FEMME
La nuit te logeait pure
entre ses hautes portes
On te cherchait toujours
et toujours tu riais
Tu te dissimulais
dans un corps de légende
Nous étions à la porte
interdits et muets
Levain de la douleur
Que le repos m’appelle
Que les voix disparaissent
Nous ne dirons plus rien
Nous serons le vent simple
sur le dos du matin
Et nos regards vivront
dispersés et lointains
Nul ne nous entendra
les plaintes les refrains
Nul n’aura de mémoire
La forêt sera longue
Un caillou marquera
l’endroit où fut scellé
cet étrange destin
Seul un vol de silence
Une marche sans fin
Un jour perpétuel
sans cri ni lendemain
Et le cheval viendra
brouter dans notre main
le sel de la douleur
qui fut notre levain
SANS FEU NI LIEU – III. Lecture du temps - p. 61.
Ce grain de blé en moi
Qui naît de ton regard
Toute moisson remonte
A son point de départ
Donnez-moi sur la branche
un oiseau à aimer …
Et l'arbre grandira
LUEUR
Merci pour les jours sombres
Merci pour le brouillard
Pour la maison perdue
Pour les pas dans la neige
Merci pour le pouvoir
d'assumer le désert
(mais pour longtemps encore ?)
Merci pour le couteau
qui agrandit la plaie
Merci pour tant de nuit
Merci pour la fenêtre
et cette vitre pâle
tout au bout de l'exil
Il y a
dans chaque aube
une attente
Dans chaque attente
un deuil
Et la maison se dresse
toujours inhabitée