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EAN : 9782265114463
224 pages
Fleuve Editions (13/10/2016)
3.47/5   36 notes
Résumé :
1917. Assis dans un train, un jeune soldat écrit une lettre à son enfant. Il lui raconte la rudesse des hommes. La douceur des livres. L’importance des mots. Mais tandis qu’il se laisse bercer par les bruits du wagon, une femme surgit, un stylet à la main. La sauvagerie fera le reste. 2015. Rory est un vieux misanthrope qui a fui Paris la grise pour un coin perdu de campagne où il savoure chaque minute de son isolement. Il s’attaque à l’écriture d’un nouveau roman, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Dés les premières lignes , tu sauras si ce livre va te remuer, à l'extase ou si tu vas vite le reléguer le plus loin possible de ta vue !

La viande des chiens, le sang des loups, c'est une écriture avant tout !
Une putain d'écriture comme t'en as jamais vu, lu auparavant !
Unique !
Des mots qui te malaxent les tripes, des passages qui te chamboulent le coeur !
Qui te transpercent, te bousculent, te bouleversent, t'étouffent...
Toutes les émotions t'explosent à la gueule !

C'est même pas racontable, "résumable" comme histoire... Tellement pas, que je suis obligée d'inventer des mots !
Faut le lire ce bouquin !
Si tu veux t'en prendre plein la tronche !

Il y a des chapitres que j'ai lu, relu, rerelu, encore et encore !
Tellement c'était bon, transcendant, tripant, savoureux, goûteux, percutant...
Des chapitres entiers qui te remuent comme jamais !
Qui t'agressent...
Te font transpirer ta rage de vivre !
Cette histoire, elle t'envenime, elle t'anime, elle te marque au fer rouge.
T'en ressors épuisé... C'est animal, c'est physique...
C'est humain, viscéral !

Tu veux un truc qui arrache ta race ?
Qui te secoue la bidoche ?
Sur un fond de conte et d'histoire de passion, d'Amour avec un grand A.

Avec La viande des chiens, le sang des loups, tu seras rassasié !

Crois moi !

Pas besoin de résumé !
Fonce tête baissée et... savoure !
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La viande des chiens, le sang des loups
Un roman étrange mais attachant, une écriture originale et recherchée. Un polar ? Oui, peut-être. Un roman fantastique, là encore, peut-être. Un livre qui mérite d'être lu, oui, certainement. L'auteur s'aventure pour la première fois dans la veine noir (dixit la 4ème de couverture), et pour son premier a réussi à créer une oeuvre à nulle autre pareille, qui mêle dans un récit imaginaire les angoisses, les doutes et les interrogations de deux êtres qui se cherchent, ne se trouvent pas et continuent à errer dans leur mal-être quotidien, toujours aussi morose en dépit des aventures extraordinaires qu'ils vivent.
Cette opposition constante est le ressort principal du roman et fait tout son intérêt.
Après la guerre 1914-1918, un homme amnésique est hospitalisé, de lui on ne connait que les lettres qu'il a écrites, sans jamais les envoyer, à une certaine Jeannette, où il parle de la maison.
« — Son oeil saigne toujours un peu. Les docteurs disent que c'est par là qu'il a reçu le coup de stylet, ou d'épingle. Dans l'orbite, sous le globe, en remontant par… — Les détails, pas avec moi. — Bien sûr. Excusez-moi. — Bon. Je vais demander les papiers pour le faire interner. Il aura au moins un toit. Ce ne sera pas le premier qui rentrera de la guerre sans jamais revoir sa maison. »
De nos jours, un romancier en panne d'inspiration. Seul à la campagne. Isolé. En rentrant du village, il trouve un braqueur dans sa maison, accompagné d'une jeune fille. le braqueur se suicide avec son arme.
Le soir, après le passage des gendarmes auxquels il a menti, le narrateur est obsédé par la jeune fille :
« Je me suis retourné, et mon sommier a râlé. J'ai repensé à la fille, à la couleur qu'auraient ses cheveux dans la lumière de la lune. Froids. Ils seraient froids. Elle était blonde mais pas blonde comme à la télé. J'ai cherché. Et puis j'ai trouvé ; c'était pas du blond doré, du roux pâle. C'était cendré, presque mat. Je me suis rappelé ses yeux, aussi. Ça me faisait pas de bien d'y penser, alors j'ai hésité, parce qu'il faisait froid et que j'étais en calbute, mais je me suis levé. »
Ecriture très personnelle. Misha Halden traite du rapport entre la réalité des romans et la réalité tout court, la vraie, celle qui vous englue un peu plus chaque jour. En un mot, elle traite de la création littéraire en choisissant pour héros un écrivain en mal de devenir.
Ce qui arrive au narrateur est une sorte de malédiction. La réalité qu'il voudrait décrire dans ses romans, la plupart du temps refusés par les éditeurs : « Pas notre ligne éditoriale », « beaucoup d'intérêt, mais… », « un travail prometteur mais pas encore mûr », « c'est tellement à chier qu'on a chopé un cancer des yeux » ; va faire irruption dans sa réalité grisâtre et solitaire : « Et une des raisons pour lesquelles on peut pas dire que j'ai une vie sociale trépidante. Moi, y a jamais personne sur mon canapé. »
Dans l'adversité, ils se présentent :
« — Moi, c'est Rory »
« Lupa.
— Tu t'appelles Lupa ?
— Ouais. »
Le récit, et c'est là son originalité, emprunte la progression de la pensée de Rory. Façon tempête sous un crâne. Il se confesse lui-même et nous en fait profiter. Il trouve dans sa façon de faire la meilleure idée de récit qu'il n'ait jamais eue. Il devient le héros de son histoire. Son détachement devant les ennuis qui arrivent nous enchante, la distance qu'il prend avec la cruauté de ses bourreaux fait notre admiration. Rory l'écrivain raté est devenu personnage du livre qu'il n'écrira jamais et que, pourtant, nous sommes en train de lire.
Misha Halden fait preuve d'inventivité dans la narration, de recherche dans l'expression et le vocabulaire d'un Rory en quête de lui-même, en quête de l'amour, avec un grand A diraient nos grand-mères, passant son temps à se complaire dans sa mouise et sa misère sexuelle :
« Toutes ces gueules pincées, ces airs d'avoir envie d'être ailleurs, ces grimaces genre votre bite a un goût. »
« La fille sentait le cheval, le poil et la sueur, un truc qui prend à la gorge et à la bite, faut être honnête, une odeur de dessous de bras quand on baise depuis trop longtemps pour encore tout piger ce qu'on fait »
« J'ai préféré pas vocaliser où en était ma bite, pas avec cette voix dans l'oreille, ce souffle dans mon cou, cette obscurité de première nuit de baise. »
« Se faire à son rythme. Penser à quelqu'un d'autre pour que ta bite arrête de bander. »
« La première fois que je l'avais vue, elle dépotait, je lui aurais déposé ma bite sur un billot pour qu'elle marche dessus. »
« On aurait dit une pute qui faisait l'aumône d'une pipe, une bouffarde de pitié à un type paumé. Aucune passion. »
« de relations sordides en coups de queue au fond de chiottes qui sentent la bière. »
« Elle avait le sourire d'un chien battu quand il a échappé à sa rouste. du vice servile, de la trouille et de la fierté, le tout mélangé comme dans un seau à merde. »
Le destin de Rory et Lupa sont liés, malgré eux. A cause d'elle, ils sont maintenant tous les deux en butte à une bande de malades, une secte ou quelque chose d'approchant. Et Rory va déguster !
Avant que le ciel ne lui tombe sur la tête, il se dit :
« J'avais rien contre le fait d'être battu, j'ai l'habitude. Je suis né loser. »
Il compose, tergiverse, fait l'imbécile : « J'ai dit ça avec la voix d'un ado qui tente de repousser les seins lourds qu'une stripteaseuse lui a collés sur le museau. »
Le sexe est le plus sûr moteur de Rory. Il endure les pires souffrances : « Tout ça dans l'espoir de la baiser, putain. Coupure. Net. Encore. »
Duo classique entre Lupa et Rory. Gagner l'amour de Lupa passe par la souffrance et si Rory y survit, peut-être obtiendra-t-il la rédemption et redeviendra-t-il un homme nouveau. A condition que Lupa soit sincère. Mais, Rory croit tellement en elle, qu'il a exclu d'emblée qu'elle puisse mentir…
Poursuivons. Rory est aux mains de ses bourreaux.
Au-delà des souffrances qu'il endure, sa solitude est ce qui le pèse le plus. Solitude dont il comprendra au cours du récit qu'elle n'est rien comparé à celle du vieux » qu'il rencontre
« J'ai rien dit. Il était perdu dans sa sagesse et ses souvenirs, très haut, quelque part où ces mots avaient un sens verni, patiné par le temps passé depuis qu'il les avait compris. Moi, moi je repensais à ces ventres dans lesquels j'étais entré, dans lesquels j'avais bougé, sans rien laisser de plus qu'une faim inassouvie et un désir froissé. J'ai pas demandé où était sa femme, parce qu'elle était morte. Elle était morte, et lui et elle s'étaient aimés comme jamais j'avais su aimer personne. »
« Les femmes l'avaient jamais fait. Et mes enfants étaient des taches sur mes draps. Sous la couette, mes couilles se sont changées en pierre ponce. Grises et connes. »
Deux chemins de vie, Lupa a cherché chez d'autres à trouver ce qu'elle était incapable de trouver en elle, Rory cherche en lui ce qu'il n'arrive pas à trouver chez les autres.
« J'avais pas voulu l'écouter, surtout, mon enfant-fée, j'avais pas voulu entendre que je me cherchais moi, moi seul, dans le regard de l'autre, parce que j'étais pas complet, parce que j'avais peur de cette moitié de tête vide et hantée par le vent froid qui y soufflait. J'avais fui l'écho de ses paroles. J'avais refusé son dernier cadeau ; apprendre que nous sommes tous des enfants-fées, que nous sommes tous seuls, et que nous avons presque tous peur. »
En continuant à lire, Misha Halden, une phrase me vient : C'est beau ! On a envie de lire et relire ces phrases, de se les faire à jamais entrer dans la tête.
Désespéré, Rory décide d'oublier Lupa, mais : « Je l'espérais comme une petite pucelle espère sa première cartouche, les mains aussi moites que la culotte. Et quand Lupa a entrouvert la porte, mon ventre et ce qui se trouve en dessous m'ont surtout fait comprendre que j'en étais pas guéri du tout. »
Son désir de Lupa ne le fait pas changer, il est instable, multiplie les gaffes jusqu'à blesser Lupa, ce dont il ne voulait à aucun prix.
Et alors, me direz-vous, et notre blessé de la grande guerre, qu'en est-il advenu ?
Petits curieux…vous n'avez qu'à lire ce roman. Vous ne le regretterez pas.
Finalement, La viande des chiens, le sang des loups est une histoire d'amour. L'éternelle histoire de l'amoureux qui attend sa bien-aimée. Qui l'attend en dépit de tout ce qui peut lui arriver pour le punir de rechercher l'amour, le vrai, dans une société où « … sous la viande des chiens bat encore le sang des loups. »
« Parce que, si elle vient, je ferai quoi ? Je ferai quoi, puisque j'ai toujours cru que baiser voulait tout dire, que les seules relations étaient du drame et de la souffrance ? Moi qui ai toujours cru qu'on doit mépriser les gens qu'on aime. Je ferai quoi, si elle vient ? Je ferai quoi. Et pire, si elle revient pas ? Je ferai quoi si elle revient pas ? »






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Il y a les romans que tu va lire tranquillement allongé sans penser à rien, et il y ceux qui vont te bouger. Il y a les livres que tu bouquines les pieds plongés dans l'eau tiède et ceux qui te fouillent à l'intérieur au point de te tordre les tripes. La viande des chiens, le sang des loups fait clairement partie de la deuxième catégorie : sang chaud.

Attends-toi à ressortir de cette lecture avec quelques bleus, à l'âme et au corps. Parce que Misha Halden ne fait pas dans la demi-mesure et ses mots sont autant d'explosions de couleurs que des meurtrissures.

Après une introduction trompeuse, l'écrivain te prend à la gorge pour ne plus te lâcher durant 210 pages. Misha Halden serre et desserre son étreinte page après page, juste de quoi laisser passer un mince filet d'air, avant de t'étouffer plus encore. C'est physique comme lecture. A force de te prendre une droite et une gauche au détour des chapitres, tu te dis que ça va laisser des traces.

Oui, ce roman noir marque. Par ses personnages, par son histoire et surtout par l'écriture très personnelle de l'auteur. Si tu cherches un truc mièvre pour tuer le temps autant passer ton chemin. Si tu veux lire du noir qui remue ton humanité, ce livre est peut-être bien fait pour toi.

Parce que tout y est exacerbé, la violence comme les émotions positives (et elles sont légion). Ne me fais pas dire que tout est trop exagéré pour autant, c'est au contraire le genre de roman sans concession qui repousse les limites sans que ce soit artificiel. Ça sent la chair, le sang et la sueur. C'est animal et humain à la fois. Ça mord et ça caresse, ça t'aboie à la gueule.

Tu verras que le personnage principal te parle en direct, comme je le fais ici. Tu imagines bien qu'avec tout ce que je t'ai dit, la force de ses mots n'en est que plus puissante. Parlons en, tiens, des personnages. Tout tourne autour d'un homme et d'une femme, si différents mais qui ont comme point commun de ne pas trouver leur place dans la société, ou de refuser celle qu'on tente de leur imposer.

Comme dans tout bon roman noir, il y a des idées et des messages qui passent. Sur le droit à la différence, sur l'état de notre société malade… Et tu peux me croire, quand Misha Halden te parle, elle envoie du lourd. Certaines envolées sont de vraies diatribes contre notre société de consommation (ou de con tout court).

Sincèrement, je ne crois pas avoir souvent goûté à une plume pareille. Une écriture écorchée, qui te découpe en rondelle. Une écriture magnifique surtout, si unique et si personnelle qu'elle m'a fait ouvrir de grand yeux ébahis. de grands yeux admiratifs, avec la mâchoire qui tombe, tu sais comme dans Tex Avery. Sauf qu'on n'est pas là pour rigoler…

Tu n'imagines pas le nombre de passages que j'ai eu envie de relire en me disant que La viande des chiens, le sang des loups n'est vraiment pas un roman comme les autres. Tu verras que tu as parfois l'impression de lire un conte moderne, ce qui n'est pas si étonnant quand on sait que l'auteur qui se cache derrière ce pseudo écrivait des romans de l'Imaginaire jusqu'à présent. L'imaginaire au service du réalisme, c'est maintenant.

Ce livre ne plaira sans doute pas à tout le monde. Tu vas adorer (comme moi) ou peut être détester, mais je doute que cette écriture te laisse indifférent. On y appelle un chien, un chien, et tant pis si c'est dit avec brutalité parfois.

Allez, je vais aller panser (penser ?) mes plaies et je retourne au combat aux cotés de Misha Halden quand elle veut.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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La viande des chiens le sang des loups de Misha Halden ( Justine Niogret )
Fleuve Noir

Dans ma pal j'en ai des masses des bouquins, mais tu es comme moi , t'arrêtes pas d'en acheter , c'est une drogue , c'est viscéral comme ce livre ....
Conseillé par Benoît Minville ( le libraire , l'auteur), après discussion avec l'auteure et la lecture de la chronique de Yvan Fauth​... j'ai donc pris en main le livre !!!
Moi quand je lis je cherche le grand frisson , pas le coup de froid , mais celui de la passion , celui des mots.
La couverture et le titre , très parlant , tu sens que ça va être un truc bestial , animal, sanglants , et tu t'es pas trompé.
Le livre tu l'ouvres et tu sais pas vraiment à quoi t'attendre , 4 ème de couverture très mystérieux, l'auteur écrit habituellement de la fantaisie, de l'imaginaire, c'est donc ses premiers pas dans le noir ...
Les premières pages , un homme, un soldat , tu suis sa correspondance avec sa fille, il lui parle de la dureté de l'homme , de la guerre , celle que nous n'avons pas connu, celle dans les tranchés, il lui dit qu'il a peur de ne jamais plus la voire..... et puis...
Et puis d'un coup tu prends le style de Justine en pleine gueule, un style que t'as jamais lu, vu , un style tranchant , un style enragé.
Justine elle sonde ton âme , en tout cas le mien , elle fouille tes entrailles, elle les retourne et les re-retourne ...
Images toi sur un ring avec un loup, il te coince dans les cordes, t'enchaîne des gauches droites dans le bide, imagine ce loup te poursuivre dans une forêt, tu cours , tu cours, seul échappatoire te jeter dans le vide , plonger dans cette eau gelée, ton corps au contact de cette eau, un frisson qui part du sommet de ton crâne jusqu'au bout de tes orteils, souffle coupé, muscles tétanisés ...
Putain j'ai eu plus d'une fois le souffle coupé, des fois j'étais en apnée et je m'en rendais même pas compte , la boule dans le ventre , j'ai lu et relu certains paragraphes, certains chapitres.
Émotionnellement j'ai été secoué dans tout les sens , secoué comme si un chien tenait mon avant bras dans sa mâchoire , lassèrent les chaires et secouant sa tête pour m'arracher mon putain d'avant bras .
Dans ce livre l'histoire elle passe pas au 1er plan, d'ailleurs je vais pas beaucoup t'en parler , j'ai pas de blog je suis pas là pour te vendre le livre même si je sais que je fais le job comme il faut , on est là pour partager nos ressentis , j'essaie de t'expliquer pourquoi je l'ai aimé et avec un peu de chance tu vas aller l'acheter ce livre , car il mérite une lecture !!
Quand tu vas le lire , tu vas te dire c'est un peu mystique, un conte moderne , c'est bien ça !!
Dedans y a Rory, c'est Rory qui m'a touché, qui m'a fait fermer le livre à chaque chapitre pour respirer , réfléchir , digérer les mots , d'une puissance sans équivalence, jamais j'ai lu ça... Rory c'est un chien errant, un loser de base, il a quitté la grisaille parisienne , enfin il a fuis, mais la grisaille elle est aussi dans sa tête... Rory il comprend pas tout à ce qui lui arrive, moi non plus j'ai pas tout compris , mais ce mec c'est moi , c'est toi , face à nos peurs, il est seul avec sa solitude, moi en lisant toutes mes peurs me sont revenues devant la gueule, toutes , celle de la mort, celle du vide ( oui j'ai le vertige) , celle de ne pas se sentir aimé, celle d'être seul , celle de ne pas devenir ce que j'ai toujours voulu être , ..... Rory c'est un lâche comme nous tous ...
Et puis y a Lupa, c'est le loup , c'est la rage , la colère, elle est traqué, on se reconnaîtra tous en elle aussi !!!
Si je devais avoir un bémol sur ce livre c'est que c'est un peu trop fantaisiste pour moi mais le style est tellement fabuleux que j'ai fait abstraction de ce détail !!!
Tu en ressors essoré, vidé, épuisé, d'une brutalité sans concessions ....
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"Quand les Lupa sont petites, on les élève avec plein de petits mômes, ou de jeunes adolescents. Une sorte de cours privé, on va dire. A part la Lupa, il y a que des garçons. Les Lupa sont les raclures de la cour de récréation. On les pousse à se battre, à cogner, à casser des choses. Et puis on brise ce qu'elles aiment, on le leur prend, on le donne à d'autres, aux petits garçons, souvent. Alors elles finissent par détruire ce qu'elles pourraient apprécier, pour éviter qu'on le leur vole. Elles fracassent ce qu'elles aiment avant qu'on comprenne qu'elles aiment quelque chose."

La viande des chiens le sang des loups est un livre qui ne peut laisser indifférent le lecteur!
Je dirais même que c'est un ouvrage très clivant: on aime ou on n'aime pas. On accroche ou on n'accroche pas. On le lit ou on l'abandonne rapidement.

Car le titre, l'écriture, les personnages... il est impossible selon moi de rester imperméable pour reprendre un terme qui sied à la période automnale.

Ni réellement thriller, ni réellement polar, ni totalement fantastique, ce court opus de 25 chapitres et un épilogue s'apparente plutôt à un conte noir atypique. Il nous permet de suivre les aventures de Rory (le narrateur principal), un homme sarcastique qui vit seul dans sa maison. Il sort d'une rupture. Il va faire la rencontre de Lupa (l'autre personnage principal), l'Archer, et un certain nombre de personnages.

"J'ai fermé ma gueule, et je me suis rendu compte que c'est de toute façon ce que j'avais fait toute ma vie. j'aurais voulu dire ça souvent, mais je l'avais toujours bouclée. J'étais une couille molle. J'avais pas de dents de loup, moi. J'avais peur des morsures, moi."

Il est difficile, voire impossible de résumer l'intrigue car imaginaire, fantastique se mélangent avec meurtres et réalisme. Il est par contre plus facile de gloser sur l'écriture et le style, qui sont selon moi ce qui ressort de ce livre.

En effet, l'écriture est vraiment spéciale. Essentiellement orale avec grossièretés, langage cru, violence, elle est caractéristique des personnages principaux. Elle se marie vraiment bien avec les caractères de ces derniers. En cela, c'est une superbe réussite de l'auteur qui maîtrise totalement son oeuvre, du beau travail!

"Les hurlements de petit con qui fantasme un potager alors qu'il a jamais eu de merde sous les ongles. Les mots s'échappaient et j'aimais pas perdre ce contrôle, et j'avais pas envie de savoir pourquoi je m'étais barré de chez les humains, pourquoi je me sentais bien que dans ma maison sans personne"

Le style est brusque, poignant, piquant, souvent haché, ah tout le moins très direct. Un chien est un chien, pas de tergiversations ou autres blabla. La encore, c'est totalement dominé et cela se confond totalement avec l'atmosphère du livre. Dérangeant à souhait, bouleversant et malmenant, il contribue au mal-être résiduel du lecteur.

En ce qui me concerne, je l'ai lu mais... je ne suis pas un grand fan de ce genre d'ouvrage. Je reconnais sans problème les qualités de l'écriture et du style. Ils conviennent merveilleusement bien à Rory. Néanmoins ils ne m'ont pas permis de rentrer dans cette histoire compliquée. Je suis resté au bord du chemin, à l'extérieur de ce côté surréaliste de l'histoire.

J'ai laissé sa chance au livre. Je lui reconnais de nombreux atouts, mais cela n'a pas suffi à renverser mes convictions et à me convaincre.

"Pourtant, avoir le coeur qui continue à battre dans un cimetière, c'est la définition de la folie. La folie et son sourire si crispé qu'il fait péter l'émail des dents. J'avais vu tout ça chez cette gonzesse et j'aurais aimé être comme elle. Mais on peut s'écorcher autant qu'on veut, on change pas la viande dont on est fait. J'étais un chien, un gentil con, je faisais pousser des potirons, je sauvais des chats perdus, et voila tout."

En résumé, c'est un conte noir original et dépaysant que j'ai parcouru sans passion particulière mais avec un certain malaise tout au long des différents chapitres. Certains adoreront, d'autres détesteront.

Bonne lecture :)

3/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
— Et vous étiez seul chez vous. À part l’individu et vous-même, personne n’était présent ?
Et là… J’avais dit que j’étais seul, oui, mais j’aurais encore pu changer d’avis. Raconter que j’avais vu une femme passer devant la fenêtre. Entendre une voix. N’importe quoi. Mais l’inclure dans l’histoire. Berrouka m’a regardé, droit dans les yeux. Je ne sais pas si un soupçon lui grattait la tronche ou bien si c’était un geste habituel quand il interrogeait les gens qui avaient un cadavre sur leur tapis. — Bien sûr que j’étais seul. Rien de plus que ce que je vous ai déjà dit. Berrouka a plissé les paupières, rien qu’un peu. Alors j’ai ajouté : — J’ai pas une gueule à ramener des dames chez moi, non ? J’ai souri. Le sourire du pauvre type qui sait qu’il est une merde. Je l’ai fait parce que j’avais trouvé une fibre, quelque part dans mon bide ou ma tronche, qui demandait qu’à mentir. Toute neuve. Toute prête à servir. Berrouka a hésité, juste un peu, et puis a fermé son calepin. Les autres aussi avaient fini. Mon tapis était dégueulasse. Je sais pas pourquoi, j’avais imaginé que quand les gendarmes passaient, ils emportaient tout avec eux ; corps, sang et emmerdes. — Il est possible que nous repassions dans les jours qui viennent. OK, Berrouka. Repasse. Repasse donc quand tu voudras, je rate le café comme personne.
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J'en ai écrit, des putains de romans, mais j'ai jamais su les commencer.
Ni les continuer, d'ailleurs, si on en croit l'avis des éditeurs. "Pas notre ligne éditoriale", " beaucoup d'intérêt, mais..." , " un travail prometteur mais pas encore mûr ", " c'est tellement à chier qu'on a chopé un cancer des yeux". Pas encore mûr. J'ai quarante balais passés, connard, je suis mûr jusqu'au trognon.
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Il m’en a pas collé une. J’ai vu les muscles de son poignet remonter d’un coup sous sa peau, un bel influx nerveux qui allait pas tarder à partir en couille.
— Par contre, j’aimerais bien savoir ce qui se passe. Si vous me laissez pas partir je vais aller voir les flics.
J’ai dit ça avec la voix d’un ado qui tente de repousser les seins lourds qu’une stripteaseuse lui a collés sur le museau. L’otarie a regardé dans le vide. Il a fini par poser sa main sur sa bouche, par masser son menton.
— Je suis chargé de sa sécurité. Contrat et tout
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L’aider. Je m’étais pas rendu compte de ce mot, d’à quel point il brûlait dans mon bide. J’avais voulu Lupa parce qu’elle était un miroir, un miroir sur lequel se reflétaient Noémie et moi, un objet avec lequel revivre des saloperies névrosées et hurlantes. Alors j’avais plus voulu Lupa parce que je voulais Noémie, parce que je voulais remonter le temps et me ranger dans l’utérus gras des souvenirs morts. J’y étais allé. J’en étais revenu. Et maintenant me restait une trahison, celle d’avoir abandonné cette nana à ce qu’elle avait voulu fuir, à ce qu’elle avait fui pour me demander de l’aide. J’avais été foutu que de regarder son boule, de prendre son baiser dur comme j’aurais voulu prendre son cul. Et quand j’avais rien eu de sa part, rien de ce que j’attendais de cette petite chose, je l’avais laissée par terre, la bouche emplie de feuilles et de haine.
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— C’est tout ?
— Oui.
— Rien d’autre ?
— Non. Pas de papiers sur lui. Les lettres ne sont adressées à personne. Elles n’ont même pas d’enveloppe.
— Rien que « Jeannette » et « la maison ». Quelque chose avec le train ? Son billet, qu’on sache au moins d’où il est parti, où il allait ?
— Pas de billet non plus. Il portait ses vêtements civils. Aucun moyen de connaître son matricule.
— Il ne dit toujours rien ?
— Les docteurs essayent depuis hier de le faire parler, mais je doute qu’ils y arrivent. Il bave sur son menton, il ne réagit même pas aux voix. À peine à la soupe ; il s’est mis à baver un peu plus. C’est tout.
— Bon.
— Comme vous dites.
— On ne va pas lancer une enquête pour retrouver la petite bâtarde d’un paysan. Il faudrait retourner toute la France à coups de fourche, et il en sortirait des milliers.
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