en perdre une miette. Car se serait dommage.
Un événement fait basculer l'histoire, la rendant un peu plus tragique. « C'est drôle comme la vie aime vous faire des queues de poisson », nous dit Matthieu, qui ne dérogera jamais à ses principes. « de paria à héros il suffit d'un flash info. » Rétorque un autre personnage. Mais l'espoir, toujours, demeure face à cette foutue vie imprévisible : « Ça ne t'empêchera pas dans l'escalier d'espérer deux bonnes secondes que la porte s'ouvre derrière toi. »

L'auteur entre dans la vie des personnages et nous aussi. On a tous nos favoris. Moi j'ai un faible pour Ronnie, le jeune rappeur plein de poésie et de pureté. Qu'il m'émeut ce gosse 🤍

C'est qu'il écrit bien l'auteur. Chaque phrase est une punchline, chaque pensée est subtilement dite, dans un langage d'une précision étonnante. Si j'avais encore mon carnet d'ado où je notais chaque phrase que j'aimais, il serait plein. Et puis, il faut laisser entrer le son dans sa tête. Il est très important dans ce roman.

Enfin voilà. Si vous aimez les auteurs brillants et les histoires entremêlées où la vie n'en fait qu'à sa tête, où la réalité est plus subtile que les stéréotypes à la con, alors foncez. Ce livre est pour vous. 🤍🤍🤍

J'ai beaucoup'aimé ce livre qui nous dévoile cinq personnages aux origines différentes dans un Paris et banlieue qui s'entrecroisent, s'appeochent, se touchent, se confondent. La quête identitaire en toile de fond révèle les frontières opaques qui se dressent entre deux mondes et déterminent parfois le destin de chacun. Et pourtant, de Salem à Celine, de Ronnie à Mathieu ces jeunes d'une vingtaine puis d'une trentaine d'années durant les années 1980 ouvrent des portes, éclaircissent les horizons, dépassent les préjugés et tracent leur route. Il y a des appels qui s'essoufflent à force de soufflets, il y a des désirs, des volontés, des itinéraires qui se construisent à force de sincérité. Nos destins sont liés racontent avec la délicatesse d'un humour humaniste le champ des possibles, celui des ponts, des avec, des ensemble et des «  tout simplement ». Forcément, on apprécie.

« Qu'est ce que j'irai faire au paradis », premier roman de Walid Hajar Rachedi a été mon gros coup de coeur l'année dernière. Il fut finaliste du Goncourt du premier roman et du prix Orange du livre dont j'étais membre du jury. Il est maintenant temps de découvrir « Nos destins sont liés » !

Walid Hajar Rachedi nous propose ici de suivre une génération perdue à la recherche d'un sens qu'elle peine à trouver. Salem, brillant financier, remet en cause sa fulgurante ascension. Lisa termine sa période d'essai dans la même entreprise. Ronnie, son frère plutôt glandeur, se rêve rappeur et est ami d'enfance de Malek, le frère de Salem. Matthieu, écrivain du dimanche, se complaît dans son personnage de dilettante. Céline, au look gothique dans un lycée privé, est en rébellion contre son milieu. Peu importe leurs origines et leurs milieux, tous partagent les mêmes questions existentielles.
« Nos destins sont liés » est à lire en parallèle avec « Qu'est-ce que j'irai faire au paradis » qui apporte un autre point de vue sur certains personnages du livre. Il nous propose ici le portrait d'une génération qui doit mettre ses envies et ses rêves à l'épreuve de la réalité. Les destins des différents personnages se croisent et s'entrecroisent à merveille sous la plume virtuose de l'auteur. Avec son vrai talent pour faire vivre ses personnages, il parvient à nous emporter avec lui dans cette histoire. Et en filigrane à nous faire réfléchir avec lui sur les thématiques de l'immigration et de l'intégration. Un livre ne pas rater !

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