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Direction Paris, avec ce roman choral pour suivre une génération composée de 5 voix.

À tour de rôle, nous retrouvons Salem, Lisa, Ronnie, Matthieu, Céline.
Les personnages secondaires sont tout aussi attachants.

Des jeunes qui, en quête de sens de la vie, cherchent de quoi est fait leur avenir. Certains y foncent tête baissée, certains y vont à tâtons, et d'autres sont complètement paumés.

Un fil les lie les uns aux autres tout au long du récit. Leurs routes s'entrecroisent.
Il est question d'amour, d'amitié et de famille.

Finaliste du Prix Goncourt du premier roman, c'est ici le deuxième.

L'auteur, Walid, nous embarque au plus près de ses protagonistes aussi réels, soient-ils et nous fait vivre son récit.

C'est très bien écrit, orchestré et construit.

En fond, on entend les mots qui se croisent et sonnent parfaitement. C'est poétique avec une petite pointe d'humour.

Du détail, il y en a, mais juste ce qu'il faut.

Piquant de réalité, l'auteur touche de près le quotidien de ses personnages.

"Bizarre comme c'est toujours les mêmes qui doivent revoir leurs ambitions à la baisse. Et se faire à l'idée que la vie les baise."

J'ai regardé de plus près les éditions Emmanuelle Collas, que je ne connaissais pas, et je vous invite aussi à aller voir, car leur catalogue regorge de jolis romans !

Je remercie chaleureusement les Éditions Emmanuelle Collas ainsi que l'équipe Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la Masse Critique Littérature de janvier.
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Je n'ai pas lu le précédent (et premier) roman de l'auteur mais j'en avais entendu beaucoup de bien. J'étais donc curieuse de lire celui-ci, reçu dans le cadre d'un jury littéraire, et dans lequel on retrouve apparemment l'un des personnages du précédent dans qu'il s'agisse pour autant d'une suite. Ce fut une très bonne surprise. D'abord de constater qu'un jeune écrivain français avait le courage de s'essayer au roman choral - jamais évident - et de le faire de manière très convaincante. J'ai pris beaucoup de plaisir à suivre les protagonistes mis en scène par Walid Hajar Rachedi, une génération de vingtenaires du début des années 2000, saisis entre aspirations et désillusions dans un monde qui en demande toujours plus et qui peine à donner un sens à cette marche en avant. Salem, au coeur de la finance est le parfait spécimen du bon petit soldat qui se demande à quoi il sert. Les autres ne sont pas mieux lotis, aspirant écrivain, apprenti rappeur, jeune diplômée ambitieuse, tous aspirent au bonheur et se heurtent aux barrières érigées par une société qui impose des statuts, balise des parcours et peine à accepter ceux qui en dévient. J'ai trouvé que l'auteur menait parfaitement sa barque, nouant peu à peu les fils qui relient ses personnages tout en ménageant des surprises à son lecteur. Son style alerte qui n'oublie pas de s'intéresser à ses personnages ni de planter le décor invite à le suivre sans effort et même avec plaisir lorsque le rythme fait soudain écho à un souvenir musical, quelques paroles de chanson habilement glissées pour créer une connivence bien sympathique. La bande son accompagne agréablement ces individus dans leurs questionnements sur l'identité, la famille, les origines ou la société ; pas si simple de s'inventer, encore moins de se réinventer. Même si le roman commence et se termine dans un avion, avec le surclassement comme métaphore de l'existence dans une société des élites, il faut parfois savoir changer de trajectoire en cours de route.
Bravo pour ce roman qui allie maîtrise et plaisir de lecture.
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"Qu'est-ce que j'irais faire au paradis ?", le premier roman de Walid Hajar Rachedi fut finaliste du Prix Goncourt du 1er roman 2022, mais aussi du Prix Orange du Livre alors que j'étais membre du jury. J'avais été époustouflée par sa qualité et l'avais fortement défendu. "Nous sommes tous liés", son petit dernier, est de la même veine.

J'ai retrouvé avec plaisir et intérêt la belle écriture de l'auteur. Travaillée à la perfection, elle est toujours aussi adaptée à chacune des situations. Elle est simple et pourtant détaillée à l'extrême, présente une facture classique pour, l'instant d'après, utiliser un vocabulaire actuel pas si éloigné du "verlan" – bon, là, j'exagère un peu – et même parfois utilise des termes étrangers à la mode. Malgré toutes ces variations, toutes ces qualités, elle laisse toute la place au fond du récit. Et le fond, justement, parlons-en !

Il s'agit de l'histoire de cinq personnages, tous différents et pourtant… tous plutôt jeunes, mais…Cinq voix qui s'expriment, se racontent, expliquent, avec, par ordre d'apparition : Salem, directeur français de Smith and Carlson, une grande entreprise financière, Lisa Elatre Lévy qui termine sa période d'essai dans la même firme, Ronnie Elatre Levy, son frère, plutôt glandeur, rappeur en herbe et ami d'enfance de Malek, le frère de Salem, Mathieu Vincent "écrivain du dimanche" et Céline de Verrières, en classe terminale dans un lycée privé, portée sur le style gothique,. Leurs destins sont liés !

Ce roman ne se raconte pas, il se lit et se vit. La construction est remarquable qui ne supporterait pas de lecture en diagonale, de sauts de mots et de pages, de survols de passages, au risque de ne pas en savourer tout le sel, et de manquer à coup sûr le petit détail placé là au détour d'une phrase et qui éclaire la suite. Car, il est foisonnant ce récit qui mêle l'amitié, l'amour, la différence, la difficulté à vivre, la religion et les obstacles parfois pour l'assumer, qui parle de tristesse, de tendresse, le tout souvent avec humour.

En quelques mots, "Nous sommes tous liés" est un très beau roman, riche et foisonnant, qui dresse brillamment le portrait d'une génération.

Je remercie l'auteur pour cette magnifique lecture en avant-première.

Lien : https://memo-emoi.fr
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Les millennials, cette génération née dans les années 80-90. Ma génération. Ce sont d'eux dont Walid Hajar Rachedi raconte l'histoire.

Ils ont entre 20 et 30 ans.
Ils sont 5.
5 destins liés.
Les leurs.

Salem, il a gravi les échelons très (trop) vite. Si le monde de l'entreprise le traite comme le futur king, ça fait flop dans son coeur et c'est son frère, qui lui manque.

Lisa débute sa carrière. Elle porte très bien le déguisement de la parfaite corporate girl. Mais au fond, est ce que cet uniforme la rend heureuse ?

Mathieu, et sa lèvre bleue. Dans les toiles de la vie, il tente avec ses pattes de mouche de se faire un nom.

Ronnie, lui rêve de fouler le bitume de la vraie jungle. I am talking about New York. Dream Big, Ronnie, on écoutera ton rap de l'autre côté de l'Atlantique.

Céline, petite princesse des beaux quartiers. Les cuillères en argent ne font pas le bonheur. Elle ira le chercher ailleurs. A coups fracassants !

Leurs destins sont liés. Des fils invisibles à l'oeil nu s'entrelacent, se croisent, se nouent et secouent les voies presque tracées de ces millennials. Alors, faut-il rêver sa vie ou vivre ses rêves ?

Un coup de coeur monumental pour ce deuxième roman. J'ai retrouvé toute la poésie de l'auteur. Il manie les mots comme un chef d'orchestre et en fait ressortir toute la musicalité.

J'ai aimé les personnages, surtout Salem… si vous avez lu le précédent, vous comprendrez. Si vous ne l'avez pas lu, lisez-le avant, c'est mieux.

J'ai aimé la bande originale et la manière dont les mots résonnent sur ces musiques que l'ont à tous fredonnées, chantées, hurlées !

J'ai adoré ce roman. Il m'a serré le coeur. J'ai hâte de lire le prochain.
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Finaliste du Prix Orange du Livre 2022 avec son premier roman « Qu'est-ce que j'irais faire au paradis ? », Walid Hajar Rachedi avait séduit les jurés dont je faisais partie. C'est donc avec joie que je retrouve sa plume pour son second roman. On retrouve d'ailleurs des personnages de son premier livre mais vous pouvez lire les deux indépendamment.
Ce roman choral composé de 5 voix est dense et très bien orchestré. Tous les personnages sont liés entre eux sans le savoir. Chacun a son langage, son flow et raconte une part ou une face de notre société. Walid Hajar Rachedi brosse le portrait d'une génération née dans les années 1980-1990, qu'on suit dans les années 2000, et tout parait très actuel.
Salem est le personnage central. C'est un transfuge de classe. Il a grandi dans la banlieue parisienne. Il a fait de brillantes études et il est devenu un jeune directeur d'une entreprise de finances internationales, chez Smith & Carlson. Mais il vit avec une ombre, celle de son petit frère, Malek. Il se pose beaucoup de questions et se demande s'il a réellement réussi sa vie. C'est certainement le plus attachant des cinq.
Lisa Elatre-Levy vient également du quartier des Peupliers à Stains en Seine-Saint-Denis. Elle est plus jeune que Salem. Elle aussi a réussi à s'extraire de sa condition et elle est désormais DRH chez Smith & Carlson. Elle a un frère, Ronnie. Il ne sait pas quoi faire de sa vie. Il s'oriente vers des études de lettres un peu par hasard suite à une rencontre féminine lors d'une manifestation. Mais sa véritable passion, c'est le rap, la musique.
Mathieu vivote d'un job de téléopérateur chez Smith & Carlson qu'il n'aime pas. Il a vécu en foyer et il essaye d'écrire son premier roman.
Céline de Verrières est issue d'une famille catholique bourgeoise. Elle habite Versailles et fait des études de lettres. Elle a l'âme rebelle et s'habille en gothique.
Autour d'eux gravitent des personnages « secondaires » tout aussi intéressants. On plonge dans les pensées de jeunes qui ont 20 ans et ne savent pas quoi faire de leur vie alors qu'un attentat a eu lieu en gare du Nord à Paris et sème la terreur. A cela s'ajoutent des émeutes dans les quartiers et vous avez un climat social similaire au nôtre. Beaucoup de thèmes sont abordés : le racisme, la condition sociale, la religion, la géopolitique, l'identité. Il y a aussi de l'amour dans l'air, des histoires de famille (de frères) et des amitiés. La vie, en somme.
Ce qui est particulièrement réussi ce sont les différentes voix, chacune est identifiable à la lecture. Il y a une langue, un rythme et un ton pour chacun. Pour Salem, par exemple, il y a des expressions anglaises, les anglicismes utilisés par les cadres de chez Smith & Carlson, on s'y croirait.
Et puis il y a la musique, très présente, certes avec Ronnie, le rappeur, mais aussi tout au long du livre, car l'auteur a disséminé des chansons qui pourraient constituer la bande-son du roman.
Dans ces pages, on ressent l'amour de Walid pour la littérature. Il y a de nombreuses références à des auteurs qui l'ont nourri. L'écriture est poétique, vivante, fluide. Chaque chapitre donne envie de lire le suivant. Les détails fourmillent et ont leur importance. Les liens se resserrent progressivement. Tout prend sens lorsqu'on avance dans la lecture. C'est très bien pensé, construit et écrit !
En fait ce second roman, l'auteur a commencé à l'écrire il y a 20 ans. Depuis les personnages ont continué à l'habiter. Son premier roman était donc son second roman et inversement, si vous me suivez toujours. Il a entrepris une saga et a prévu de faire évoluer certains personnages. Je me réjouis de suivre cette oeuvre brillante et pleine d'humanité à l'image de son auteur. J'espère qu'elle sera adaptée en série TV.
Je vous recommande le replay de la rencontre VLEEL du 03/09/2023, quand il sera en ligne, vous pourrez alors avoir la chance de l'écouter. C'est un auteur passionnant. Et comme le dit très bien son éditrice, Emmanuelle Collas, « il y a de quoi vous nourrir pour penser » dans l'oeuvre de Walid.
Merci VLEEL et les éditions Emmanuelle Collas pour cette lecture
Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Nos destins sont liés, ce sont cinq trajectoires qui s'entrecroisent, du 9-3 à Versââilles en passant par La Sorbonne et le siège de Smith & Carlson, un conglomérat financier sous contrôle américain.
Lisa, jeune RH et Salem, jeune directeur de la filiale française, viennent de la cité des Peupliers, à Stains. Ces fameux transfuges de classe (et de la race qui leur est renvoyée en pleine face), un pied de chaque côté du périph. Ronnie, le petit frère de Lisa, qui a perdu espoir dans l'ascenseur social, tente de percer dans le rap. Céline, la petite bourge de Versailles déguisée en croque-mort, lui a tapé dans l'oeil. Mais il y a Matthieu et son manuscrit, il y a les événements de 2004-2005, il y a Malek l'absent.
Nos destins sont liés, c'est un flow d'autant plus virtuose qu'il se joue des origines et des lieux. Nos destins sont liés, c'est la démonstration par le roman qu'aucun être humain, aucun fait ne peut être regardé isolément. Nos destins sont liés, c'est une bande son qui soutient le propos et les pensées des personnages sans se faire envahissante.
Nos destins sont liés, retenez ce titre.
C'est le roman à lire pour comprendre la France.

Merci aux éditions Emmanuelle Collas
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Cinq voix, cinq personnes d'origines et de milieux différents, vivant de part et d'autres du périphérique parisien. 5 personnes se posant des questions existentielles similaires.
Salem, financier ayant eu une ascension fulgurante, peut-être un peu trop.
Lisa joue parfaitement le rôle de la working girl, dans sa boîte où partir avant 20h vaut un "bon après-midi".
Matthieu, écrivain du dimanche, qui se contente de vivoter
Céline qui rejette le milieu dans lequel elle vit et est en rébellion contre le monde entier
Ronnie qui rêve de devenir rappeur et de fouler le sol de New York.
Sans le savoir, leurs destins sont liés.

Nous sommes en 2005.
Que ce soit d'un côté ou de l'autre du périph, les questions existentielles sont là. du mauvais côté du périph, passer la barrière et vivre à Paris, enfin la délivrance, celle de ne plus courir derrière le dernier RER. du bon côté - mais d'après qui ? - le rejet est tout autant présent. Avoir de l'argent suffit-il au bonheur ? A quoi bon se fondre dans le moule, tout le monde est à la ramasse. Trouver un but à sa vie, trouver quoi faire après ses études. Se poser des questions, encore, même si l'on est déjà en poste. Etre rappeur, mais quel sera le prix à payer pour y arriver, et ce n'est pas sérieux voyons. Etre écrivain, encore faut-il écrire et ensuite être lu par ces maisons d'éditions élitistes. Quel est le sens de tout cela ? Trimer pour encore subir des préjugés, préjugés du milieu, préjugés de l'âge. Est-on jamais soi-même ? Trouver son identité dans cette mixité, la trouver quand la demande est de se fondre dans la masse.

Quelle écriture ! Je ne connaissais pas cet auteur, mais je peux déjà vous dire que je vais me procurer son roman précédent et que je suivrais ses prochains. Je n'avais pas spécialement d'attente, et j'ai été transportée par sa plume, lyrique, incisive, dénonciatrice. le contexte de cette période plonge dans les souvenirs, les références musicales aussi. Peut-être ai-je été touchée parce que je suis comme eux, une enfant des années 80, avec les mêmes questions. Peu importe la raison, c'est touchant et prenant à tel point que je n'avais pas envie de les quitter.
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UNE GÉNÉRATION - DES VIES

Dans la vie, tout est question de timing, de rencontres et de destins…

C'est le roman d'un monde, ou plutôt d'un entre-deux mondes - des vies parisiennes, des vies périphériques et des vies entre deux, car « Paris n'est pas une ville. C'est une île ».

C'est le roman d'une génération née dans les années 80, bercée d'ambition, de désillusion, de réussite, d'échec et de nombreuses questions.

C'est le roman des milieux- celui de Céline, de Ronnie, de Salem, Lisa et Matthieu.
Le genre de roman où naissent des liens entre les personnages et le lecteur parce qu'à force de les côtoyer sur plus de 400 pages on les connaît, on marche près d'eux, on prend le RER à leurs côtés, on les écoute, on réfléchit avec eux sur leurs conditions, leurs désirs, leurs douleurs et leurs doutes.

C'est un roman qui traverse des sujets et des problématiques essentiels: la construction d'une vie, les désirs qui se heurtent à une condition sociale et familiale, les liens fraternels, d'amitié, l'immigration, le racisme de classe et d'origine, la rébellion de classe, le multiculturalisme, la religion, les questions identitaires, l'amour, l'idéalisme et ses désillusions, la difficile recherche de soi sans se perdre en chemin…

Walid Hajar Rachedi signe là une véritable comédie humaine. Il est une sorte De Balzac des temps modernes!
Son roman part défricher et comprendre avec minutie ce qui anime chacun de ces jeunes adultes au début des années 2000. Ils ne font qu'un car leurs destins sont liés, mais ils sont pluriels, attachants et passionnants à suivre.

Le roman s'ouvre sur le personnage de Salem qui vous guidera naturellement vers Lisa qui elle-même ne vous laissera pas d'autres choix que d'aller découvrir la vie de ceux qu'elle côtoie, de près ou de loin, parfois même sans le savoir, entre Paris et Stains.

Un roman musical et choral dans lequel chaque personnage a son flow, son style, sa voix, jusqu'aux « transes rapologiques »irrésistibles de Ronnie que j'ai tellement aimées !

Un roman très cinématographique dans lequel le regard du lecteur/spectateur aime s'immerger pour sonder ces vies qui forment un parfait tableau d'une génération entre rêve et désillusion.

Une fresque sociale et humaine remarquablement aboutie qui m'a totalement convaincue; et parce que dans la vie tout est question de timing, je vous le recommande vivement!
Vous venez de croiser son chemin à travers ces quelques mots alors à votre tour de vivre aux côtés de ces personnages aux vies et aux origines variées mais aux destins liés.
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Comme moi, vous avez lu (et aimé!) "Qu'est-ce que j'irais faire au Paradis", sorti début 2022? Ce n'est pas un indispensable préalable à la découverte de "Nos destins sont liés", rassurez-vous (mais lisez-le quand même parce qu'il est aussi très bon!).

Ici, il est question d'existences, d'identités, et d'itinéraires donc, qui se croisent, se décroisent, se découvrent au fil des pages et il faut pouvoir se repérer dans cette galerie de portraits très, très bien ficelée.
Il y a cinq jeunes gens, et quelques autres personnages qui gravitent autour d'eux, qui nous emmènent dans les méandres de leurs vies de millenials, abordant des sujets forts qui disent tant et tant sur la société telle qu'on la vit (ou la supporte) encore aujourd'hui: ascenseur social - en maintenance, discriminations et racisme, rapport au travail, aux autres ou encore à la religion... c'est complet! On se régale dès le début avec une scène offrant une métaphore superbe qui nous plonge tout de suite dans l'ambiance!

Ce livre a un rythme bien à lui, et pas seulement parce que la bande-son et les références musicales qui le traversent sont excellentes! Les phrases, les chapitres, la langue que l'auteur choisit de modifier, modeler comme partie intégrante de chacun des personnages sont finement ciselés. Tout (en)chante dans ce roman! Les références sont aussi littéraires, nombreuses, et cela enrichit encore brillamment ce texte déjà bien dense.
Le style donc est maitrisé au moins autant que la construction narrative et ses va-et-vient, et que la grande fresque qui se dessine notamment à Stains.

Ce roman est le travail d'un virtuose qui se pose en chef d'orchestre de cette oeuvre qui se déploie. On attend déjà avec grande impatience la suite!
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Cinq personnages, cinq destins. Tous différents et pourtant un fil les relie les uns aux autres. Salem est le directeur de la filiale française d'une grande entreprise financière ; Ronnie jeune homme qui se rêve un avenir de rappeur ; sa soeur Lisa, qui travaille aux ressources humaines dans la même entreprise que Salem ; Cécile, jeune fille en rupture avec sa famille bourgeoise et Mathieu, qui se définit lui-même comme un écrivain du dimanche mais qui, en attendant, travaille en tant que téléopérateur dans la même entreprise que Salem et Lisa. Entre eux tous, le fantôme de Malek, frère de Salem et meilleur ami de Ronnie, et l'une des victimes d'un attentat commis à la Gare du Nord.

Chacun, à tour de rôle, prend la parole et se raconte dans des pages pleines de sincérité et d'émotions. Lisa, Ronnie et Salem, issus de la même cité du 9-3, Stains. Cécile, qui verse dans le gothique et cherche à se couper de sa famille et Mathieu, amoureux de Cécile mais qui se cherche un avenir tout en repoussant ses envies d'écrire de peur du rejet.

Le tout est très joliment orchestré et Walid Hajar Rachedi a su donner à chacun de ses personnages une voix différente, son tempo personnel. On retrouve dans ce roman le jeune Malek, héros du premier roman de l'auteur, Qu'est-ce que j'irai faire au Paradis, et dont l'histoire s'inscrit à travers les pages.

Les fils se tissent au fil des pages, on comprend petit à petit ce qui se trame entre tous les personnages, leurs points communs mais aussi leurs dissensions. Walid Hajar Rachedi a aussi travaillé ses personnages secondaires, comme la professeure de Ronnie ou la femme de ménage des parents de Cécile. Une manière habile de passer des messages et de renforcer l'intrigue sans pour autant perdre le lecteur.

L'auteur aborde une nouvelle fois les sujets qui lui tiennent à coeur : religion, identité, position sociale. Il interroge sur un déterminisme qui serait dicté par la naissance et une appartenance à une classe sociale originelle dont on ne pourrait s'échapper. A travers des personnages qui osent et ne renoncent pas ou d'autres qui préfèrent ne pas tenter et abandonner, Walid Hajar Rachedi dresse le portrait d'une société et d'une jeunesse plurielle et pleine de nuances.
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