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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Il y a les romans que tu va lire tranquillement allongé sans penser à rien, et il y ceux qui vont te bouger. Il y a les livres que tu bouquines les pieds plongés dans l'eau tiède et ceux qui te fouillent à l'intérieur au point de te tordre les tripes. La viande des chiens, le sang des loups fait clairement partie de la deuxième catégorie : sang chaud.

Attends-toi à ressortir de cette lecture avec quelques bleus, à l'âme et au corps. Parce que Misha Halden ne fait pas dans la demi-mesure et ses mots sont autant d'explosions de couleurs que des meurtrissures.

Après une introduction trompeuse, l'écrivain te prend à la gorge pour ne plus te lâcher durant 210 pages. Misha Halden serre et desserre son étreinte page après page, juste de quoi laisser passer un mince filet d'air, avant de t'étouffer plus encore. C'est physique comme lecture. A force de te prendre une droite et une gauche au détour des chapitres, tu te dis que ça va laisser des traces.

Oui, ce roman noir marque. Par ses personnages, par son histoire et surtout par l'écriture très personnelle de l'auteur. Si tu cherches un truc mièvre pour tuer le temps autant passer ton chemin. Si tu veux lire du noir qui remue ton humanité, ce livre est peut-être bien fait pour toi.

Parce que tout y est exacerbé, la violence comme les émotions positives (et elles sont légion). Ne me fais pas dire que tout est trop exagéré pour autant, c'est au contraire le genre de roman sans concession qui repousse les limites sans que ce soit artificiel. Ça sent la chair, le sang et la sueur. C'est animal et humain à la fois. Ça mord et ça caresse, ça t'aboie à la gueule.

Tu verras que le personnage principal te parle en direct, comme je le fais ici. Tu imagines bien qu'avec tout ce que je t'ai dit, la force de ses mots n'en est que plus puissante. Parlons en, tiens, des personnages. Tout tourne autour d'un homme et d'une femme, si différents mais qui ont comme point commun de ne pas trouver leur place dans la société, ou de refuser celle qu'on tente de leur imposer.

Comme dans tout bon roman noir, il y a des idées et des messages qui passent. Sur le droit à la différence, sur l'état de notre société malade… Et tu peux me croire, quand Misha Halden te parle, elle envoie du lourd. Certaines envolées sont de vraies diatribes contre notre société de consommation (ou de con tout court).

Sincèrement, je ne crois pas avoir souvent goûté à une plume pareille. Une écriture écorchée, qui te découpe en rondelle. Une écriture magnifique surtout, si unique et si personnelle qu'elle m'a fait ouvrir de grand yeux ébahis. de grands yeux admiratifs, avec la mâchoire qui tombe, tu sais comme dans Tex Avery. Sauf qu'on n'est pas là pour rigoler…

Tu n'imagines pas le nombre de passages que j'ai eu envie de relire en me disant que La viande des chiens, le sang des loups n'est vraiment pas un roman comme les autres. Tu verras que tu as parfois l'impression de lire un conte moderne, ce qui n'est pas si étonnant quand on sait que l'auteur qui se cache derrière ce pseudo écrivait des romans de l'Imaginaire jusqu'à présent. L'imaginaire au service du réalisme, c'est maintenant.

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Tu vas adorer (comme moi) ou peut être détester, mais je doute que cette écriture te laisse indifférent. On y appelle un chien, un chien, et tant pis si c'est dit avec brutalité parfois.

Allez, je vais aller panser (penser ?) mes plaies et je retourne au combat aux cotés de Misha Halden quand elle veut.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Misha Halden, c'est Justine Niogret.
Justine Niogret, c'est la plume la plus enragée des jeunes auteurs de l'imaginaire en France. Ses textes montrent les dents, comme un chien blessé et paniqué. C'est franc, ça ne cherche pas à séduire, le champ sémantique est viscéralement, reconnaissable entre mille, et le tout transpire l'urgence et la brutalité.
Ce roman court mais dense nous laisse entrevoir les entrailles d'un homme, de toute une parcelle oubliée de l'humanité, celle qui n'est pas héroïque, celle qui n'est pas jolie ou attirante, celle qui boit son café froid le matin, et cale sa solitude en observant la campagne grise par la fenêtre.
Et sous cette couche de crasse, malgré le poids de l'auto-détestation, le quarantenaire qui nous raconte son destin devient attachant, créature en évolution lente, contestant peu à peu le carcan qui lui a été imposé, qu'il s'est imposé seul.
Et l'écriture, vibrante, sans tendresse, mais gorgée de sens et de vitalité, poisseuse et sans remords.
Un grand texte, qui touche à l'essence même des hommes sans en avoir l'air. Étouffant, mais brillant !
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Une écriture sèche, violente, parfois crue qui nous prend en otage comme elle prend en otage le narrateur.

Et comme tout lui, nous ne comprenons rien, ni aux personnages, ni à ce qui se passe, ni où l'auteur veut en venir.

Et nous sommes pris dans un tourbillon à la limite du fantastique, nous perdons tous nos repères peut être pour mieux nous retrouver tout comme Rory, une sorte de parcours initiatique où il va faire de deuil d'une ancienne relation, redécouvrir ses sens, prendre conscience de sa vie :

Un texte brut, viscéral qui surprend, gène, mais ne laisse pas indifférent.

Lien : http://keskonfe.eklablog.com..
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Un intrus chez soi, une fille qui débarque et on se retrouve avec un mort sur son tapis. le début des emmerdes.

Comme pour respecter la tradition du roman noir avec un homme bourru un peu connard et gueule cassée, l'autrice en fait un peu trop dans le style pour coller au cliché. Mais plus on avance et plus on comprend que ça fait partie du personnage : c'est une façade. Quand vient le déclic pour Rory, pour nous, tout se délie.

C'est aussi une histoire de secte qui oeuvre dans l'ombre pour tenir les rênes du pouvoir, et qui envoie leur bras armé quand le sang est nécessaire, une créature vieille de plusieurs siècles. Un truc trop dingue pour être vrai. Un truc qu'une fille te raconte, persuadée que c'est son histoire. Une histoire de folle.
La vérité à démêler de la légende, s'il en reste encore quelque chose. Autre que de la poussière et de vieux os enfouis sous une stèle.

C'est une histoire de rage qui bande les muscles, qui couve dans ce corps, mi-louve mi-femme, du genre qu'on a dans la peau, qui s'incruste dans la chair comme une brûlure à l'acide. Et nous, pauvre gland un peu loser, on suit comme un gentil toutou. Rien qu'un chien qui est allé se nicher dans un coin paumé, loin des gens, terré comme une bête blessée, pour mieux se lover dans sa lâcheté, son inaction, passif, une laisse autour du cou, à végéter en faisant pousser ses courges.
Mais hé, un animal, ça mue. Ça se dépouille de ses peaux, mortes, ça se débarrasse des apparences et ça louvoie pour trouver sa vraie forme. Sa sincérité propre.

Le style, c'est du Justine Niogret tout craché, avec ces fulgurances stylistiques sublimes et ces scènes parfaitement saisissantes. Tout comme le personnage de Lupa et de l'Archer. Et cette intimité creusée, ces questionnements, qui font vibrer quelque chose dans notre intérieur.
On peut changer le nom sur le collier, apposer un pseudo sur une couverture, on reconnaît la bête dessous, elle crie son nom à chaque ligne.

L'autrice est toujours sur le fil du rasoir dans sa narration, mais ça mord, ça tranche dans la chair et ça saigne, ça laisse un goût cuivré sur la langue, on en a plein la gueule, et on se rend compte qu'on aime ça. On en redemande même.

C'est noir de terre et de nuit, rouge poisseux de sang et de l'intérieur vif des choses.
Et c'est bon, putain.
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Misha Halden. Derrière ce pseudonyme se cache en fait Justine Niogret. Et quand on a déjà lu de ses bouquins, ça crève les yeux. Son style, sa patte est bien là. C'est noir. Sale. Poisseux. Brutal. Peut-être un peu plus brut que dans ses autres romans (que j'ai presque tous lus).
C'est l'histoire d'un type un peu bourru, triste, misanthrope, écrivain +/- raté (mais qui a essayé), qui vit avec ses chats et son potager loin de la civilisation. Un jour, il retrouve un gars chez lui, menaçant, qui cherche quelqu'un. Puis une femme débarque, que le gars semble tellement craindre qu'il finit par se faire sauter le caisson sur le tapis.
C'est assez court, ça commence rapidement, ça termine rapidement, ça se lit bien. Par certains aspects, le côté brut, les événements qui se succèdent sans discontinuer, on pourrait penser que ça manque d'un peu de profondeur, mais pas vraiment. Ya des passages super bien écrits, et même touchants, qui "rayonnent" dans le bouquin.
Bref c'était sympa à lire. de toute façon, même dans ses livres que j'ai le moins apprécié (ce qui n'est pas le cas de celui-ci), ça fait toujours un peu plaisir de lire du Niogret :)
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Ce livre est d'un autre genre, thriller mais pas tout à fait, émouvant et touchant mais sans être larmoyant, horrible parfois … Il m'a tenu en haleine jusqu'au bout, d'autant qu'il se lit très vite car ce n'est pas un pavé volumineux comme beaucoup de thrillers…
L'écriture est dure, efficace, percutante. Les descriptions sont très imagées parfois à la manière d'un film.
Les citations et réflexions des 2 personnages principaux paumés et seuls sont très puissantes. L'on retrouve ici de belles pensées et une analyse fine de deux âmes solitaires et torturées.
Parfois un peu de vulgarité dans le style mais celle-ci a un sens et s'intègre bien aux différents personnages et à l‘histoire.
L'univers est décalé, frôlant parfois le fantastiques, les personnages sont présents là où on ne les attend pas…
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